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66 LES RELA TIONS DES /^SUITES [Vol. 44
qu'k peine en refte-t'il affez pour confenter les noms
de qtiantit6 de nations tres nombreufes, & tres confi-
derables. Nonobftant tout cela, nous croyons eflre
tenement conuaincus de la volont6 de Dieu, qui a
fait autre-fois fes plus illuftres Apoftres, de fes plus
grands perfecuteurs, que nous ne doutons point qu'il
n'ouure ^ prefent la porte ^ fes Predicateurs, pour
aller planter la foy iufques das le fein de fes enne-
mis, triompber de leur barbarie, & changer ces Loups,
& ces Tygres, en Agneaux, pour prendre leur place
dans le bercail de Iesvs-Christ.
Ce n'eft pas fans fondement que nous congeuons
de fi belles efperances, les traits de la prouidence
fi bien
Diuine, & les refforts de fa conduite, qui a fgeu
conduire les affaires iufqu'au point o\x elles font,
nous font auoiier qu'on ne peut fans vne extreme
lacbet6, manquer aux attentes que Dieu nous fait
naiftre du cofl6 que nous penfions le moins. Si nous
n' anions pas remarqu6 le doit diuin, dans le com-
mencement, [193] & dans la fuite de cette entre-
prife, noftre zele nous feroit fufpec5t, & nous pourrions
craindre d'agir auec plus de ferueur que de prudence,
puis que toutes les apparences
humaines femblent
combattre noftre refolution. Mais Dieu opere fi
manifeftement dans toute cette affaire, qu'on ne peut
douter qu'elle ne foit vn ouurage de fa main, dont
r execution & la gloire luy appartient vniquement.
Car quelle puiffance autre que la fienne auroit oblig6
ces peuples enflez de leurs vidtoires, non feulement
de nous venir recbercher d'vne paix dont ils fem-
bloient n'auoir aucun befoin, mais auffi de fe mettre
fans armes entre nos mains, & de fe letter k nos
genoux pour nous coniurer de les agreer pour nos