Revue des sciences sociales
Revue des sciences sociales
Revue des sciences sociales
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
196<br />
RÉSUMÉS ALLEMANDS<br />
197<br />
La genèse de l’institution est reliée à<br />
l’évolution de la politique antialcoolique en<br />
France. Comme il est écrit dans la préface<br />
“l’auteur a essayé de remonter dans le temps<br />
pour comprendre, de manière approfondie,<br />
comment ont pu naître les Centres<br />
d’Hygiène Alimentaire... L’activité du C.H.A<br />
n’est pas simplement venue se substituer à<br />
une pratique psychiatrique, comme on tend<br />
souvent à le dire, mais est venue combler un<br />
vide dans la thérapie antialcoolique dont on<br />
a commencé à prendre conscience dans les<br />
années 50 en raison notamment d’une nouvelle<br />
sensibilité au phénomène de l’éthylisme<br />
et d’une conception modifiée de la<br />
maladie alcoolique”. Cet ouvrage permet de<br />
mieux comprendre l’évolution de la politique<br />
par rapport au phénomène alcool dans<br />
la France de l’après-deuxième guerre mondiale,<br />
les C.H.A.A. (le deuxième A étant venu<br />
s’ajouter en 1983) étant le fruit d’une lente<br />
maturation de la politique sanitaire. Au-delà<br />
<strong>des</strong> textes officiels, l’auteur souligne le rôle<br />
<strong>des</strong> hommes, de leurs amitiés dans la genèse<br />
du C.H.A.A. Cette genèse est en effet saisie<br />
tant dans ses dimensions institutionnelles<br />
que sociologiques, économiques aussi.<br />
L’ouvrage comprend quatre chapitres<br />
correspondant aux quatre phases déterminantes<br />
dans la prise en charge du phénomène<br />
alcool par l’Etat. Dans un premier chapitre<br />
est montrée la prédominance d’une<br />
conception traditionnelle de l’alcoolisme où<br />
le buveur est défini socialement. Cette<br />
conception couvre une période d’un siècle,<br />
de 1850 à 1950. La politique de la lutte antialcoolique<br />
est marquée par la sanction. Ce<br />
sont alors les psychiatres qui assurent le<br />
contrôle du dispositif. Au début <strong>des</strong> années<br />
50, il y a un tournant. L’Etat qui manifeste un<br />
intérêt particulier pour l’alcoolisme au lendemain<br />
de la guerre souhaite mettre en place<br />
un dispositif mieux adapté alors que l’émergence<br />
de la définition médicale de l’alcoolisme<br />
a pénétré tous les milieux sociaux.<br />
L’alcoolisme se soigne avec <strong>des</strong> médicaments.<br />
Pierre Mendès France est évoqué à<br />
plusieurs reprises. Le traitement est toujours<br />
contrôlé par les psychiatres mais une<br />
filière thérapeutique se juxtapose à la filière<br />
répressive. C’est là une deuxième phase. La<br />
suivante traite du changement d’orientation<br />
de la lutte antialcoolique dans les années 60<br />
grâce à la naissance de l’alcoologie. Cette<br />
troisième phase d’évolution se caractérise<br />
par une remise en question de la définition<br />
médicale de l’alcoolisme. Un nouveau<br />
concept apparaît, celui d’alcoologie qui<br />
s’articule autour de trois pôles : l’individu,<br />
l’alcool et le milieu. Il y a alors diversification<br />
<strong>des</strong> acteurs dans le paysage de la lutte antialcoolique<br />
