Robert Cerruti, Les cinémas de Nyon des origines à nos jours

de monnaie. Les Nyonnais avaient assisté à la démonstration de cetappareil lors de l'exposition présentée dans la petite salle du Café duSoleil. Ce café, tenu par Monsieur Jules Recordon, était situé dansl'immeuble qu’occupe actuellement la Caisse d'épargne de Nyon à la rueSt Jean. L’aspect général de cet immeuble n’a pratiquement pas changé.Les exhibitions avaient eu lieu les 6 et 7 avril 1895, à la même périodeque celles qui sont proposées à Lausanne et à Genève. Des auditionsphonographiques sont diffusées simultanément.Une nouvelle et intéressante opportunité est offerte au publicromand et aux germanophones avec « A l'Ouest rien de nouveau » (« AllQuiet on the Western Front », Lewis Milestone, USA, 1930). Ce filmest présenté en alternance en version française et allemandepostsynchronisée. La réalisation de ce type de film nécessitait àl'époque la double prise de vue des scènes avec des acteurs bilingues.Les acteurs monolingues étaient remplacés par d'autres parlant ladeuxième langue.La projection de cette adaptation américaine du fameux romanpacifiste d’Erich Maria Remarque, Im Western nichts neues (1929),suscite la réaction nuancée d’un “officier suisse, ennemi convaincu del’antimilitarisme”, qui commente le livre sans avoir vu l’œuvre deMilestone. Le C.C. octroie une large place à cette discussion, ce quitémoigne d’autant plus de l’importance donnée à ce film que les journauxnyonnais ne publiaient pas de critiques cinématographiques.A propos d’un film« J’apprends qu’un cinéma de Nyon va prochainement projetersur son écran le film « A L’Ouest, rien de nouveau », film composéd'après le roman de Remark [sic]. Cette nouvelle me pousse à fairepart ici de certaines réflexions dans le désir que la pensée del’auteur ne soit pas méconnue ni dénaturée.Interdit dans les Etats d'humeur belliqueuse, ce film a ungrand succès dans les autres pays. D'aucuns le critiquent commeétant déprimant, défaitiste, antimilitariste, d'autres l'approuventparce qu'il met au jour les horreurs de la guerre.Sauf quelques exceptions, nous ne sommes pas desantimilitaristes nous autres Vaudois, au contraire; nous sommesmême quelque peu cocardiers, cependant nous souhaitonsprofondément et intensément la paix. Nous sommes sincèrementpatriotes et désirons le rester pacifiquement... et pourtant le jouroù la mobilisation serait ordonnée, chacun serait prêt à faire sondevoir, sinon avec un enthousiasme guerrier, du moins avec rageprofonde contre le trouble fête et avec la ferme volonté de frapperfort s'il y a lieu de frapper.- 128 -