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214 Art. 41. Observations<br />
de M. de Folard. 215<br />
le col de Fenêtre, qu’il avait à sa g<strong>au</strong>che, par<br />
le h<strong>au</strong>t des montagnes : c’est sur le plate<strong>au</strong> où<br />
est <strong>au</strong>jourd’hui le village de Barbottet qu’il dut<br />
camper, afin de faire travailler <strong>au</strong>x chemins pour<br />
des<strong>ce</strong>ndre à Fenestrelles.<br />
C’est dans <strong>ce</strong> camp qu’Annibal fit remarquer à<br />
ses soldats toute la plaine du Piémont jusqu’<strong>au</strong>près<br />
des Insubriens ; car c’est le seul endroit<br />
des montagnes d’où on puisse le découvrir;<br />
<strong>ce</strong>ux qui en sont plus rapprochés, en sont séparés<br />
par des montagnes qui la cachent <strong>au</strong>x ieux<br />
jusqu’à deux lieues de la plaine ; et le texte se<br />
trouve conforme à mes observations sur <strong>ce</strong> lieu,<br />
puisqu’il dit que partant de <strong>ce</strong> camp l’armée<br />
arriva le troisième jour <strong>au</strong> bord du Pô : il y a<br />
effectivement trois marches du Barbottet à la<br />
plaine, c’est-à-dire des marches d’armée dans la<br />
saison dont il est question ; car je l’ai déjà dit,<br />
<strong>ce</strong> sont les embarras, les défilés et les obstacles<br />
naturels qui constatent la possibilité du terrein<br />
que l’on peut parcourir en corps d’armée.<br />
Par <strong>ce</strong> trajet, Annibal arriva à la vérité plus<br />
ruiné et défait qu’il n’eût pu l’être par trois<br />
batailles perdues : mais le voilà placé à la rive<br />
g<strong>au</strong>che du Pô, tout prêt à agir contre <strong>ce</strong>ux de<br />
Turin, ou à continuer sa marche.<br />
Remarquons en passant, quelle a dû être la<br />
fermeté et le courage de <strong>ce</strong> grand homme, qui<br />
vit périr les deux tiers de son armée dans <strong>ce</strong>t<br />
affreux trajet, sans se décourager un instant, et<br />
sans perdre de vue son point capital, assuré<br />
qu’avec le peu qui lui restait, son habileté et son<br />
courage suppléeraient à tout : <strong>ce</strong>la s’appelle une<br />
belle et grande ame ».<br />
§. 10. Réflexions sur l’opinion de M. de<br />
Folard.<br />
Art. 42. Comme la morale et la véritable philosophie<br />
doivent passer avant tout, je commen<strong>ce</strong>rai<br />
par déclarer ici qu’en rendant justi<strong>ce</strong> avec<br />
M. de Folard <strong>au</strong>x talens militaires d’Annibal, je<br />
suis fort loin d’admirer la grandeur de l’ame de<br />
<strong>ce</strong> général carthaginois qui, pour satisfaire sa<br />
vengean<strong>ce</strong>, vint troubler le repos des Ibériens,<br />
des Celtes, des Liguriens étrangers à sa querelle;<br />
et <strong>au</strong> lieu de détruire son ennemi comme il