Robert Cerruti, Les cinémas de Nyon des origines à nos jours

CORRESPONDANCETrop de cinémas. - On nous écrit du cercle de Coppet :Un correspondant écrivait dans le « Journal » du 17 écoulé, un articlepour protester contre la surabondance des cinémas à Nyon ; je medemande aussi pourquoi on tolère l'ouverture d'un nouveau ciné dans lapetite ville qu'est Nyon. Sauf erreur cela porterait avec les deux nouvellesdemandes, qui soi-disant vont être déposées, à cinq le nombre de ces lieuxde plaisir. Il faut croire que ceux qui existent actuellement sont beaucouptrop petits maintenant, pour satisfaire le public assoiffé plus que jamaisd'aventures tragiques et romanesques ; à grands fracas, sur nosquotidiens, on annonce l'arrivée d'une vedette de l'écran, et si par hasardon augmente le prix des places la salle n'en sera pas moins comble, voiremême jusqu'au « poulailler », alors on ne récriminera pas, mais si par unsingulier retour des choses, le lait hausse d'un demi centime seulement,et que pain et pommes de terre subissent le même sort, comme il en seraprobablement le cas cette année, on criera comme des « pies ».D'autre part, je ne serais pas étonné de ce que la plupart de ceshabitués de cinéma diminuent leur ration quotidienne de pain et de laitafin de pouvoir satisfaire leur soif de plaisir. Il y a évidemment le boncinéma, ces beaux films saints [sic] et instructifs, que viennent parfoistourner dans nos villages, certains opérateurs ; certainement nous aimonsvoir défiler devant nos yeux, les tableaux si pittoresques de notre beaupays, de ces séances nous en remportons le plus beau souvenir, et nouspouvons y envoyer sans crainte nos enfants, malheureusement elles sontencore trop rares.Oui, il serait temps quand même de sévir contre le développementinquiétant de ces établissements dans notre chef-lieu de district.P. Jean-Louis agri.J.N., 22 août 1928.Début octobre 1928, le même journal fait paraître un long texte deRobert Jaquillard, commandant de la Police cantonale, qui contribueavec pondération au débat. Cette analyse d’un homme de terrain,confronté par fonction à la question de la censure cinématographique,mérite d’être largement citée ici.Cinématographe et criminalité.Tous droits réservésDans la constellation des arts, le benjamin d'entre eux, le cinématographeest, sans contexte, depuis quelques années, un astre grandissant, jouissant del'immense faveur des foules. Partout les établissements cinématographiquespoussent comme des champignons, se multiplient trop, d'ailleurs, tandis queles films eux-mêmes sont jetés sur le marché à telle profusion, que, pourbeaucoup d'entre eux, l'offre dépasse la demande. […]Quoi qu'il en soit, la photographie animée tend, de plus en plus, àparticiper intimement aux diverses manifestations de la vie journalière;documentaire, le cinéma est présentement incorporé aux programmesscolaires, qu'il s'agisse d'instruction primaire ou secondaire, d'études- 115 -