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Actes - Forums du Champ Lacanien

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Matilde PELEGRILes lieux dřaccueil parents-enfants et le malaise dans la familleCes lieux dřaccueil avec leur offre dřun lieu dřécoute sans savoir magistral, donnent la place aux parents etaux enfants pour que leur savoir particulier émerge et quřils puissent se poser des questions sur la placequřils occupent dans le couple, dans la famille, sur leur division mère/femme, père/homme. Ce lieu remet enquestion la place <strong>du</strong> contrôle, <strong>du</strong> conseil, <strong>du</strong> savoir fermé.Nous nous appuyons sur quelques vignettes pour faire ressortir ce qui peut se mettre en scène dans ceslieux dřaccueil et les signifiants particulaires que les enfants et les a<strong>du</strong>ltes déplient et qui vont rendre compte<strong>du</strong> malaise dans la famille et aussi de la place qu'occupe chaque enfant par rapport au couple parental (àsavoir homme/femme, deux hommes, deux femmes, ou un a<strong>du</strong>lte seul) et par rapport à son origineparticulière (insémination, adoption, etc).Vignettes quotidiennes1.- Un après-midi à la Casa Oberta, Gérard, un petit enfant de deux ans, qui vient souvent accompagné de samère et de son frère de 8 mois, reste près de moi dès son arrivée. Il me demande de mřasseoir à coté de luiquand il essaie dřécrire sur le tableau ; et chaque fois que je me lève pour accueillir des familles qui arrivent, ilm'accompagne. Il me prend par la main et il veut être avec moi tout le temps ; il ne veut pas aller avec samère et son frère.Un groupe de mères qui sont là et qui ont été témoins de cette scène essaient dřinterpréter : « Il cherche unemère parce que la sienne est occupée avec son petit frère ». Sa mère qui a le petit frère dans les bras, enécoutant ces propos, sourit mais ne dit rien. Moi non plus, je ne dis rien, mais jřai lřimpression quřil y a encoreautre chose.Un peu plus tard, Gérard essaie de mordre un enfant qui est à côté de lui. La mère de cet enfant lui dit : « Tune peux pas faire ça, il va avoir mal ». La mère de Gérard intervient et elle dit : « Depuis un mois il mord lespetits garçons et il fait des bises aux petites filles ». Une autre mère qui est là interprète : « Gérard est jalouxde son frère, c'est pour cette raison quřil mord les enfants ». Après cela un long silence…Au moment <strong>du</strong> départ de la Casa Oberta, Gérard, sa mère et son petit frère sont les derniers. Gérard ne veutpas partir. Sa mère essaie de lui mettre sa veste mais il ne veut pas. La mère de Gérard me regarde etsemble me demander de lřaide ; elle lui dit en me regardant: « Tu sais, elle va te mettre la veste ». Il nřécoutepas et fait des essais pour mordre sa mère à la main. Sa mère enlève la main pour quřil ne puisse pas lamordre et timidement elle balbutie : « Je crois que je sais ce qui lui arrive; mon mari est parti de chez nous il ya un mois et demi et les enfants ne le savent pas ». Elle et son mari nřont pas parlé avec leurs enfants de laséparation parce quřils ont honte et ne savent pas comment leur dire par peur de les traumatiser. Depuis unmois et demi, les enfants nřont pas vu leur père. A ce moment précis, Gérard change de mine, il sourit et il dit« Papa ! Je veux papa, je veux papa », en me regardant. Je lui parle et je lui dis que sa mère veut luiexpliquer quelque chose sur son papa.La mère de Gérard dit à ses enfants : « Nous allons téléphoner à papa dès que nous arriverons chez nous »et ensuite elle ajoute en me regardant : « Quoique ce soit très difficile pour moi, je pense leur expliquerquelque chose ce soir ». « Gérard le savait nřest-ce pas ? » Question suspen<strong>du</strong>e. Il suffit de laisser le tempsnécessaire. Là où toutes les explications étaient restées lettre morte, lřénigme <strong>du</strong> désir a joué sa carte.2.- Un après-midi, une petite fille, Gemma, de 20 mois, qui fréquente le lieu, nous surprend parce que, pourune fois, elle nřa pas essayé de mordre les plus petits. Chaque fois quřelle agressait les autres enfants, lamère sřexcusait. Dřautre part, la fille venait toujours avec des marques : dans son visage, dans ses bras etses jambes. « Elle tombe » souvent disait sa mère. Notre intervention jusque là avait été très discrète parcequřelle ne voulait rien dire à ce sujet. Ce jour là, la mère de Gemma est très contente de son changement decon<strong>du</strong>ite et elle nous dit : « Gemma est bien ici, elle sřhabitue aux petits » (elle est enfant unique).Un peu plus tard, je suis avec un groupe de mères qui parlent de la jalousie des enfants et de la façon d'yréagir. La mère de Gemma, en écoutant, sřincorpore au groupe et raconte que, à la naissance de son frère,alors qu'elle avait 18 mois, elle avait été très jalouse au point d'avoir un jour essayé de l'étouffer. Elle enfaisait peser la responsabilité sur ses parents qui lui avaient fait vivre des changements trop importants lorsde la naissance de son frère : changer de chambre, la faire entrer à la crèche et la confier souvent à sesgrands-parents.La mère sřadresse à lřaccueillant et ajoute : « Je ne veux plus d'enfants parce que je ne veux pas que ma fillepasse par ça ». Lřaccueillant mentionne « si elle ne passe pas par ça, elle peut passer par autre chose ». La108Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES

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