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166 LES RELATIONS DES /^SUITES [Vol.44
nous fauuerent la vie fans y penfer, pource que leurs
compatriotes vouloient attendre leur retour, auant
que d'exercer en nofhre endroit ce dernier adle d'hofti-
lit6. Cette mefme Prouidence qui veilloit amou-
reufement fur nous, ne permit pas que ces cinquante
Onnontagueronnons retournaffent en leur pais, auant
que la nouuelle y fuft arriu6e, des Iroquois que Ton
arrefta & qu'on mit au fers ^ Montreal, aux trois
Riuieres, & k Quebec, I'ann^e pafT^e 1657. Ce qui
Dieu
fufpendit tons leurs mauuais delleins fur nous ;
cependant nous les ayant fait connoiflre, & nous ayant
donne le courage, les forces & les moyens pour [17]
nous retirer heureufement de la captiuite ou nous
eftions, au milieu de ce peuple barbare & ennemy.
Ce n'eft pas d'auiourd'huy que les delleins de
Dieu font adorables fur fes 61eus, & qu'il trouue fa
gloire par des voies toutes oppof^es aux noftres, dont
les relforts ne paroiftront que dans Teternite. Car
outre les vic5times de nos Peres, qui
eftoient toutes
preftes d'eftre immolees, & k qui Dieu n'a pas voulu
mettre le feu, quoy que 1' Iroquois en euft defia prepare
le bufcber; les fentimens des Chreftiennes
Huronnes furent vraiement Chreftiens k la mort de
leurs maris & de leurs peres, dont le fang reiaillilloit
fur elles, auffi-bien que fur nous.
Grand Dieu, s'ecrioit Tvue, melez mon fang auec
celuy de mon mary :
qu'on
m'arrache auiourd'huy la
vie; iamais Ton ne me pourra arracher la foy que
i'ay au coeur.
Mon Dieu, difoit vne autre, ie croy fermement que
vous eftes le Tout-puillant, quoy que ie voie vos fer-
uiteurs maffacrez par vos ennemis: [18] vous n'auez
pas promis que noflre foy nous exempteroit
de la