Les pièges de la procédure civile - Procedurecivile.be
Les pièges de la procédure civile - Procedurecivile.be
Les pièges de la procédure civile - Procedurecivile.be
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
ou non. Il peut aussi tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> satisfaire à <strong>la</strong><br />
condamnation principale un samedi, un dimanche ou un jour férié<br />
légal. Par conséquent, <strong>la</strong> prorogation du dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> grâce n’a pas lieu<br />
automatiquement. Le juge qui prononce l’astreinte doit déterminer avec<br />
précision si le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> grâce qu’il accor<strong>de</strong> doit être prorogé ou non<br />
lorsqu’il vient à expiration un samedi, un dimanche ou un jour férié<br />
légal. Si le juge ne le fait pas et qu’il ne prévoit pas <strong>de</strong> prorogation, le<br />
dé<strong>la</strong>i ne sera pas prorogé” 70 .<br />
Il s’impose au p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur d’être particulièrement attentif en matière<br />
d’astreintes (et d’attirer particulièrement l’attention <strong>de</strong> son client) dès<br />
lors que, à mon sens, les juges ne sont pas toujours suffisamment<br />
attentifs et/ou conscients <strong>de</strong>s conséquences parfois dramatiques que<br />
peuvent avoir les astreintes à l’égard d’une partie. De même, il est<br />
conseillé au p<strong>la</strong>i<strong>de</strong>ur, lorsque <strong>la</strong> partie adverse sollicite <strong>la</strong> condamnation<br />
accessoire au paiement d’astreintes, d’une part, <strong>de</strong> contester cette<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> mais surtout, d’autre part, à titre subsidiaire, d’en discuter<br />
c<strong>la</strong>irement les modalités.<br />
82. L’affaire ayant donné lieu à l’arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> justice Benelux<br />
du 16 décembre 2004 illustre parfaitement ce danger.<br />
En l’espèce, une compagnie d’assurances est condamnée par une<br />
ordonnance prononcée le jeudi 13 juillet 2000 à remettre <strong>de</strong>s documents<br />
déterminés à <strong>la</strong> partie adverse sous peine d’encourir une astreinte <strong>de</strong><br />
20.000.000 BEF par jour <strong>de</strong> retard. Le juge assortit toutefois cette<br />
condamnation à un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> grâce en précisant que les astreintes ne<br />
seront dues, en cas d’inexécution <strong>de</strong> <strong>la</strong> condamnation principale, que<br />
“à compter <strong>de</strong> 12 heures après <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> l’ordonnance”.<br />
La partie qui a obtenu cette décision ne se précipite nullement pour<br />
faire procé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> celle-ci comme on aurait pu<br />
l’imaginer. Au contraire, elle ne fera procé<strong>de</strong>r à cette signification que le<br />
len<strong>de</strong>main, vendredi 14 juillet à 18 heures. À cette heure-là, un vendredi<br />
soir, en plein été, il n’y avait manifestement plus personne au siège <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
compagnie d’assurance pour assurer <strong>la</strong> suite voulue à cette signification.<br />
En conséquence, ce n’est que le lundi 17 que l’assureur a remis les<br />
documents au <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur. L’assureur a par <strong>la</strong> suite tenté <strong>de</strong> soutenir que<br />
le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> grâce, fixé par le juge qui a prononcé l’astreinte, <strong>de</strong>vait être<br />
(70) C.J. Benelux, 16 décembre 2004, J.L.M.B., 2005, p. 188.<br />
62