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216 Art. 42. Examen
de l’opinion de M. de Folard.
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le croyait, n’a réussi, par son entreprise gigantesque,
qu’a causer la ruine de sa patrie.
Rentrons à présent dans notre sujet, et observons
comment M. de Folard, aussi admirateur
de Polibe que d’Annibal, a cru ne pouvoir
louer cet historien grec, qu’en dépréciant Tite-
Live, dont son autorité jointe à celle de M. de
Mandajors, a fait tellement méconnaître l’exactitude,
que M. Lallemand, qui a dirigé l’édition
d’ailleurs très estimable, imprimée par Barbou,
a cru pouvoir attaquer son texte même, et a
décidé dans une note (1), que la route d’Annibal
exigeait que Tite-Live le fit laisser à droite et
non à gauche le pays des Tricastins.
Rétablissons la vérité des faits : admirons
la fois Polibe et Tite-Live: loin de combattre
l’un de ces historiens par l’autre, tâchons de
les concilier, et que l’un nous serve à expliquer
l’autre. Ce que j’ai déjà dit est suffisant pour
faire voir que cette entreprise n’est nullement
difficile.
Il est d’abord évident que M. de Folard ne
(I) Titi-Livii Patavini historiarum libri. Parisiis 1775, t,
3, p. 435.
contredit point Tite-Live sur le passage des
Alpes qu’il place à Briançon, comme je l’ai fait
jusqu’à présent. La difficulté roule toute entière
sur le chemin du Rhône à Briançon. M. de
Mandajors fesait quitter le Rhône après, et M.
de Folard l’a fait quitter avant le passage de
l’Isère. Ce défaut de concert entre les adversaires
que j’ai à combattre, fait voir qu’ils n’ont
pas bien étudié cette partie de leur sujet.
En effet, Polibe n’a pu appeler Delta, ni Tite-
Live Ile, Insula, un espace de terre renfermé par
deux rivières et une montagne, Aliquantulùm agri
de Tite-Live aliquantùm même selon l’édition
de Barbou, ne peut désigner une province entière,
tandis que le terrain renfermé par les deux
branches de l’Eygues et le Rhône, est véritablement
aliquantùm ou aliquantulùm agri, pour le
fait dont il est ici question. Annibal le dépasse
en campant à Darboux; il en peut donc disposer
facilement, et l’adjuger à qui il lui plaît.
Mais ce qui est surtout décisif, est le passage
sur la frontière des Tricastins, qu’Annibal laisse
à gauche en quittant le Rhône, et le passage à