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éponse immune (le privilège immunologique de ces cellules<br />

mésenchymateuses est, en effet, très discuté) n’est pas nécessairement<br />

un inconvénient dès lors que les cellules ont survécu<br />

assez longtemps pour exercer cet effet paracrine, et<br />

sur ce p<strong>la</strong>n, les cellules mésenchymateuses (de <strong>la</strong> moelle sanguine<br />

ou du tissu adipeux) sont, en effet, de bons candidats,<br />

compte tenu de leur forte activité sécrétoire.<br />

A côté de <strong>la</strong> fonction des cellules, un autre facteur prédictif<br />

du résultat a été identifié : le degré de leur rétention dans<br />

le myocarde cible. Malheureusement, les observations<br />

concordent pour montrer que cette rétention est très faible.<br />

Plusieurs approches sont donc en cours d’évaluation<br />

pour tenter d’augmenter le nombre de cellules persistant<br />

dans le tissu receveur. Sans doute <strong>la</strong> plus simple est-elle fondée<br />

sur de nouveaux cathéters permettant une extravasation<br />

extravascu<strong>la</strong>ire des cellules et diminuant donc d’autant<br />

leur fuite vers les poumons ou <strong>la</strong> rate. Une stratégie plus é<strong>la</strong>borée,<br />

dont les premiers résultats cliniques ont été jugés<br />

encourageants, consiste à recourir à des moyens physiques<br />

(chocs par ultrasons) pour stimuler <strong>la</strong> production par le myocarde<br />

de facteurs susceptibles d’« attirer » les cellules circu<strong>la</strong>ntes<br />

et donc de les « figer » dans <strong>la</strong> zone cible. C’est toutefois<br />

une approche c<strong>la</strong>ssique (injection intracoronaire<br />

précoce après l’infarctus de cellules médul<strong>la</strong>ires mononucléées<br />

autologues chez des patients dont <strong>la</strong> fraction d’éjection<br />

est ≤ 45%) qui a été retenue pour être évaluée dans un<br />

vaste essai européen randomisé dont <strong>la</strong> taille (3 000 patients)<br />

devrait permettre de c<strong>la</strong>rifier <strong>la</strong> question.<br />

Résultats dans l’insuffisance cardiaque<br />

chronique<br />

Dans le cadre de l’insuffisance cardiaque chronique, les résultats<br />

publiés à ce jour n’emportent pas davantage <strong>la</strong> conviction.<br />

Qu’il s’agisse de cellules médul<strong>la</strong>ires ou de myob<strong>la</strong>stes<br />

(cellules souches squelettiques), que ces cellules soient injectées<br />

par voie épicardique lors de pontages coronaires ou par<br />

cathétérisme intracoronaire ou endocardique, aucune amélioration<br />

cliniquement pertinente n’a pu être démontrée<br />

dans les re<strong>la</strong>tivement rares études randomisées, contrôlées<br />

et en double insu. Quelques essais ont néanmoins rapporté<br />

des résultats encourageants qui concernent habituellement<br />

<strong>la</strong> fonction régionale ou <strong>la</strong> perfusion et suggèrent qu’un certain<br />

effet thérapeutique, même modeste, est néanmoins<br />

possible.<br />

Sur <strong>la</strong> base de données expérimentales concordantes, il est<br />

c<strong>la</strong>ir cependant que ce bénéfice n’est pas dû, à ce jour, à une<br />

véritable régénération du myocarde. En effet, l’espoir d’une<br />

p<strong>la</strong>sticité des cellules adultes se transdifférenciant en cardiomyocytes<br />

sous l’influence de leur nouvel environnement<br />

myocardique semble utopique. Le bénéfice inconstamment<br />

observé des injections de cellules muscu<strong>la</strong>ires ou médul<strong>la</strong>ires<br />

s’explique donc ici encore par l’effet des facteurs sécrétés<br />

par les cellules. La vraie question, non tranchée, est de savoir<br />

si ces effets paracrines de cellules transp<strong>la</strong>ntées dans des<br />

cicatrises fibreuses sont suffisamment puissants pour avoir<br />

un impact thérapeutique ou s’il ne faut pas plutôt poursuivre<br />

l’objectif initial d’un remp<strong>la</strong>cement physique des cellules<br />

myocardiques détruites, par <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation de cellules<br />

