Claude BRONCKARTPsychanalyse à lřhôpital, présentation de maladesPsychanalyse à l’hôpital, présentation de maladesClaude BRONCKARTLiègeDřune manière générale et intuitive, jřai le sentiment que les 3 niveaux de questionnement dřaujourdřhui(psychanalyse dans la cité, inconscient et santé mentale, psychanalyse dans la santé, politique <strong>du</strong>symptôme, sont interrogés par la présentation de patients. Je voudrais surtout attirer lřattention là-dessussans nécessairement arriver à théoriser très loin cette pratique et sans parvenir à des conclusions définitives.En ce qui concerne le problème de la psychanalyse dans la cité, jřaimerais rappeler le caractère intégrateurmais aussi vaguement mondain des réunions de présentation de patients.En fait, il sřagit dřune « réception » (dans plusieurs sens puisquřil sřagit de réceptionner, dřentendre ce que ditle patient) qui met en présence diverses conceptions, divers discours, divers protagonistes, divers abords,autour, derrière, à côté dřun patient lui-même intégré dans ces discours. Dans la présentation de patients, lapsychanalyse a droit de cité sous forme dřune invitation : la psychanalyse est invitée.Inconscient et santé mentale : les présentations ont lieu dans des institutions de soin, le plus souventpsychiatriques intégrant ainsi dans un même lieu, même activité, les notions de santé mentale etdřinconscient, cřest-à-dire, pour simplifier, une conception générale, objective, statique et une conceptionpsycho-dynamique, singulière, indivi<strong>du</strong>elle, subjective de la santé mentale. (Je clive un peu les choses.)Politique <strong>du</strong> symptôme : paradoxalement, les présentations de patient constituent une vaste entreprise depromotion (presquřau sens commercial) <strong>du</strong> symptôme, quřil soit compris ou enten<strong>du</strong> dřune manière ou dřuneautre. Tout tourne autour <strong>du</strong> symptôme : on choisit un patient intéressant où le symptôme pose question,attire, passionne. La présentation de patient mřapparaît comme une recherche de politique, voire unepolitique <strong>du</strong> symptôme, une tentative de se situer par rapport au symptôme.Avec, <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> maître ou de la science, un désir de normaliser, dřéradiquer le symptôme ; <strong>du</strong> côté de lapsychanalyse, le désir, au contraire, dřen montrer lřutilité même sřil doit passer par une transformation.On peut se demander pourquoi ces présentations qui pourraient apparaître comme moyenâgeuses oubarbares existent encore.Si elles existent encore, cřest évidemment parce quřon désire encore les faire mais, à mon avis, leurpérennité tient à leur spécificité : il faut appréhender ces présentations comme un ensemble réunissant enune rencontre exceptionnelle (au sens premier <strong>du</strong> terme) des personnes intéressées à un certain typedřapproche de la parole <strong>du</strong> patient dont le symptôme nřest pas présenté comme discriminant, discriminatoire(à tel titre que des psychiatres extérieures ont proposé de présenter un de leurs patients mais cřest une autrehistoire…).Le type dřécoute et dřinteractions donnent quelque chose de très spécifique que lřon peut présumer différentde ce que serait une réunion où le patient serait perçu, jřai envie de dire Ŗscreenéŗ selon les critères <strong>du</strong> DSMIV ou de la psychiatrie classique.Le symptôme deviendrait alors discriminant Ŕ discriminatoire et cette présentation de patient assezinsupportable.Peut-être la vidéo convient-elle mieux pour ce genre dřexercice.Quand je parlais de rencontre exceptionnelle, il faut noter que ces présentations ont lieu à lřhôpital mais dansun autre lieu que dans le service de psychiatrie.52Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES
Claude BRONCKARTPsychanalyse à lřhôpital, présentation de maladesPlus particulièrement pour ce qui concerne les présentations à lřhôpital de la Citadelle (où je travaille), il fautrelever quelques caractéristiques :a) la citadelle est hôpital généralŔ où lřon a affaire directement à la maladie, au mal, au corps (souffrant, pulsionnel, jouissant), au réeltraumatisant par essence,Ŕ où lřon a affaire au discours de la science qui ne favorise pas la pensée indivi<strong>du</strong>elle ni ne promeut uneposition subjective. Par parenthèse, lorsquřon travaille dans ce type dřhôpital, on ne peut que sřétonner <strong>du</strong>caractère totalitaire de la définition OMS de la Santé.b) Concernant ma position personnelle, je suis occupé en tant que psychiatre dans un service dePsychiatrie dřhôpital général, ce qui implique un souci dřintégration <strong>du</strong> « psy » dans lřunivers médical. Il sřagitdřun travail d Řéquilibriste qui entraîne des troubles Ŗidentitairesŗ (nous sommes un peu les immigrés de lamédecine) et des difficultés de reconnaissance (presquřau sens Ŗmiroirŗ <strong>du</strong> terme). Tout cela entraîne desbesoins dřaffirmation et de reconnaissance. Rien que <strong>du</strong> banal !c) Les patients, comme il sřagit dřun service ouvert, ne peuvent être dangereux ou agités. Par contre, ilspeuvent présenter des pathologies somatiques plus fréquentes et plus lourdes.Lřambigüité <strong>du</strong> titre Inconscient et hôpital me semble illustrative <strong>du</strong> problème de la psychanalyse dans la cité.Lřinconscient est-il séparé, à côté de lřhôpital (comme lřindique le titre). Doit-on parler de lřinconscient del'hôpital, des patients, des soignants, de lřensemble des appareils psychiques, des transferts ?…La difficulté à préciser le titre est bien sûr inhérente à la notion même dŘinconscient puisque pour la plupartdes gens :ŔŔdans un 1 er temps, lřinconscient, cřest le mystérieux puisque cřest lřin-su (je trouve que « à lřinsu deson plein gré » ne serait pas une mauvaise définition de lřinconscient…)dans un 2 ième temps, apparaît le dispositif analytique avec le divan, la figure de lřanalyste, le transfert,lřélaboration mentale.La présentation de patient ne pourrait-elle constituer lřinterface entre la psychanalyse et lřhôpital et le titre nepourrait-il être transformé en « entre psychanalyse et hôpital » ?Il existe en tout cas une tradition qui remonte loin. On pourrait interroger la pérennité de cette tradition :transmission, présentation…Que se passe t-il dans ces présentations en tout cas à la Citadelle ?Sont en présence : des psychanalystes, des étudiants, des membres de lřéquipe Ŗpsyŗ de lřhôpital, unpsychiatre qui a Ŗchoisiŗ le patient, dřautres psychiatres et surtout un patient choisi consciemment etinconsciemment pour sa question, question qui circule entre tous et au-delà, qui revient dans les cartels.Quel est lřapport, le gain ?Ça rapporte puisquřil y a <strong>du</strong> monde mais ça rapporte bizarrement. Le chef infirmier de la salle me dit : « jřaiencore plus de questions et moins de réponse quřavant la réunion mais cřétait vraiment très bien ! » Il y adonc un gain mais implicite.En cherchant plus loin, je me dis :Pour le service et pour lřéquipea) Simplement une réponse à un besoin de reconnaissance et de théorisation.b) Comme dit plus haut, lřhôpital a affaire assez directement au réel et ce réel, à notre sens, ne peutêtre élaboré que par couches successives, par des appareils psychiques différents, à des moments et desAssociation des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES53
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