: médecins du travail et organisations<br />
syndicales participent au dépistage<br />
précoce, les mouvements d’anciens buveurs<br />
sont actifs. Le quatrième et dernier chapitre<br />
est consacré à l’institutionnalisation <strong>des</strong><br />
Centres d’Hygiène Alimentaire intervenue en<br />
1975. Il s’agit de responsabiliser l’individu,<br />
de repenser l’organisation de la lutte antialcoolique.<br />
L’expérience du Docteur Le Gô à la<br />
S.N.C.F. est minutieusement décrite grâce au<br />
témoignage de Madame Naso, sa collaboratrice,<br />
ancienne responsable du premier<br />
C.H.A. créé en 1959. Autre expérience, celle<br />
du Centre de Soissons, constitue également<br />
un élément important. Le fonctionnement<br />
<strong>des</strong> C.H.A. est ensuite présenté. Enfin,<br />
l’auteur présente la circulaire de 1983 qui fait<br />
apparaître le C.H.A.A. comme un <strong>des</strong> pivots<br />
du dispositif antialcoolique. L’extension <strong>des</strong><br />
missions est une adaptation à la réalité. Les<br />
C.H.A. se sont transformés en institution de<br />
prévention et de soins.<br />
Aujourd’hui, les C.H.A.A. restent <strong>des</strong><br />
structures peu nombreuses puisqu’il en<br />
existe moins de 200 qui ont à connaître <strong>des</strong><br />
cas d’environ 200 000 mala<strong>des</strong> alcooliques.<br />
Il s’agit de structures financées par les crédits<br />
d’Etat <strong>des</strong>tinés à la prévention. Or, les<br />
C.H.A.A. fournissent avant tout <strong>des</strong> soins. Il<br />
y a là un paradoxe que relève l’auteur. La<br />
question du financement doit être soulevée :<br />
“La multiplicité de ses missions (les soins, la<br />
prévention, l’information, la formation, la<br />
recherche, si l’on s’en tient aux textes officiels)<br />
impliquerait logiquement un plurifinancement”.<br />
Carole Thiry-Bour se livre à un véritable<br />
plaidoyer en faveur <strong>des</strong> C.H.A.A., organisations<br />
pertinentes méritant d’être mises en<br />
valeur. Il lui apparaît difficile de concevoir un<br />
mode de fonctionnement différent de son<br />
mode actuel, caractérisé par la souplesse,<br />
l’entière disponibilité au buveur, la compétence,<br />
le partenariat avec l’ensemble du système<br />
sanitaire et social.<br />
Avec l’ouvrage de Carole Thiry-Bour,<br />
l’évolution de la politique de lutte antialcoolique<br />
et l’historique de la création <strong>des</strong><br />
C.H.A.A. sont enfin présentés de manière<br />
cohérente et complète. Un ouvrage de référence.<br />
Claude REGNIER<br />
EN DERNIERE MINUTE<br />
MARC BLOCH,<br />
L’HISTORIEN ET LA CITÉ,<br />
(SOUS LA DIRECTION DE PIERRE<br />
DEYON, JEAN-CAUDE RICHEZ, LÉON<br />
STRAUSS), STRASBOURG, PRESSES<br />
UNIVERSITAIRES DE STRASBOURG,<br />
1997, 225 PAGES.<br />
En ouverture <strong>des</strong> cérémonies de commémoration<br />
de la Libération de Strasbourg, la<br />
Ville de Strasbourg a honoré la mémoire de<br />
Marc Bloch et l’esprit de résistance en organisant<br />
en novembre 1994 le colloque Marc<br />
Bloch, l’historien et la cité. Elle a ainsi souligné<br />
le déni de mémoire qu’a constitué le<br />
