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66 Art. 11. La Traille de Sorgues
Art. 11. La Traille de Sorgues 67
jette dans le Rhône. Les débris d’antiquités que
M. Ménard dit être romaines, et qu’il assure
que l’on trouve en cet endroit ( ce sont vraisemblablement
les mêmes dont Fantoni avait parlé
avant lui ), démontrent à ses ieux (1) la position
d’un ancien lieu, ce qui, ajoute-t-il, ne se rencontre
en aucun des endroits où l’on veut placer
celui-ci. Mais si le port de la Traille est situé
à l’embouchure de la Sorgue dans le Rhône,
situation au reste fort incommode, à cause des
fréquentes inondations du Rhône en ce lieu peu
élevé, Bédarrides, situé au confluent de l’Ouvèze
et de la Sorgue, ne se trouve qu’à 3400 toises
ou six mille six cens mètres de l’embouchure
de la Sorgue dans le Rhône. Le camp que Strabon
place à cette embouchure pouvait donc bien
s’étendre jusqu’à Vindalium. Où d’ailleurs M.
Ménard a-t-il lu que la ville de Ouindaliôn renfermât
des monumens célèbres, autres que les
tours de Florus que l’on trouve dans Biturritæ,
Bédarrides ? et comment explique-t-il la prétendue
identité entre la Sorgue de Strabon et la
rivière Vindélique de Florus?
(1) Mémoires de l’académie des Inscriptions. Paris 1768,
t. 32, p. 746.
Aussi M. d’Anville, bien plus habile géographe
que M. Ménard, et qui en 1745 avait dressé une
carte du Comté-Vénaissin (I), où il avait suivi
l’opinion commune alors, y ayant mieux réfléchi,
changea d’avis, et ne put se persuader que le
nom de Ouindaliôn qu’il ne retrouvait plus à la
Traille, eût entièrement disparu. D’ailleurs l’itinéraire
de Bourdeaux à Jérusalem, qui, dans la
route d’Avignon à Orange, passe nécessairement
près de l’embouchure du Soulgas de Strabon,
c’est-à-dire de la Sorgue, et qui même fait mention
d’un lieu nommé Cypresséta, dont l’emplacement
peut convenir au pont de Sorgues,
peu au-dessous du Ouindaliôn de Strabon et
de Scaliger, c’est-à-dire, de la Traille de Sorgues,
ne parle point de Ouindaliôn, quoiqu’il en
soit question comme d’une ville dans Strabon et
dans Tite-Live (2). Or la Traille se trouve sur
l’ancienne route d’Avignon à Orange, tandis que
Bédarrides ne s’y rencontre qu’à quelque distance
même de la route très-moderne de Courtèzon,
(1) Carte du Comté-Vénaissin, par le sieur d’Anville, sur
les mémoires envoyés du pays. Juillet 1745.
(2) πόλιν dans Strabon, et Oppidum dans Tite-Live.