DOSSIER SPIRITUEL - Notre-Dame de Chrétienté

QU'EST-CE QUE LA MISERICORDE ?"Car éternelle est sa miséricorde !" Ce refrain ne revient pas moins de vingt-six fois dansla litanie d'action de grâces du Psaume 136, appelé "grand Hallel" 1 . Ce refrain paraît bien avoirjoué un rôle très important dans la liturgie et la piété de l'Ancien Israël. Lors de la Dédicacesolennelle du Temple de Jérusalem par Salomon, nous rapporte le Second Livre des Chroniques,"les prêtres se tenaient à leur poste et les lévites célébraient Yavhé avec les instruments qu'avaitfaits le roi David pour accompagner les cantiques de Yavhé, car éternelle est sa miséricorde" (2Chron. 7, 6). Ainsi, lorsqu'Israël veut chanter son Dieu, c'est sa "miséricorde" qu'il chantespontanément.Le mot hébreu hésèd traduit habituellement par misericordia dans la Vulgate, exprimel'un des attributs les plus importants du Dieu de l'Ancien Testament, un Dieu que nous aurionstendance à nous représenter souvent comme dur et vindicatif. Eh bien non ! C'est comme "Dieu detendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité" que Dieu se révèle à Moïse surle Sinaï (Ex. 34, 6). Le hésèd de Dieu, fondé sur l'Alliance (Dt. 7,9 ; 1 R. 8, 23 ; Is. 55,3), est uneinitiative purement gratuite de sa part.Une autre expression imagée désigne dans l'Ancien Testament cette tendresse divine,rahamim, littéralement les entrailles émues par un vif sentiment de compassion. "Regarde du cielet vois, s'écrie Isaïe, depuis ta demeure sainte et glorieuse. Le frémissement de tes entrailles et tapitié pour moi se sont-ils contenus ? Pourtant tu es notre Père !" (Is. 63, 15- 16). Oui, il faut bienen convenir, le Dieu des Prophètes et des Psaumes a pour l'homme une tendresse viscérale ! Nousretrouvons semblable réalisme dans le Cantique de Zacharie que l'Eglise utilise dans sa liturgiematinale quotidienne : "... grâce aux sentiments de miséricorde (littéralement, aux entrailles demiséricorde) de notre Dieu, dans lesquels nous a visités l'Astre d'en haut... " (Lc. 1, 78).Par sa vie comme par son enseignement, Notre-Seigneur Jésus-Christ conduit à saplénitude la révélation de la miséricorde divine. Trois paraboles de l'Evangile selon saint Luc,appelées du reste "paraboles de la miséricorde" -la brebis perdue, la drachme perdue, l'enfantprodigue (Lc. 15)- évoquent de façon imagée le dessein salvifique du Père sur l'humanitépécheresse Jésus lui-même, "doux et humble de coeur" (Mt 11,29), "saisi de compassion devant lamisère des foules" (Mt. 9, 36), "passe partout en faisant le bien" (Act. 10, 38) jusqu'à ce que, surla croix, Il supplie le Père de "pardonner à ceux qui ne savent pas ce qu'ils font" (Lc. 23, 34) etmette le comble, par le don volontaire de sa vie, à la miséricorde divine. Aussi saint Paul, méditantsur l'oeuvre de notre rédemption, peut-il écrire aux Ephésiens : "... nous étions par nature voués àla colère tout comme les autres, mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amourdont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec leChrist : c'est par grâce que vous êtes sauvés" (Eph. 2, 4-5).1 Grand Hallel : la grande louange de la liturgie juive, probablement chantée par le Christ le soirdu Jeudi-Saint.Association Notre Dame de Chrétienté