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Les nouveaux entrepreneurs de guerre - Infoguerre

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<strong>de</strong> la Convention : « les États parties s’engagent à ne pas recruter, utiliser, financer ou<br />

instruire <strong>de</strong> mercenaires et à interdire les activités <strong>de</strong> cette nature conformément aux<br />

dispositions <strong>de</strong> la présente Convention ».<br />

Ce parti pris eut pour effet <strong>de</strong> créer un paradoxe, selon lequel les États africains qui<br />

avaient fait pression pour que l’ONU prenne position contre le phénomène du<br />

mercenariat, se sont finalement opposés à cette Convention 96 . Le texte n’a en fait recueilli<br />

l’assentiment que d’une minorité <strong>de</strong> pays. La Convention n’a été ratifiée que par vingt-<br />

huit États, dont seulement trois membres <strong>de</strong> l’Union européenne (la Belgique, l’Italie et<br />

Chypre). Elle n’est d’ailleurs entrée en vigueur que le 20 octobre 2001, soit douze ans<br />

après son adoption. Cet état <strong>de</strong> faits réduit fortement la portée juridique <strong>de</strong> cette<br />

Convention, car seuls les États l’ayant ratifiée se trouvent liés par ces dispositions 97 .<br />

La raison à ce défaut <strong>de</strong> soutien rési<strong>de</strong> essentiellement dans l’absence d’un critère<br />

qualification faisant référence à la participation directe aux hostilités. En effet, la<br />

définition <strong>de</strong> l’article premier ne permet pas d’exclure clairement <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong><br />

mercenaire <strong>de</strong>s personnes qui sont envoyées par leur État au titre <strong>de</strong> l’assistance militaire<br />

technique – afin d’assumer <strong>de</strong>s missions d’instruction et d’entraînement <strong>de</strong> forces armées<br />

étrangères en vertu d’accords particuliers <strong>de</strong> coopération – et qui pourraient se trouver en<br />

péril si elles venaient à tomber aux mains d’un État étranger en conflit avec celui auprès<br />

duquel elles ont été placées 98 . D’autres explications sont également avancées, notamment<br />

le fait que les militaires servant au sein <strong>de</strong> la Légion étrangère française, ou encore les<br />

Gurkhas britanniques, risqueraient d’êtres qualifiés <strong>de</strong> mercenaires. <strong>Les</strong> États craignent<br />

96 Ainsi seulement 7 <strong>de</strong>s 53 États parties à la Convention <strong>de</strong> l’OUA ont ratifié ou accédé à la<br />

Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction <strong>de</strong><br />

mercenaires. Se conférer à l’analyse <strong>de</strong> Todd S. MILLIARD (art.cit.), « Overcoming post-colonial<br />

myopia : a call to recognize and regulate private military companies », Military Law Review,<br />

vol.176, n° 2, juin 2003, pp.64-65.<br />

97 La Convention <strong>de</strong> Vienne <strong>de</strong> 1969 codifiant le droit <strong>de</strong>s traités, énonce dans son article 34 qu’un<br />

« traité ne crée ni obligations ni droits pour un État tiers sans son consentement ».<br />

98 La ministre française <strong>de</strong> la Défense, Michèle Alliot-Marie, déclarait ainsi, au moment <strong>de</strong> la<br />

discussion <strong>de</strong> la loi du 14 avril 2003 relative à la répression <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> mercenaire (Loi n°<br />

2003-340, parue au Journal officiel <strong>de</strong> la République française (JO) du 15 avril 2003) : « C’est en<br />

effet un usage pratiqué par toutes les gran<strong>de</strong>s nations militaires, dont la France, <strong>de</strong> fournir aux pays<br />

alliés l’assistance qu’ils requièrent pour former, encadrer et assister leurs armées. Il n’est pas<br />

question <strong>de</strong> remettre en cause cet usage. Il convient, en revanche, <strong>de</strong> sanctionner les excès du<br />

mercenariat. Il y a certes la Convention internationale du 4 décembre 1989 contre le recrutement,<br />

l’utilisation, le financement et l’instruction <strong>de</strong>s mercenaires, mais elle ne nous paraît pas<br />

suffisamment équilibrée. C’est pourquoi la France ne l’a pas ratifiée. ». Source : ASSEMBLÉE<br />

NATIONALE, Compte-rendu analytique officiel <strong>de</strong> la première séance du jeudi 3 avril 2003, p.2.<br />

Consultable sur le site : http://assemblee-nationale.fr/12/cra/2002-2003/185.asp<br />

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