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266 LES RELA TIONS DES J^SUITES [Vol. 44
bonheur luy arriua le iour de rAnnonciation de la
tres-fainte Vierge, [95] de I'ann^e 1657. qu'elle com-
men^a k faire les fondtions de la Religion, auec
autant d'exadlitude, qu'vne ancienne profeffe. Elle
donnoit de 1' admiration par fon humilite, par fa
fmcerite, par fa douceur, & par fa denotion, qu'elle
portoit fur tout k la tres-immaculee Mere de Dieu,
qu'elle aimoit auec vne tendreffe nompareille. Elle
continuoit, & alloit croiffant dans cette vertu, & nous
donnoit de grandes efperances pour le futur. Mais
noftre Seigneur qui a bien d'autres veues que les
hommes, qui
eft maiftre abfolu de toutes les crea-
tures, en a difpofe tout autrement: car au milieu, ou
il I'a
pluftoft au commencement de cette belle courfe,
rauie ^ la terre, pour la donner au Ciel, luy enuoiant
vne maladie affez commune aux Sauuages, qui eft
vne efpece de langueur, iointe k vne fieure lente, qui
la confommoit de telle forte, qu'elle diminuoit k veue
d'oeil, auec vne fluxion accompagn6e d'vne groffe
toux, qui luy gaftoit toute la poitrine, en forte que
fon poulmon fe deffecha peu k peu.
[96] Nonobfhant toutes ces infirmitez, qui en
auroient abattu beaucoup d'autres, oti elle monflra
bien que la vertu eft auffi forte, pour I'animer ^ la
patience, qu'elle auoit paru paifible & tranquille dans
fa plus parfaite fante: car elle ne laiffoit pas de
trauailler autant, & plus que fes forces ne luy permettoient,
fe trouuant k toutes les obferuances du
Choeur, & de la Communaut6: & fi apr6s cela elle
auoit quelque temps de refte, elle I'emploioit ^ aller
rendre des vifites au S. Sacrement, ou bien k apprendre
a chanter, a quoy elle reiiffiffoit bien, aiant vne
fort belle voix. Elle s'exergoit fur tout k dire des