refus, à deux reprises, de l’Université <strong>des</strong><br />
Sciences Humaines de prendre le nom de<br />
Marc Bloch.<br />
Les actes de ces rencontres ont été<br />
publiés grâce au concours de la Maison <strong>des</strong><br />
Sciences de l’Homme de Strasbourg, de<br />
l’Université <strong>des</strong> Sciences Humaines et de la<br />
Ville de Strasbourg.<br />
Vingt auteurs y ont participé.<br />
Pierre Deyon, Catherine Trautmann,<br />
Albert Hamm, Jean-Paul de Gaudemar,<br />
Norbert Engel, Francis Rapp, André<br />
Burguière, Otto Gerhardt Oexle, Christian<br />
de Montlibert, Pierre Racine, Lutz Raphaël,<br />
Jean-Michel David, Maurice Aymard, Freddy<br />
Raphaël, François Bédarida, Etienne Bloch,<br />
Bertrand Müller, Léon Strauss, Carole Finck.<br />
Nous en ferons une analyse lors de notre<br />
prochaine publication.<br />
Anny BLOCH<br />
Résumés<br />
Allemand<br />
JACQUES HASSOUN<br />
FREMDE, SCHAUSTELLER UND<br />
F HRM NNER<br />
Der Mensch wird von Geburt an mit dem<br />
Fremdartigen konfrontiert : aus diesem<br />
Grunde baut er die Bedeutungsunterschiede<br />
auf, die sein Wesen strukturieren. Jedoch aus<br />
Angst vor dem Fremden und durch den<br />
Ausschluß <strong>des</strong> Andersartigern geht er seiner<br />
Neigung nach, das Vertraute, den Kult <strong>des</strong><br />
Wesensgleichen, die Trägheit zu bevorzugen -<br />
und dies auf Kosten <strong>des</strong> Fremden, d.h. <strong>des</strong>sen,<br />
der schon im Mittelalter den Dichtern und<br />
Sängern eine günstige Gelegenheit bot, ein<br />
Loblied auf das Eingeborenensein zu singen.<br />
DAVID LEBRETON<br />
KLEINE EXILE DES WORTES :<br />
DAS SCHWEIGEN IN DER<br />
UNTERHALTUNG<br />
Das abwechselnde Schweigen und<br />
Sprechen bei einer Unterhaltung entspricht<br />
einer strikten kulturellen Kodifizierung. Je<br />
nach Kultur wird entweder dem Schweigen<br />
oder dem Sprechen ein größerer Platz eingeräumt.<br />
Unsere Gesellschaft fordert das<br />
Sprechen, während andere Gesellschaftstypen<br />
eher das Schweigen bevorzugen.<br />
FREDDY RAPHAEL -<br />
GENEVIEVE HERBERICH-<br />
MARX<br />
NORBERT ELIAS : ERFAHRUNG<br />
DES EXILS UND ENTSTEHUNG<br />
EINER SOZIOLOGIE<br />
Deutschland : eine unvollziehbare Trauer<br />
(Erster Teil). Um zu ermessen, welche<br />
Auswirkung ein fast 50jähriges Exil auf<br />
Berufung und Werk von Norbert Elias (Breslau<br />
1897 - Amsterdam 1990) hatte, ist es angebracht,<br />
zum einen den tiefen durch den<br />
Nazismus verursachten Riß zu analysieren,<br />
und zum andern das zweideutige Verhältnis<br />
<strong>des</strong> Soziologen zu Deutschland aufzuzeigen.<br />
Danach müssen wir die Themen und<br />
Interpretationsweisen untersuchen ; denn sie<br />
rühren zum Teil von einer brutal auferlegten<br />
Heimatlosigkeit her, die selbst zum<br />
Kennzeichen einer Existenz wurde.<br />
JEAN-MICHEL HIRT<br />
DAS HIER UND DAS DORT:<br />
F REINE KLINIK DES EXILS<br />
Welch psychologischer und welch kultureller<br />
Herausforderung muß sich eine Person<br />
stellen, deren psychisches Gleichgewicht<br />
gestört ist, weil sie mehr als einer Kultur<br />
angehört ? Bei der Antwort werden die<br />
unbewußten Auswirkungen <strong>des</strong> Exils und das<br />
