Robert Cerruti, Les cinémas de Nyon des origines à nos jours

Municipalité de la commune de Nyon. Nyon, le 28 mai 1928.Monsieur le Syndic et Messieurs,Charles Pécaut, représenté par Eug. Genton, à Nyon, protes-te vivementcontre les oppositions formulées au sujet de la construction d'un cinéma à Nyon.Il maintient sa demande de permis de construction et donne encore lesrenseignements ci-après :Ordre moral et social.La liberté du commerce est garantie par la constitution fédérale. Le fait qu'ilexiste déjà deux cinémas à Nyon n'est pas un argument suffisant pour motiverune opposition, surtout si l'on tient compte que les locaux où sont installés cesdeux cinémas n'ont pas été édifiés dans ce but, ce sont des locaux de fortune etne présentant pas de garantie de sécurité telles que celles données par laconstruction projetée.Ordre public et économique :La construction d'un nouveau cinéma à Nyon ne nuit en aucune façon [à] laconstruction d'une grande salle. Et le vieux théâtre transformé en cinémaconstituera un établis-sement de fortune d'une grande insécurité pour le public.Ordre technique :Charles Pécaut construit un cinéma en se conformant à tous les règlements,arrêtés et lois sur la matière. Toutes les projections seront soumises aupréalable à l'autorité compétente, on ne peut donc prétendre que la moralitépublique courra un danger de plus.[…] Enfin, Monsieur Pécaut rappelle que sa construction est moderne, faitespécialement dans le but de l'exploitation d'un cinéma, que l'architecte chargédu travail a déjà édifié plus de 40 établissements de ce genre en Suisse. […]Riposte argumentée de M. Pécaut à la Municipalité 167 .La Municipalité transmet la lettre de protestation de M. Genton auDépartement de justice et police, qui possède déjà le dossierd'enquête. Par l'intermédiaire du Préfet de Nyon, le Département dejustice et police répond au mois de juin 1928 que l'on ne peut pass'opposer à l'édification de nouveaux cinématographes si les dispositionsen vigueur sont respectées.Le 12 juillet 1928, le Département militaire et des assurancesprécise que le théâtre, qui est tout en bois à l'intérieur et dontl'aménagement présente de sérieux dangers d'incendie, ne peut pasêtre transformé en cinéma, car malgré les modifications prévues cetétablissement ne répondra pas aux dispositions essentielles de l'arrêtédu 4 octobre 1927 concernant les cinématographes et dépôts de films.Le 6 août 1928, après moult tergiversations, la Municipalité décideenfin d'octroyer le permis de construire sous réserve de l'observationdes conditions imposées par les Départements de justice et police,167 ACN BLEU K-321.35.- 113 -