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juin 2012 - BIR HAKEIM – 70 ans

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CARNETScompagnie. Je souhaite qu’il arrive bien vite parmi nous. Parmiceux du LAD, il nous manque Roudeillac, on ne sait pas ce qu’ilest devenu ; Auger a été blessé ainsi qu’un Tahitien. Le commandantSavey 23 , qui a pris la suite du colonel Broche, a été tué ; il n’a gardéle commandement du bataillon que 36 heures.À 1 heure, nous avons reçu l’ordre de nous préparer pour partir à2 heures. Nous préparons nos camions, puis nous tironsquelques pièces sur le camion de L. qu’on a dû laisser, car il agrillé une bielle. Ensuite nous sommes partis direction Le Caire.Nous nous sommes arrêtés d<strong>ans</strong> la nuit à environ 20 km de SidiBarrani. Ce soir, Tatave est venu bavarder avec moi avec d’autrescopains. Mornaghini nous a payé un coup de bière, nous avonsfait un coup de thé. J’ai gardé Tatave pour coucher d<strong>ans</strong> moncamion. En ce moment, il est d<strong>ans</strong> les bras de Morphée. Je lui ailaissé mon établi. Je vais arrêter pour faire comme lui, car il est aumoins 2 heures du matin. Je vais coucher par terre avec Dremon.Bonsoir.Samedi 13 <strong>juin</strong>, 401 e jourDès le réveil, ce matin, nous avons continué sur Sidi Barrani. Jen’ai pas conduit, c’est toujours Blanchet mon chauffeur. Je mesuis levé ce matin avec un peu la gueule de bois, car j’ai très peudormi, je n’ai fait que rêver. Après une heure de marche, nousnous sommes arrêtés environ à 5 ou 6 km de Sidi Barrani. Nous ysommes restés toute la journée. Aussitôt arrivés, nous avons faitun coup de café. D<strong>ans</strong> la journée, j’ai eu un peu de travail, toujoursdes groupements d<strong>ans</strong> ce camion et toujours la discussion sur lemême sujet : la retraite de Bir Hakeim. Je crois que l’on en parleralongtemps ! Beaucoup de copains ne sont pas encore là, je croisque le bataillon a été assez touché. Ce soir, nous avons puécouter les nouvelles du Caire, avec un poste que Pannetier 24 m’adonné à Bir Hakeim. Pendant que je fais mon journal, Lemaîtrefait de la musique. Quelle différence avec la vie de Bir Hakeimpendant ces derniers jours, c’est le paradis maintenant. Je vaisarrêter : les copains me réclament pour faire une belote au son dela musique.Dimanche 14 <strong>juin</strong> 1942, 402 e jourCe soir, je fais mon journal au son de la musique, et égalementdes vagues qui viennent battre les rochers. Ce matin, à 8 heures,quelques compagnies du bataillon ont été rassemblées pourcontrôler les armes, ensuite le père Podevigne 25 nous a ditquelques paroles, pour nous rappeler notre cher colonel Broche,puis les camarades morts ou disparus, puis bénédiction dubataillon pour le retour du combat. Drôle de coïncidence, car, lapremière fois avant le feu, la bénédiction du bataillon a eu lieu àenviron une dizaine de kilomètres d’ici. Vers les 11 heures, nousavons démarré, nous avons fait une vingtaine de kilomètres,nous nous sommes installés près du bord de mer. Il y a bien longtempsque je n’ai respiré d’air aussi pur ; après six mois de bled,cela fait du bien, surtout après un coup dur. Ce soir, j’ai apprisque, pendant la nuit où nous avons percé les lignes, une ambulanceavait pris feu, le chauffeur ayant été tué, les blessés ont été brûlésvifs. La liste des manquants augmente chaque jour. Je crois que,d’’ici quelques jours, nous saurons exactement le nombre demorts ou disparus. Ce soir, Charbonnel 26 est arrivé, nous avonsété heureux de le revoir, car on pensait bien qu’il avait été touchéd<strong>ans</strong> la bagarre. D<strong>ans</strong> l’après-midi du 10 <strong>juin</strong>, un bombardieranglais a laissé tomber par erreur une bombe à air comprimé surle GSD 27 tuant 16 blessés, dont un Calédonien, Devaux 28 .Hiersoirj’étais bien contrarié, je me suis aperçu que j’avais perdu lachevalière qu’Yvette m’avait donnée. La messe des morts, quidevait avoir lieu aujourd’hui, a été renvoyée à demain, 