08.07.2015 Views

Actes - Forums du Champ Lacanien

Actes - Forums du Champ Lacanien

Actes - Forums du Champ Lacanien

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Anne-Marie DEVAUXLřoffre <strong>du</strong> psychanalysteL’offre <strong>du</strong> psychanalysteAnne-Marie DEVAUXBrabant WallonPartons de choses simples pour aborder le thème <strong>du</strong> colloque dřaujourdřhui.Que sřest-il passé quand Freud sřest fait docile à la parole de ses premières patientes hystériques :Lucy, Emma, Katarina, Elisabeth et jřen passe… ? Ce qui sřest pro<strong>du</strong>it, ce nřest rien de moins que ladécouverte de lřinconscient et donc de la psychanalyse.Quand Freud initie ce nouveau rapport au savoir et à la parole, c'est pourtant le discours scientifique quiprévaut. Freud ne récuse pas le savoir médical de ses contemporains, il nřattaque pas de front le discoursŖdominantŗ. Il prend une autre voie, il se décentre en faisant « taire en lui la réponse médicale 1 ».Ce faisant, il ouvre une place pour un autre savoir que celui qui est au cœur <strong>du</strong> discours médical. Freud nřapas accès au savoir que détiennent ses patientes sur leurs symptômes, sur leur souffrance. Il ne maîtrise pasce savoir. Mais il creuse une place à ce manque et, <strong>du</strong> coup, cřest ce manque à savoir qui devient le moteur,lřagent dřun nouveau discours.Alors que la réponse médicale venait saturer le questionnement <strong>du</strong> sujet, Freud laisse cette place vide. Il nerépond pas, il ne juge pas, il ne décide pas, il ne tranche pas, il ne sait pas pour lřautre ni à la place de lřautre.Il lřinvite à poursuivre le fil de ses associations.Ce renversement dans le dispositif discursif réintro<strong>du</strong>it le savoir inconscient en place de vérité. Le savoirinconscient dont il sřagit est un savoir qui ne se sait pas, insu <strong>du</strong> sujet et qui ne se dit quřau travers desformations de lřinconscient (rêves, lapsus, symptômes,…). Cřest pour cela quřil nécessite quřon lřécoute. Enprincipe, on lřespère <strong>du</strong> moins, lřanalyste est ce Ŗbon entendeurŗ qui, à terme, permettra au sujet dřallerjusquřà la pro<strong>du</strong>ction des signifiants-maîtres qui organisent son désir.Mais ne nous méprenons pas sur la portée de ce dispositif. La psychanalyse ne promet pas de trouver lřobjetqui comblerait le désir. En effet, le discours de lřanalyste, sřil réintro<strong>du</strong>it le sujet, nřen pose pas moinslřimpossible de la complétude. Autrement dit, la psychanalyse nřest pas une thérapie <strong>du</strong> bonheur ni une formemoderne dřhédonisme.Le discours de lřanalyste est même à lřinverse <strong>du</strong> discours de la postmodernité. Celui-ci fait miroiter lřentièresatisfaction de nos désirs et il promet la jouissance, alors que le discours de lřanalyste pose la castrationcomme principe de jouissance limitée.Cela étant, les chants de sirène <strong>du</strong> discours <strong>du</strong> capitaliste sřimmiscent aussi dans le cabinet de lřanalyste.Nous recevons plus fréquemment des personnes qui ne formulent pas de demande dřanalyse mais quiviennent "consulter" un analyste au terme d'un parcours ponctué de rencontres hétéroclites comprenant parexemple le médecin de famille, l'ami confident, le kinésiologue, l'astrologue ou tout autre représentant del'offre "psy" <strong>du</strong> jour. J'utilise volontairement le verbe "consulter" car ces personnes sont davantage dans lamonstration déposée de leur mal-être que dans un processus de subjectivation. Elles se situent plutôt <strong>du</strong> côtédřune Ŗattente de réparationŗ que dřune réelle demande. Le "ça ne va pas" <strong>du</strong> symptôme cherche uneadresse, un accueil, une réponse. Et le sujet décline les différentes facettes de sa plainte et déploie la palettede ses difficultés, impasses, déceptions, conflits... pour mieux mettre l'analyste au travail. En effet, cerépertoire symptomatique n'exclut pas l'appel au savoir. Simplement, c'est plutôt le savoir de l'autre qui estatten<strong>du</strong> pour que le sujet soit débarassé "pour de bon" <strong>du</strong> symptôme, de sa souffrance et de son énigme.Cette nouvelle donne objecte-t-elle au recours à la psychanalyse ? Rend-elle la psychanalyse "classique"obsolète? Ou alors l'analyste devrait-il revoir sa copie et endosser de nouveaux habits pour s'adapter et1 - Lesourd S., Comment taire le sujet ?, Ramonville Saint-Agne, Humus, Ed. Érès, 2006, p. 111Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES61

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!