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158 LES RELATIONS DES /^SUITES [Vol. 44
part, 40. Onneiotchronnons d'vne autre, & quel-
ques troupes d'Onnontagti6 auoient defia pris le
deuant, pendant que le gros de I'armee s'amafTeroit.
Nous ne ponuions pas efperer, humainement parlant,
pounoir tirer de ces dangers qui nous enuironnoient
[10] de toutes parts, vne cinquantaine de Frangois
qui nous auoient confi6 leurs vies, & dont nous nous
fentions refponfables deuant Dieu & deuant les
hommes. Ce qui nous mettoit plus en peine, n'efloit
pas tant les feux dans lefquels vne partie de nos
Frangois deuoient eftre iettez, comme la captiuite
malheureufe k laquelle plufieurs d'entre-eux eftoient
deflinez par les Iroquois, & oil le falut de leurs ames
effcoit bien plus k plaindre, que la perte de leurs
corps. C'efl ce que la plufpart apprehendoient plus
viuement, qui fe voyant delia comme captifs, fouhai-
toient les coups de haclie, ou mefme les feux, plufholl
que cette captiuite. lis eftoient mefme refolus, pour
n'en venir a ce malheur extreme, de tenter tout, &
de s'enfuir cliacun de fon cofl:6 dans les bois, ou bien
pour y perir de faim & de miferes, ou tafcher de fe
rendre h. quelqu'vne des habitations Frangoifes.
Dans ces deffeins fi precipitez nos Peres & moy,
& vn gentilhomme nomm6 Monfieur du Puys, qui
commandoit tous nos Frangois, auec vne [11] garnifon
de dix Soldats, (dont neuf eftoient defia d'euxmefmes
refolus de nous abandonner) nous iugeafmes
qu'il valoit mieux fe retirer de compagnie, ou pour
s'entr'animer les vns les autres k la mort, ou mefme
pour la vendre plus cher.
Pour cela il falloit partir fans qu'on en euft aucun
vent: car le moindre foupgon qu' euffent eu les Iro-
quois de noftre retraite, euft hafte fur nous le mal-