9 heures.Je vais en profiter pour continuer et faire luire mon écusson. Cesera un jour inoubliable. Plus rien d’autre pour aujourd’hui. Jevais arrêter pour mettre mon petit journal à jour.Lundi 15 <strong>juin</strong> 1942, 403 e jourCe matin, à 9 heures, a eu lieu le service religieux pour les mortstombés à Bir Hakeim. Nous y sommes allés en auto, à environ2 kilomètres d’où nous étions. Presque toute la division s’y trouvait ;il n’y a pas eu de communion. J’avais apporté mon écusson, maisje n’ai pas pu le faire bénir. Les prêtres étaient encadrés par desofficiers supérieurs. Deux femmes étaient là ; elles font partie duGSD, car il ne faut pas oublier que, pendant toute cette bagarre,ces femmes soignaient les blessés pendant la retraite. C’est unefemme 29 qui conduisait la voiture du général Guenille 30 [sic].Après la messe je suis revenu à mon camion, puis j’ai fait marchermon charge-batteries pour avoir un peu d’éclairage le soir etpour faire marcher le poste de TSF. En ce moment, j’écris au sonde la musique, j’ai le casque près de moi ; les copains sontcouchés par terre d<strong>ans</strong> le camion. Cet après-midi, ils sont allésprendre un bain de mer. Je n’ai pu y aller à cause de mon moteur,que j’ai dû surveiller. Au retour du bain, Dremon a porté monécusson au père Podevigne pour le faire bénir. Il est resté enextase devant ! J’ai eu la précaution de coller une carte au dos etje lui ai fait noter quelques lignes pour qu’il ait plus de valeur. Lepère m’a fait dire que, d’ici quelque temps, il le fera photographierpour faire un modèle carte postale avec, de chaque côté, la photode nos deux officiers morts à Bir Hakeim.Cet après-midi, j’ai lu une note du général Guenille [sic], félicitantles forces françaises, disant que nous avons détruit 50 chars,15 voitures blindées, de nombreux véhicules, 7 avions, fait154 prisonniers italiens et 125 allemands. Ce soir, au ravitaillement,nous avons eu de la viande fraîche, nous nous sommes régalésavec de bons beefsteaks et des pommes de terre frites. Il y a bienlongtemps que nous n’en avions pas mangé ! Demain, nousdevons partir pour El Daba, après la visite du colonel de Roux 31 .Je ne vois plus rien pour aujourd’hui. Je vais arrêter pour parlerun peu avec les copains.23Jacques Savey, né en 1910 à Brest, prêtre dominicain, lieutenant de réserve, mobilisé en 1939 d<strong>ans</strong> les services de renseignement au Levant, rallié aux FFLle 31 août 1940, d’abord commandant de compagnie au 1 er BIM, Nommé commandant du 1 er BIM (<strong>juin</strong> 1941), puis commandant du bataillon duPacifique (10 <strong>juin</strong> 1942), tué d<strong>ans</strong> la nuit du 10 au 11 <strong>juin</strong>.24Jean Pannetier, né en 1918, engagé d<strong>ans</strong> les Forces françaises libres à Nouméa en septembre 1940.25Le père Jean-Baptiste Podevigne (1902-1972), missionnaire aux îles Salomon avant 1939, devenu aumônier du bataillon du Pacifique à Nouméa (avril1941), présent à Bir Hakeim. Il sera ensuite aumônier du groupe de bombardement « Lorraine » et, après la guerre, aumônier de la Marine à Toulon.26Charles Charbonnel, né en 1921, engagé d<strong>ans</strong> les Forces françaises au Liban en août 1941.27GSD : Groupe sanitaire divisionnaire.28Max Devaux, engagé d<strong>ans</strong> les Forces françaises libres au Liban en mars 1941.29Susan Travers (1909-2003), chauffeur et compagne du général Kœnig, seule femme présente à Bir Hakeim pendant le siège.30Le général Kœnig.31Le colonel Robert de Roux, né en 1899, commandant le bataillon des tirailleurs de l’Oubangui-Chari en 1939, rallié à la France Libre en juillet 1940,nommé commandant du BM2 (octobre 1940), puis de la demi-brigade coloniale, comprenant le BM2 et le bataillon du Pacifique (octobre 1941). Il se tuerad<strong>ans</strong> un accident d’avion au Liban (23 août 1942) et sera fait compagnon de la Libération (9 septembre 1942).Juin <strong>2012</strong> • N° 44 l 43

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