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60 Art. 10. Bédarrides Art. 10. Bédarrides 61
mot grec Ouindaliôn, qui correspond au nom,
latin Vindalium semblable à celle d’Aouéniôn,
Ouasiôn, Cabaliôn, Arausiôn, etc. ( art. 24),
annonçait à la fois une forteresse des Ioniens
pour les Marseillais, et une élévation auprès
d’une rivière pour les Celtes. Telle est précisément
la situation de Bédarrides, et le nom de
l’Ouvèze diffère peu de celui de Ouindal. Cette
rivière ayant déjà servi à former plus près de sa
source le nom de la ville de Ouasiôn, Vaison,
ne pouvait entrer dans la composition, de celui
d’une seconde ville, qu’avec quelque différence
qui annonçait peut-être l’éloignement où elle se
trouvait alors de sa source.
Mais, objectera-t-on, ce nom de Vindalium
que Tite-Live et Strabon nous ont donné, ne
se retrouve plus après eux. Pline et Ptolémée
ne la nomment point, et Florus lui-même ne
parle que de la rivière Vindélique. C’est précisément
ce qui va fournir un nouvel argument en
faveur de Bédarrides. En effet Vindalium n’a pu
perdre son nom que pour en prendre un autre,
d’un événement aussi célèbre que la victoire de
Domitius. Or le nom de Bédarrides, en latin
Biturritæ, « ayant deux tours », nom qui lui
est donné dès l’an 822 dans une charte (1) de
l’empereur Louis le débonnaire, fait voir que les
tours construites par le proconsul Domitius sur
le champ de bataille, ont rendu latin le nom celtique,
et fait oublier ce nom barbare de Ouindaliôn
pour celui de Biturritæ devenu Bédarrides
lorsqu’il a été adouci par l’accent provençal.
Sextius avait déjà donné un nom latin à la ville
d’Aix, l’année qui avait précédé la construction
de ces tours, et Domitius voulut sans doute
acquérir la même gloire.
Il paraît même que les deux tours ont subsisté
longtems encore après la donation de Louis le
débonnaire. En effet il existait à Bédarrides une
maison appartenante à l’évêque d’Avignon qui
était seigneur du lieu avec tous les droits impériaux,
et une autre maison qui était le cheflieu
d’un fief appartenant à une très-ancienne
famille du nom de la Garde. Ces deux mai-
(1) Imprimée dans l’histoire des évêques d’Avignon, 1660;
et dans le dictionnaire de la France par Expilly. Paris 1762,
t. 1, pag. 550. art. Bédarrides, qui, dans cette charte, est
appelée villa Bitorritæ nomine.