The evolution of professionalism - Centre for Policy Studies in ...

en tension avec les préoccupations d’égalité des chances et de réussite éducative pour
tous exprimées par la commission des États Généraux. Ainsi, dans le Plan stratégique
2000-2003 du ministère de l’Éducation, l’une des orientations majeures concerne la
reddition de comptes, promue par le ministre Legault du gouvernement péquiste, si
l’on veut aboutir à la réussite scolaire du plus grand nombre.
À la rentrée 2000, ce ministre rend prioritaire l’obligation de résultats axée
sur des cibles quantitatives. En septembre 2001, suivant le modèle dit participatif
et consensuel, un Comité directeur Ministère/Commissions scolaires est créé pour
encadrer la réalisation des plans de réussite. Ces derniers veulent habiliter l’équipeécole
à faire une analyse réfl exive sur les résultats scolaires et sur les moyens
pris ou à prendre pour favoriser la réussite maximale de chaque élève. Dans son
rapport 2001-2002, la Vérifi catrice générale du Québec souligne les diffi cultés
d’implantation de ces plans de réussite.
Une nouvelle régulation de l’éducation
Cette nouvelle “gouvernance” ou mode de régulation est « hybride » (Lessard
2003), comportant à la fois une logique horizontale de mobilisation des acteurs de
l’établissement, de partenariats communautaires locaux et de compétition locale
ou régionale pour les clientèles, et une logique verticale ou étatique de pilotage
et de contrôle de la qualité par l’instauration d’un nouveau curriculum national et
d’une obligation de résultats, imposée par le politique et rendue opérationnelle par
le sommet de la pyramide bureaucratique du système éducatif. La régulation ou la
gouvernance verticale cherche à cadrer de manière systémique et systématique les
actions des agents du système auxquels on accorde par ailleurs et paradoxalement
davantage de pouvoir d’initiative, notamment au sein des conseils d’établissement,
mais cette initiative doit se développer à l’intérieur du corridor défi ni par l’instance
supérieure de pilotage. Par ailleurs, la gouvernance horizontale cherche à assurer
l’ajustement des logiques des acteurs de l’établissement, de la demande des parents 1 ,
et des principes du marché et du libre choix de l’école.
Soumis à cette double logique horizontale et verticale, qui tantôt tire dans le
même sens, tantôt limite la pleine actualisation du potentiel de l’une ou de l’autre,
le système semble tenir la route. Avec à moyen terme des effets encore inconnus,
mais prévisibles, comme l’accroissement des écarts entre les établissements et la
dualisation du système d’une part, et une plus grande satisfaction des parents de
classes moyennes, plus habiles que ceux des milieux populaires à tirer leur épingle
du jeu scolaire (Brassard et al., 2004; Lusignan et al., 2002; Lessard, 2003).
Cinquième partie : la formation et la qualifi cation du personnel enseignant et
la professionnalisation de l’enseignement
Au Québec, le discours sur la professionnalisation de l’enseignement date de
la Révolution tranquille et du rapport de la Commission Parent. Dès cette époque,
on enjoint notamment les enseignants à se former davantage, et ce à l’université.
Dans les faits, si les enseignants se forment dorénavant à l’université, ils sont
encore considérés et se considèrent souvent eux-mêmes comme des travailleurs de
l’enseignement.
Chapitre 6a: Québec 121