Ausmaß der Kultur auf die Geistesstörungen<br />
zugrundegelegt.<br />
NADIA MOHIA-NAVET<br />
EXIL UND EMIGRATION IN<br />
DERKABYLENGESELLSCHAFT:<br />
ZWISCHEN FATALIT T,<br />
TRADITION UND MODERNIT T<br />
Um die maghrebinische Einwanderung<br />
spannt sich ein gewisser Diskurs, der sie als<br />
die Hauptschuldige für die gegenwärtigen<br />
Schwierigkeiten in Frankreich herausstellt.<br />
Ohne in eine Diskussion von Spezialisten zu<br />
verfallen, wollen wir jedoch daran erinnern,<br />
daß das im Einwanderungsland aufgeworfene<br />
Problem auch seine Wirklichkeit, sein Gewicht<br />
und seine Gegenschläge in der Ausgangsgesellschaft<br />
hat. Ausgehend vom Beispiel der<br />
Kabylen zeigt der Artikel die versteckte Seite<br />
einer ohne Verzweiflung und manchmal mit<br />
Humor erlebten Emigration auf - eine Art Exil,<br />
das durch Männer und Frauen geprägt wurde,<br />
die es durch eine Wort-Kultur ”kulturalisiert”<br />
haben. Deshalb wird hier die mündliche Überlieferung<br />
bevorzugt hinterfragt.<br />
BRIGITTE FICHET<br />
GESCHLOSSENE T REN ?<br />
Nach einer Zeit der Öffnung der Grenzen,<br />
die durch die notorische Nichteinhaltung der<br />
Einwanderungsregeln gekennzeichnet war,<br />
bemühten sich die letzten Regierungen die<br />
Eingänge für Einwanderer zu verringern, indem<br />
sie immer einschränkendere Vorschriften<br />
erfanden und anwendeten. Sie taten so, als<br />
handelte es sich um eine nationale Vorrangigkeit<br />
und scheuten sich nicht, die inneren<br />
Grenzen anzutasten, eine Anzahl von nationalen<br />
Symbolen zu opfern und ein Infra-Recht zu<br />
schaffen, das mit einem Rechtsstaat unvereinbar<br />
ist und sich schließlich für den Prozeß der<br />
nationalen Integration als nachteilig erweist.<br />
HERMANN BAUSINGER<br />
WELCHES IST DAS ANDERE<br />
UFER DES FLUSSES ?<br />
Einige der Überlegungen wurden auf dem<br />
10. Jahrestag der Begegnungen zwischen dem<br />
”Laboratoire de Sociologie de la Culture<br />
Européenne de Strasbourg” und dem Ludwig<br />
Uhland Institut in Tübingen dargelegt. Aus der<br />
Fragestellung von Claudio Magris ”Auf der<br />
anderen Seite <strong>des</strong> Flusses ? Wer ist auf der<br />
anderen Seite ?” ergibt sich eine Dialektik der<br />
Gleichheit und der Andersartigkeit. Im Prinzip<br />
sind drei Möglichkeiten denkbar :<br />
- Ich lebe an einem Ufer und kenne das andere.<br />
- Ich befinde mich zwischen den beiden Ufern.<br />
- Ich bin auf dem Weg zum andern Ufer,<br />
und die Rückkehr ist unmöglich.<br />
Wenn man auf der einen Seite <strong>des</strong> Flusses<br />
wohnt, kann man das andere Ufer mit<br />
Gleichgültigkeit, Unkenntnis, Haß, Toleranz,<br />
Sympathie und sogar mit Mitgefühl betrachten.<br />
In der Mitte wohnen bedeutet, sich zwischen<br />
zwei Kulturen zu stellen, nicht mehr<br />
wissen, wer man ist und wo man sich befindet.<br />
Junge Einwanderer versuchen das<br />
Problem auf die Weise zu lösen, daß sie entweder<br />
eine feste Bindung an ihre alte Kultur<br />
wählen oder eine bedingungslose Annahme<br />
der neuen. Sehr oft bauen sie eine Art<br />
”Zwischen-zwei-Welten” auf, die ihre eigene<br />
Kultur darstellt.