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276 LES RELA TIONS DES /^SUITES [Vol. 44
CHAPITRE VII.
DE LA DIUERSITE DES ACTIONS & DES FAgONS DE
FAIRE DES FRANgOIS, OU DES EUROPEANS,
& DES SAUUAGES.
IE
ne fgay fi ie me trompe, mais ie dirois volon-
tiers, que Torgane
de nos fens reffemble en
quelqne chofe, k la matiere premiere ; qui n'aiant
de foy ny beaute, ny difformite, compofe neantmoins
les plus belles chofes, & les plus laides, felon les
formes que les Agens leur donnent. Le temperament
de nos fens, de quelque cofl6 qu'il vienne, foit de
noflre naiHance, ou de nos habitudes, leur donne de
la pente, ou de Tauerfion; de I'amour, ou de la haine,
pour les obiets qui leur font propofez. De cette
fource, ^ mon aduis, prouient la grande diuerfit6
[104] qu'il y a entre les fens des Sauuages, & des
Frangois, ou des Europeans : car vous diriez en plufieurs
chofes, que ce qui eft du fucre aux vns, eft de
I'abfynte aux autres. Commengons par I'odorat.
II fe trouue en ces quartiers de I'Amerique, des
animaux, aufquels les Frangois ont donne le nom de
Rats mufquez, pource qu'en effet ils reffemblent aux
rats de France, fmon qu'ils font bien plus gros, &
qu'ils fentent le mufc au Printemps. Les Frangois
cette odeur les Sauuages la rebu-
aiment beaucoup ;
tent, comme vne puanteur. lis foignent & fe grelTent
la tefle, & la face, auec des huiles, & auec de la
greffe, qui nous put comme la charogne: c 'eft leur
mufc, leur orengeade, & leur binioin. La rofe, Toeil-