Livret actes session HV - Famille missionnaire de Notre-Dame
Livret actes session HV - Famille missionnaire de Notre-Dame
Livret actes session HV - Famille missionnaire de Notre-Dame
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
60<br />
craindre un autodafé, mais il est en butte à <strong>de</strong>s dégoûts <strong>de</strong> tous genres<br />
et à <strong>de</strong>s persécutions <strong>de</strong> tous les jours. La carrière politique lui<br />
est fermée : il a offensé la seule puissance qui ait la faculté <strong>de</strong> l’ouvrir.<br />
On lui refuse tout, jusqu’à la gloire. Avant <strong>de</strong> publier ses opinions,<br />
il croyait avoir <strong>de</strong>s partisans ; il lui semble qu’il n’en a plus,<br />
maintenant qu’il s’est découvert à tous ; car ceux qui le blâment<br />
s’expriment hautement, et ceux qui pensent comme lui, sans avoir<br />
son courage, se taisent et s’éloignent. Il cè<strong>de</strong>, il plie enfin sous l’effort<br />
<strong>de</strong> chaque jour, et rentre dans le silence, comme s’il éprouvait<br />
<strong>de</strong>s remords d’avoir dit vrai. Des chaînes et <strong>de</strong>s bourreaux, ce sont<br />
là les instruments grossiers qu’employait jadis la tyrannie ; mais <strong>de</strong><br />
nos jours la civilisation a perfectionné jusqu’au <strong>de</strong>spotisme luimême<br />
(…). Le <strong>de</strong>spotisme, pour arriver à l’âme, frappait grossièrement<br />
le corps ; et l’âme, échappant à ces coups, s’élevait glorieuse<br />
au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> lui ; mais dans les républiques démocratiques, ce n’est<br />
point ainsi que procè<strong>de</strong> la tyrannie ; elle laisse le corps et va droit à<br />
l’âme. Le maître ne dit plus : vous penserez comme moi ou vous<br />
mourrez ; il dit : vous êtes libres <strong>de</strong> ne point penser ainsi que moi ;<br />
votre vie, vos biens, tout vous reste ; mais <strong>de</strong> ce jour vous êtes un<br />
étranger parmi nous ». Oh bien sûr, les catholiques pourront être auditionnés<br />
courtoisement pour respecter un semblant <strong>de</strong> pluralisme,<br />
mais leurs discours <strong>de</strong>meurera marginalisé et ne <strong>de</strong>vra pas faire effraction<br />
dans l’espace public. C’est que dans les enceintes où se fait<br />
la bioéthique règne un grand conformisme. Ce sont <strong>de</strong>s lieux<br />
« ultraconservateurs » qui rejettent avec force toute valeur qui viendrait<br />
remettre en cause le modèle <strong>de</strong> pensée qui y est à l’œuvre. Le<br />
professeur Didier Sicard, prési<strong>de</strong>nt du CCNE, l’a illustré <strong>de</strong> manière<br />
très inquiétante lors d’une interview au Mon<strong>de</strong> en pleine polémique<br />
sur le Téléthon : « L’intervention <strong>de</strong> l’Église catholique me paraît,<br />
dans ce domaine, à la fois malencontreuse et extraordinairement<br />
malvenue. Elle (…) a le droit <strong>de</strong> porter un jugement. Pour autant,<br />
elle n’a pas vocation à l’imposer dans l’espace public, ce qu’elle fait<br />
aujourd’hui (…). Elle a pleinement le droit, tout à fait respectable,<br />
<strong>de</strong> considérer l’embryon humain comme sacré. Mais elle n’a pas le<br />
droit d’en faire une manifestation publique». Le relativisme éthique<br />
ne peut accepter un authentique débat public ; il bâillonnera sans<br />
état d’âme toute volonté <strong>de</strong> résistance chez quiconque prendrait ses<br />
distances avec lui pour le contester.<br />
117