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24 Art. 5. Avignon, ville Celtique
Art. 5. Avignon, ville Celtique 25
comme une roue (1). Ce mot manque à la vérité
dans le dictionnaire de Bullet; on y trouve
seulement sa racine rhôd, avec la signification de
roue (2) ; et cela suffit pour un étimologiste.
Mais j’ai déjà observé que la forme de ce mot
était grecque, et l’opinion de Pline est effectivement
qu’il est grec, lorsqu’il dit (3) : « En
cet endroit fut Rhoda, colonie des Rhodiens,
qui donna son nom au Rhône ». Charmés par
la douceur du climat du Languedoc, dit un
historien moderne de la ville de Lion (4), les
célèbres Rhodiens abandonnèrent pour toujours
l’île de Rhodes, leur patrie, pour venir habiter
près d’une des embouchures du Rhône, où ils
bâtirent la ville de Rhoda ou Rhodê, qu’Etienne
de Bizance appelle Rhodanusia. C’est aujourd’hui
(1) Dissertation sur les Brigantes, 1761, p. 76.
(2) Mémoires sur la langue Celtique, par Bullet. Besançon,
1754, t.3, p. 311.
(3) Historia naturalis, lib. 3, cap. 4.
(4) Histoire littéraire de la ville de Lyon, par le P. de
Colonia. Lyon 1728, t. I , p. 15. Il cite Lacarry, Historia
coloniarum ; et Briet, Gallia antiqua. Voyez M. Ménard
dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. 27,
p. 120.
Pécais situé sur la rive droite du Rhône assez
près d’Aiguemorte. Ce furent ces mêmes Rhodiens
qui, après avoir donné leur nom à cette
nouvelle ville, l’imposèrent aussi au fleuve sur
le-quel ils la bâtirent. Telle est la véritable étimologie
du nom latin Rhodanus; et Pline, qui
nous l’a conservée, mérite plus de confiance que
les modernes qui en ont donné d’autres. Ainsi
l’on peut regarder comme de simples allusions,
ingénieuses si l’on veut, mais faites après coup,
ces étimologies que Munster dans sa Cosmographie,
et le savant Bochart dans son Phaleg
(1), sont allés chercher, l’un dans le verbe latin
Rodo, et l’autre dans l’ancienne langue celtique
ou dans la phénicienne, d’où l’on assure que la
celtique avait tiré son origine (2), mais sans
aucun fondement. La langue phénicienne détruisit
au contraire la langue celtique ou pélasgique
dans la Grèce.
M. de Colonia (3) place cette colonie trois
siècles et demi avant celle que Plancus conduisit
(1) Livre 3., chap. 6.
2) Histoire littéraire de la ville de Lyon. Lyon
1728, t. I, p. 15.
(3) Ibidem, p. 14.