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180 LES RELA TIONS DES j£SUITES [Vol. 44
dans tout le refte du chemin, y marchant dans des
perils qui nous faifoient horreur apres les auoir euitez,
& n'aiant point la nuit d' autre gifte que fur la neige,
apres auoir palle les
& parmy
iourn6es entieres dans les eaux
les glaces.
Dix iour apres noftre depart, nous trouuafmes le
Lac Ontario, fur lequel nous voguions, encore gel6 en
fon emboucheure : il fallut prendre la liaclie en main
pour fendre la glace, & fe faire pailage : mais ce fut
pour entrer deux iours apr6s dans vne cheute d'eau,
ou toute noflre petite flotte fe vit quafi abifm6e. Car
nous eflant engagez dans vn grand fault, fans le [27]
connoiftre, nous nous trouuafmes au milieu de fes
brifans, qui par le rencontre de quantite de gros
rochers, eleuoient des montagnes d'eau, & nous
iettoient dans autant de precipices, que nous donnions
de coups d'auirons. Nos batteaux qui ^ peine
auoient demy-pied de bord, fe trouuerent bien-tofl
chargez d'eau, 8c tous nos gens dans vne telle confufion,
que leur cris meflez auec le bruit du torrent
nous faifoient voir I'image d'vn trifle naufrage. II
falloit pourtant poulTer outre, la violence du courant
nous emportant malgre nous dans de grandes cheutes,
& par des chemins oil iamais on n'auoit palTe. La
crainte redoubla k la veue d'vn de nos canots
englouty dans vn brifant, qui barroit tout le rapide,
& qui eftoit neantmoins la route que tous les autres
deuoient tenir. Trois Frangois y furent noiez, vn
quatrieme aiant echappe heureufement,
attache au canot, & aiant efl6 fecouru au bas du fault,
s' eflant tenu
lors qu'il efloit fur le point de lafcber prife, les
forces luy manquant quafi auec la vie. [28] Ceux
qui furent noiez auoient communis ce iour-1^, &