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Etats généraux de l'enseignement du français en Afrique ...

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LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE FRANCOPHONENous prés<strong>en</strong>terons dans cette communication les indicateurs permettant d’ai<strong>de</strong>r à ladéfinition d’un français <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce dans une situation <strong>de</strong> langue secon<strong>de</strong>.Le français a été intro<strong>du</strong>it par superposition au Sénégal comme dans l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>l’<strong>Afrique</strong> occi<strong>de</strong>ntale française (AOF). Cette langue prestigieuse n’a jamais pu sesubstituer dans le champ communicatif quotidi<strong>en</strong> et familier <strong>de</strong>s populations auxlangues <strong>de</strong> souches nationales. La complém<strong>en</strong>tarité s’est imposée comme règlesociolinguistique d’aménagem<strong>en</strong>t ou <strong>de</strong> planification linguistique. Le français, <strong>du</strong>rant lapério<strong>de</strong> coloniale, bénéficiait d’un prestige certain mais avait toujours été considérécomme langue <strong>de</strong> la colonisation et surtout <strong>de</strong> l’acculturation. La politiqueassimilationniste <strong>du</strong> colonisateur s’est toujours heurtée à une résistance très forte <strong>de</strong> lamajorité <strong>de</strong>s populations. C’est ainsi qu’aller à l’école était considéré comme une pertesociale par la communauté. La première conséqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> cette situation est la ré<strong>du</strong>ction<strong>de</strong>s domaines d’usage réel <strong>du</strong> français et la rareté <strong>de</strong> son appr<strong>en</strong>tissage. L’école etl’administration coloniale sont les institutions qui ont servi à véhiculer la langue et laculture françaises. C’est pourquoi la première génération d’Africains formée par l’écolecoloniale avait acquis une belle performance <strong>en</strong> français car le comportem<strong>en</strong>tlinguistique à l’oral est le reflet <strong>de</strong> la compét<strong>en</strong>ce à l’écrit. La référ<strong>en</strong>ce proposée à cettegénération scolarisée était le français classique avec sa syntaxe et ses emplois littéraires.Parler et écrire un français soigné étai<strong>en</strong>t une finalité qui garantissait un emploi <strong>en</strong>vié et<strong>en</strong>viable.Les hommes politiques <strong>de</strong> la trempe <strong>de</strong> Léopold Sédar S<strong>en</strong>ghor, Lamine Guèye,Mamadou Dia pour le Sénégal, Sékhou Touré pour la Guinée, Houphouet Boigny pour laCôte d’Ivoire, Modibo Keita pour le Mali, Patrice Lumumba <strong>de</strong> la Républiquedémocratique <strong>du</strong> Congo ainsi que les cadres nationaux <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> coloniale et aprèsles indép<strong>en</strong>dances ont servi <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce à la jeune génération montante. On admirait laqualité <strong>de</strong> leur français qui se confondait aux fonctions qu’ils occupai<strong>en</strong>t dansl’administration ou dans l’organisation politique <strong>de</strong> la cité. Les attributs <strong>de</strong> cette qualitésont une correction irréprochable <strong>de</strong> la langue, une très bonne diction qui ne laisseapparaître aucune trace d’interfér<strong>en</strong>ces possibles et une stylistique digne <strong>de</strong>s grandsauteurs et hommes politiques <strong>de</strong> France. Le fétichisme <strong>de</strong> l’écrit littéraire et la maîtrise<strong>de</strong> l’orthographe étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rigueur. Cette compét<strong>en</strong>ce était le résultat d’un<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>du</strong> français qui reposait ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sur le triptyque : languecivilisation-littératurefrançaises où l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t grammatical était un pilierincontournable.Au Sénégal, les discours <strong>du</strong> Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République, Léopold Sédar S<strong>en</strong>ghor, <strong>du</strong>prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Cour Suprême à l’occasion <strong>de</strong> la r<strong>en</strong>trée <strong>de</strong>s cours et tribunaux ou <strong>de</strong>sprestations <strong>de</strong> serm<strong>en</strong>ts (fonction occupée par Ousmane Goundiame, Kéba Mbaye,etc.) étai<strong>en</strong>t très att<strong>en</strong><strong>du</strong>s par la population intellectuelle qui s’émerveillait <strong>en</strong> les<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant déclamer leurs propos marqués par le sceau d’une gran<strong>de</strong> culture littéraire etphilosophique. Les Ministres <strong>de</strong> la République étai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t soumis au mêmeexercice <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ce linguistique <strong>en</strong> français (et cela parfois au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong>slangues nationales) ainsi que les <strong>en</strong>seignants dont la fierté reposait dans la qualité etl’élégance <strong>de</strong> leur style. D’ailleurs, seuls les meilleurs élèves <strong>de</strong> l’école coloniale étai<strong>en</strong>t<strong>de</strong>stinés à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t. Ils représ<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t la bonne graine chargée <strong>de</strong> propager58LIBREVILLE (GABON), 17 AU 20 MARS 2003

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