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268 LES RELATIONS DES /^SUITES [Vol. 44
Legons ;
de Tenebres
ce qu'elle faifoit auec vne deuo-
tion, & vne attention rauiflante, qui nous feruoit h.
toutes d'exemple. Le dernier Carefme, quoy qu'elle
fuft des lors aflez mal, elle ne laiffa pas d'en ctianter
vne, chacun des trois iours de la Semaine-fainte :
&
le mal augmentant petit a petit, il luy fallut ceder, &
fe ranger a I'lnfirmerie, enuiron la fefte de rAflomp-
Ce fut [97] Ik qu'elle fit voir
tion de la Sainte Vierge.
tant de douceur, de foumiffion, & de vertu, que cela
n'efl pas croiable, ne donnant iamais aucun relafche
a fa deuotion. La Mere, qui auoit foin d'elle, comme
Infirmiere, & qui efloit nouuellement arriu^e de
France, me difoit fouuent, qu'a moins que
ie Taffeu-
raffe, qu'elle fuft Sauuage de Nation, elle ne le
croiroit pas, veu qu'elle n'en voioit aucune marque en
cette chere fille. Ie voy, difoit cette Mere, qu'elle
fait tout ce que i'ay veu faire aux plus parfaites Reli-
gieufes de France, dans leurs maladies. En effet,
des le commencement de fon mal, elle demanda vn
Crucifix, qu'elle ne quitta iamais, & qui eftoit fon
plus ordinaire entretien; elle le carrelfoit fans ceffe.
Elle n'obmit iamais fes petites prieres, fur tout fon
Chapellet, quoy que fon oppreffion fuft violente : &
quand on luy difoit, que cela la faifoit fouffrir dauantage,
incontinent fa foumiffion luy mettoit en bouche
ces paroles: Ma Mere, ie feray tout ce qu'il vous
plaira ;
tiffement.
mais cela feul eft ma confolation & mon diuer-
[98] Le naturel Sauuage porte a la liberty, & k
vouloir abfolument ce qui luy plaift, ou fui'r ce qui
luy deplaift. Elle auoit parfaitement dompte ces
inclinations ; en forte que fi quelquef ois elle s'eftoit
lailfee emporter a quelque legere impatience, on la