Les nouveaux entrepreneurs de guerre - Infoguerre
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<strong>de</strong>vant les tribunaux pour rupture <strong>de</strong> contrat – la <strong>de</strong>rnière chose qui vient à l’esprit d’un<br />
commandant en plein combat.<br />
B. L’absence d’une unité <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment et <strong>de</strong> contrôle<br />
Du strict point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s prestations, l’intervention <strong>de</strong>s firmes privées semble se passer<br />
« clé en main ». Mais <strong>de</strong>s problèmes importants résultent du fait que celles-ci ne sont pas<br />
soumises au comman<strong>de</strong>ment et au contrôle direct <strong>de</strong> l’armée, car les sociétés militaires<br />
privées fonctionnent comme <strong>de</strong>s entités autonomes, qui ne sont pas subordonnées à la<br />
hiérarchie militaire 61 .<br />
Cela entraîne, en premier lieu, <strong>de</strong>s dysfonctionnements graves en termes <strong>de</strong> coordination.<br />
Il est par exemple fort possible que <strong>de</strong>s sociétés privées entreprennent <strong>de</strong>s actions<br />
tactiques, afin <strong>de</strong> remplir leurs obligations contractuelles, mais qui compliquent en<br />
définitive la réalisation <strong>de</strong>s objectifs stratégiques fixés par le comman<strong>de</strong>ment militaire.<br />
Il est vrai aussi que ces firmes sont souvent coupées <strong>de</strong>s réseaux d’information <strong>de</strong> l’armée,<br />
comme c’est le cas en Irak. <strong>Les</strong> militaires estiment en effet qu’ils n’ont aucune raison <strong>de</strong><br />
partager <strong>de</strong>s renseignements confi<strong>de</strong>ntiels avec <strong>de</strong>s entités qui, non seulement échappent à<br />
la chaîne <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment, mais qui en outre recrutent <strong>de</strong>s Irakiens ou <strong>de</strong>s ressortissants<br />
<strong>de</strong> pays tiers.<br />
En réalité, les relations entre les forces armées et les sociétés militaires privées sont loin<br />
d’être toujours cordiales, ni même dans un esprit <strong>de</strong> collaboration. Scott Custer, co-<br />
directeur <strong>de</strong> la société américaine Custer Battles affirmait : « nous avons répondu à<br />
l’armée au moins une <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> fois, mais ils n’ont pas répondu une seule fois à<br />
nos appels d’urgence » 62 . Le recours <strong>de</strong> plus en plus massif aux sociétés privées pose ainsi<br />
<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> cohabitation entre <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> « soldats ». <strong>Les</strong> inégalités entre les uns<br />
et les autres créent inévitablement <strong>de</strong>s tensions.<br />
Des employés <strong>de</strong> la société Blackwater ont par exemple eu à défendre le quartier général<br />
<strong>de</strong> l’Autorité provisoire <strong>de</strong> la Coalition à Najaf, pris d’assaut par <strong>de</strong>s milices radicales<br />
61 Cf. infra, p.70.<br />
62 « We've respon<strong>de</strong>d to the military at least half a dozen times, but not once have they respon<strong>de</strong>d<br />
to our emergencies. We have our own quick-reaction force now », Scott Custer cité par Michael<br />
DUFFY, « When private armies take to the front lines », Time Magazine, 12 avril 2004.<br />
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