CONSENSUS CARDIO pour le praticien - N° 82 • Octobre 2012<br />

intrinsèquement douées d’un véritable potentiel de différenciation<br />

cardiomyogénique, susceptibles de s’intégrer sur<br />

le p<strong>la</strong>n électromécanique dans le myocarde receveur et pouvant<br />

ainsi contribuer à améliorer sa fonction contractile.<br />

SCIPIO et CADUCEUS : deux essais cliniques<br />

utilisant des cellules cardiaques<br />

C’est dans ce contexte qu’une forte publicité, liée à l’excellence<br />

scientifique du journal qui a publié ces résultats et<br />

re<strong>la</strong>yée par les médias, a été donnée à deux essais cliniques<br />

qui ont utilisé des cellules cardiaques. Identifiées même comme<br />

des cellules souches cardiaques dans le premier (SCIPIO), elles<br />

ont été isolées (sur <strong>la</strong> base d’un marqueur spécifique) et cultivées<br />

in vitro à partir d’une biopsie de l’auricule droit réalisée<br />

lors d’une intervention de chirurgie cardiaque, avant<br />

d’être réinjectées par voie intracoronaire quelques semaines<br />

plus tard (2) . Les spécialistes s’accordent aujourd’hui à reconnaître<br />

que <strong>la</strong> multitude de failles méthodologiques entachant<br />

cet essai ne permet pas de conclure que ces cellules<br />

ont réellement exercé un effet « régénérateur » et jette<br />

même un doute sur le bénéfice fonctionnel rapporté. Au<br />

demeurant, l’existence même de cellules souches cardiaques<br />

dans le cœur humain adulte et a fortiori pathologique, qui<br />

seraient susceptibles d’être mobilisées et de se substituer<br />

aux cardiomyocytes détruits, est fortement discutée.<br />

Plus modeste dans ses ambitions (on y parle de cellules cardiaques<br />

sans préjuger de leur caractère de cellules souches),<br />

le second essai (CADUCEUS) a consisté à prélever un fragment<br />

de muscle ventricu<strong>la</strong>ire droit par biopsie transjugu<strong>la</strong>ire,<br />

à en isoler des cellules qui semblent assez hétérogènes,<br />

avec une forte composante mésenchymateuse et à les réinjecter,<br />

comme dans l’étude précédente, par voie intracoronaire<br />

(3) . Ici encore, les résultats sont jugés positifs par les<br />

auteurs, même si certains s’interrogent sur le fait que le<br />

bénéfice, établi par l’IRM sous forme d’une réduction de <strong>la</strong><br />

zone nécrosée, ne s’accompagne pas d’une amélioration de<br />

<strong>la</strong> fonction cardiaque. L’évaluation de cette stratégie va<br />

néanmoins se poursuivre sous <strong>la</strong> forme d’un plus vaste essai<br />

randomisé (ALLSTAR) qui utilisera le même type de cellules,<br />

mais d’origine allogénique. Le fait que les auteurs assument<br />

l’hypothèse de <strong>la</strong> disparition, par rejet, de ces cellules traduit<br />

bien que dans leur esprit, elles agissent plus ici encore<br />

par des effets paracrines que par <strong>la</strong> formation d’un tissu<br />

contractile.<br />

Cette génération d’un nouveau myocarde ne semble en fait<br />

pouvoir être obtenue que par des cellules souches pluripotentes,<br />

prédifférenciées in vitro vers un phénotype cardiaque<br />

ou plus généralement mésodermique (avec alors possibilité<br />

d’une différenciation à <strong>la</strong> fois cardiaque et vascu<strong>la</strong>ire) avant<br />

d’être transp<strong>la</strong>ntées. C’est cette approche qui explique l’intérêt<br />

porté aux cellules souches embryonnaires dérivées<br />

d’embryons très précoces (4-6 jours après <strong>la</strong> fécondation)<br />

conçus dans le cadre d’une aide à <strong>la</strong> procréation et ne faisant<br />

plus l’objet d’un projet parental. Leur utilisation clinique<br />

n’est plus un mythe puisque deux essais sont en cours :<br />

- l’un a utilisé ces cellules prédifférenciées en oligodendrocytes<br />

pour réparer des lésions traumatiques de <strong>la</strong> moelle<br />

épinière (il a été interrompu pour des raisons financières) ;<br />

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