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22 LES RELA TIONS DES /^SUITES [Vol. 44
dauantage, moy-mefme, dit-il, ie me donne auec ces
prefens pour garand des veritez que ie vous prefche,
& fi ma vie que ie vous confacre, ne vous femble pas
affez conliderable, ie vous offre celle de tant de Fran-
cois qui m'ont fuiui iufqu'^ Gannentaa, pour eflre
les t^moins de la Foy que ie vous prefche. Ne vous
fierez-vous pas ^ ces prefens viuans, & h. ces braues
courages? Et feri^s-vous bien affez iimples pour
croire qu'vne fi lefle trouppe euft quitte fon pays
natal Ie plus beau & Ie plus agreable du monde, &
fouffert tant de fatigues, [i68] pour porter fi loin vn
menfonge? L'euenement fit voir que ces Barbares
furent touchez par Ie difcours du Pere: Car apres
auoir bien delibere, ils firent ref ponce qu'ils croioient
volontiers, & embraffoient la Foy qu'on auoit la bonte
de leur ; prefenter & prierent auec inftance Ie Pere
de s'habituer chez eux, pour les mieux inflruire de
nos myfteres. II y en eut vn touch6 plus viuement
que les autres, qui ne voulut pas laiffer partir Ie Pere,
qu'il ne s'en fuft fait inflruire & baptifer, & qu'il
n'euft procur6 Ie mefme bon heur k fa femme. Dieu
benit les trauaux de ce Pere des mefmes fuccez dans
les autres Bourgs.
AnnonKenritaoui, qui eft Ie Chef de ces peuples, a
voulu les furpaffer tous en ferueur, & a efl6 vn des
premiers Chrefliens. Vn chancre qui luy mangeoit
la cuiffe Tayant alitt6, Ie Pere, quoy qu'indifpof6, Ie
fut voir, & Ie conuertit h la Foy, dont il fera fans
doute vn grand appuy dans fon pays, puis que Dieu
femble ne I'auoir gueri que pour ce deffein d'vn mal,
que
tout Ie monde croioit incurable.
[169] Entre plufieurs Hurons qui ont la conferu6
leur Foy dans la captiuit6, ce Pere y fit rencontre