Libr@rsi

162 LES RELATIONS DES /^SUITES [Vol.44
d'vn coft6 nous auoit miraculeufement deliurez d'vn
fl euident peril, & d'autre part auoit tir6 de peine
tous les Frangois de Montreal, des trois Riuieres, &
de Quebec, qui fe fentoient quafi obligez de fupporter
des Iroquois des chofes infupportables, & ne pas
reprimer les exces de leurs infolences, de peur que
le contre-coup n'en retombaft fur nous, qui eftions
en proye & ^ la difcretion de I'ennemy commun.
Et certainement il efloit bien temps d'arriuer ; car
nous apprifmes a Montreal, que deux-cent Agnieronnons
venus en guerre, efloient proche de 1^: &
mefme par les chemins nous en anions apperceu les
piftes, & veu des feux de quelques bandes detachees,
qui nous eulTent fait vn manuals party,
n'euffions hafte noftre marche.
fi nous
Quelques-autres troupes ennemies parurent aulTi
aux trois Riuieres, & y firent prifonniers trois ieunes
hommes qui ne faifoient que d'en fortir pour [14] aller
au trauail, fans que Ton peuft leur donner aucun
fecours, quoy que les Iroquois les entraifnaffent k la
veue de tous ceux du bourg.
A Quebec. Le mefme ennemy s'eft fait voir dans
les campagnes voifmes : il a tue du monde quafl dans
nos portes, il s'eft iette fur de pauures femmes Algonquines,
qui y furent furprifes en plein midy; les
vnes tuees fur la place, & les autres emmenees captiues,
que toutesfois Ton recouura; nos Fran9ois, les
Hurons, &les Algonquinsayantpourfuiuy I'ennemy,
& luy ayant couppe chemin: mais les meurtriers
s'echapperent, difparoiffant au moment qu'ils paroiffent
lors qu'ils fe fentent les plus foibles. Ce font
des renards en leurs approches, ils attaquent en
lions, & difparoiffent en oifeaux faifans leur retraite.