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Les nouveaux entrepreneurs de guerre - Infoguerre

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Eu égard à cette situation, et dans la mesure où les États-Unis sont le pays qui a poussé le<br />

plus loin le processus d’externalisation et <strong>de</strong> privatisation <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> défense, nous<br />

proposons d’analyser plus en détail les mécanismes – et les difficultés – <strong>de</strong> mise en œuvre<br />

<strong>de</strong> la responsabilité pénale <strong>de</strong>s sociétés militaires privées américaines.<br />

A. L’impossibilité <strong>de</strong> soumettre les civils aux procédures <strong>de</strong> discipline<br />

militaire<br />

Une première difficulté <strong>de</strong> principe rési<strong>de</strong> dans le fait que les civils sous contrat ne sont<br />

pas soumis aux procédures classiques <strong>de</strong> discipline militaire. En effet, le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> justice<br />

militaire (Uniform Co<strong>de</strong> of Military Justice), qui instaure une législation pénale spécifique<br />

régissant la conduite <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong>s forces armées américaines, et qui établit la<br />

compétence <strong>de</strong>s cours martiales pour juger <strong>de</strong>s violations <strong>de</strong> ce co<strong>de</strong>, ne peut s’appliquer<br />

aux auxiliaires privés qu’en temps <strong>de</strong> <strong>guerre</strong> déclarée par le Congrès.<br />

Ainsi, l’article 2 (a) (10) du Co<strong>de</strong> dispose « qu’en temps <strong>de</strong> <strong>guerre</strong>, les personnes servant<br />

avec, ou accompagnant les forces armées sur le terrain » sont sujettes à la discipline<br />

militaire telle qu’énoncée dans le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> justice militaire 149 . La Cour suprême n’a pas eu<br />

l’occasion <strong>de</strong> se prononcer sur cette disposition, mais elle laisse entendre, dans un dictum<br />

<strong>de</strong> l’arrêt Reid v. Covert 150 , que la traduction <strong>de</strong> civils en cour martiale serait autorisée, à<br />

condition que la <strong>guerre</strong> ait été déclarée.<br />

Or, comme on le sait, les États-Unis n’ont pas formellement déclaré <strong>de</strong> <strong>guerre</strong> <strong>de</strong>puis la<br />

Secon<strong>de</strong> <strong>guerre</strong> mondiale. A cet égard, la plus haute juridiction militaire américaine, la<br />

Court of Military Appeals, a jugé, dans un arrêt United States v. Averette 151 au moment <strong>de</strong><br />

la <strong>guerre</strong> du Vietnam, que l’expression « en temps <strong>de</strong> <strong>guerre</strong> » à laquelle il est fait<br />

référence à l’article 2 (a) (10) <strong>de</strong>vait être comprise comme une <strong>guerre</strong> déclarée<br />

formellement par le Congrès.<br />

149 Article 2 (a) Uniform Co<strong>de</strong> of Military Justice : « The following persons are subject to this<br />

chapter : […] (10) In time of war, persons serving with or accompanying an armed force in the<br />

field ». Cet article est inséré dans le titre 10, section 802, United States Co<strong>de</strong>, qui peut être consulté<br />

sur le site : http://usco<strong>de</strong>.house.gov/search/criteria.shtml<br />

150 Supreme Court of the United States, Reid v. Covert, jugement n° 701 (1957).<br />

151 Court of Military Appeals, United States v. Averette, 19 CMA 363 (1970).<br />

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