Etats généraux de l'enseignement du français en Afrique ...

LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE FRANCOPHONEdes langues, la mise en place d’une structure permanente de concertation sur leslangues (le CIFLA), etc.Cette démarche, non plus, n’est pas nouvelle ; elle s’inscrit, tout simplement, dans lavolonté de nos pères fondateurs qui voulaient que la Francophonie soit le laboratoire du« dialogue des langues et des cultures ».Depuis lors, la Francophonie est, sans doute, la première organisation à avoir combattuune certaine vision de la mondialisation, avant même que ce mot existe.La Francophonie n’entend pas lutter contre un impérialisme culturel en créant, àl’intérieur de notre communauté de cinquante-cinq États, un impérialisme linguistique.Le Français est, à nos yeux, davantage un moyen qu’un objectif : moyen d’éducation etd’accès à la modernité, moyen de dialogue au plan international, moyen pour soutenirla diversité culturelle et linguistique.Nos ministres de la culture à Cotonou, en 2001, ont adopté une « déclaration sur ladiversité culturelle » qui a trouvé ses prolongements dans la « déclaration universelle del’Unesco sur la diversité culturelle ». Avec force, cette question a été reprise par les Chefsd’État et de gouvernement à Beyrouth, lors du Sommet francophone consacré au« dialogue des cultures ».Aujourd’hui, après Cotonou, Beyrouth (sans oublier le Sommet de Dakar de 1989 quiavait déjà abordé le problème des langues et des cultures), nous entendons nousmobiliser et placer la Francophonie à l’avant-garde de ce combat pour la diversitéculturelle.Au moment où la mondialisation apparaît davantage comme le moyen de toutuniformiser, de tout simplifier, de tout réduire, comment ne pas tout faire pour lamaîtriser, se l’approprier et en faire un instrument d’affirmation et d’échanges, de nossingularités, de nos richesses, de nos différences ?Partout, dans le monde industrialisé des mouvements se battent, à juste titre, contre lapollution des villes, contre la pollution des champs ; et pourtant les maux qu’ilsdénoncent ne sont pas totalement irréversibles.Le jour où les villes seront trop polluées par les voitures, il sera possible d’interdirel’automobile ; le jour où l’on estimera que le maïs transgénique est un danger, on pourraen revenir aux cultures traditionnelles.Mais, qui se bat contre la pollution irréversible des esprits et des âmes ? Qui se bat,aujourd’hui, avec force et détermination pour sauver nos traditions orales, les chants denos griots, notre formidable patrimoine culturel ?Tous les quinze jours, une langue disparaît définitivement dans le monde !LIBREVILLE (GABON), 17 AU 20 MARS 200335