d'alexandre - Notes du mont Royal

408 Qvivri-CvHCE, Liv. X.
fonner les trompettes, & un grand cri s'élevetdans
toute l'armée, tel que celui qu'on fait d'ordinaire aux
batailles à l'entrée du combat. Tout ce bruit fut encore
accompagnëdescris& du mugiflement effroyable
des éléphants. Alexandre n'ayant pas jugé qu'il
lui fût bienféant d'aflifter à ce {peftade , fe retira
tout morne & tout penfif dans le Palais. On fit divers
jugements' de cette a&ion : les uns la condamherent,
-comme d'un homme furieux & infenfé ; les
autres crurent que ce qu'il en avoir fait, n'a voit été
que par vaine gloire, & pour s'acquérir la réputation
d'une prodigieufe confiance ; mais plufieurs louèrent
rcette grandeur de c6urage,quil'avoitainfi faittriom-
her delà douleur &de la mort. Le Roi,entre tous,
eut en gtande admirarion , & honora fes cendres
d'une magnifique fépulture. Ç'eft de ce même Calanus
que l'on raconte , qu'à "fon arrivée a la Cour,
délirant donner quelque preuve de fa fuffifance, il
expofa aux yeux d'Alexandre comme une image Se
une figure de fon Empire : il jetta à terre un grand
cuir de bœuf tout fec . & mit le pied fur l'un des
bouts, qui étant baifle , fit en même temps haufler '
tout le refte ; puis, tournant tout alentour, & marchant
toujours fur les bords, il fit voir au Roi ,
qu'à mefuie qu'il prefloit le cuir en un endroit, il
s'élevoit en tous les autres ; mais enfin, s'étant placé
au milieu du cuir , il le tint partout également
àbaifie j voulant donner a entendre au Roi par cet
exemple, qu'il ne devoit plus s'amufer à faire dès
voyages & des conquêtes aux pays lointains , mais
réfider au centre , & .dans le cœur de lès Etats, vu
que par ce moyen il empêcherait les Provinces éloignées
de fe fou-lever , & tiendrait tous fes peuples en
devoir ,& fournis à fon obéiflance.
Après cela , le Roi étant arrivé à Suze , il y époufa
la PrincefTe Statira , fille ainée de Darius, & donna
la plus jeune , nommée Dripetis , à fon cher Ephefc
tion. Et afin qu'en rendant ces alliances communes*
I on trouvât fon mariage moins étrange, il perfuada
aufli aux plus grands Seigneurs de la Cour & à fes
principaux Favoris de fe marier , & choifit dans les
plus nobles familles de Perle environ quatre-vingts"
^ filles, qu'il leur donna pour femmes. Les noces furent
célébrées à la façon des Perfes. Il fitpar même moyen
un feftin, royal à tous les autres Macédoniens, qui
«toient déjà marié» il y ayçit Iwg-tempsj & s'y
étant