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202 Art. 40. Réflexions sur l’opinion
de M. de Mandajors.
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très-justes de M. de Mandajors.
Mais lorsque M. de Mandajors veut transporter
à l’Isère, ce qui avait été dit avant lui de
la Saône, et qu’il se permet de reprocher une
erreur à Tite-Live, dont le texte est sa meilleure
garantie, il ne mérite plus la même confiance.
Ce qui doit surtout la lui faire refuser, est
l’inexactitude avec laquelle il rapporte le texte de
Polibe et de Tite-Live, que je viens de donner
tout entier, en sorte que le lecteur est bien à
portée d’en juger. L’historien latin dit aliquantulùm
et non aliquantùm agri, en sorte qu’il
ne s’agit pas là d’une province entière comme
la prétendue île de M. de Mandajors. Ensuite
lorsque Polibe dit que des montagnes presque
inaccessibles bordent un des côtés de l’île, cela
ne signifie pas que l’île ne soit pas véritablement
entourée d’eau; car sans cela ce serait une
presqu’île ; mais seulement qu’un des bords des
deux rivières qui la composent est hérissé de
rochers presqu’inacessibles. Au reste, le texte de
Tite-Live est formel ; lorsqu’Annibal a quitté
cette île et le Rhône, il avait les Tricastins à
gauche; cette île était donc au dessous des Tricastins,
dans le pays des Cavares; il est impossible
de nier une assertion aussi formelle d’un
historien tel que Tite-Live, d’accord en cela avec
tous les anciens qui en ont parlé.
Cette rivière limitrophe des Cavares et des
Tricastins est l’Eygues, qui se divise précisément
en deux branches au village de Travaillans. La
première qui est la plus grosse et la plus courte,
passe au dessous de Beaulieu, de Crochant et
de Coyrol ; la seconde, connue sous le nom
de la Meyne, passe au dessous de Camaret et
d’Orange et va se jeter dans le Rhône ou la
Caironette ancien bras du Rhône, à l’extrémité
d’une terre appelée le Lampourdier, que j’ai possédée
autrefois et qui appartient aujourd’hui à
M. de Giri. Il résulte de cette division une île
qui renferme tout le territoire de Caderousse et
une partie de celui d’Orange; cette île est fertile
et très-peuplée comme le dit fort bien Polibe,
et il est naturel qu’elle fût l’objet de l’ambition
des Allobroges qui paraissent le peuple le plus
puissant sur cette rive du Rhône dans le tems
où Annibal y fit son passage.
Le camp où Annibal s’arrêta et se fortifia pour
recevoir le secours des Allobroges, est placé au
dessus de l’île, et en delà de l’Eygues qu’Anni