MÉMOIRESaccomplir de jour, ce n’est qu’à l’approche de l’aube que j’ai pu,enroulé d<strong>ans</strong> une couverture, recroquevillé d<strong>ans</strong> mon trou, dormirun peu. Assommé de fatigue, je n’ai rien entendu des rafales d’obuset de mitrailleuses qui passaient à intervalles plus ou moinséchelonnés.Mission d<strong>ans</strong> le secteur du bataillon du PacifiqueIl est à peine sept heures. Je suis réveillé en sursaut par unesentinelle qui me demande de me rendre immédiatement au PC dugénéral Kœnig. Il y a un brouillard très dense qui couvre entièrementla position. Mal réveillé, je me hâte vers le PC ; je suis tr<strong>ans</strong>i de froid.La canonnade, plus importante que celle de la nuit, ne s’est pasencore totalement déclenchée, contrairement aux jours clairs où, àcette heure matinale, elle devenait infernale. Nous bénéficions de cerépit grâce à ce providentiel brouillard.J’arrive s<strong>ans</strong> encombre près du général qui me donne un message àtr<strong>ans</strong>mettre d’urgence au bataillon du Pacifique. Il ne peut êtretouché par radio, leur poste ayant été détruit la veille par une bombequiavaittuélechefdebataillon 2 et son adjoint. Le téléphone, coupéde nuit par les obus, n’était pas encore réparé. Le 2 e bureau avaitcapté, peu avant l’aube, des conversations sur les radios allemandes,des informations laissant prévoir une attaque importante sur lefront du BP 3 au lever du jour. Il fallait donc les informer avant le leverdu rideau nuageux qui a retardé les opérations.Le BP, à 1,5 km du PC, couvre la partie sud-ouest de la position, celleoù se trouve le fortin près de la citerne. Pour accéder au PC dubataillon, il y a un glacis rocailleux en légère déclivité, après le fortin,face aux tranchées allemandes, dont les postes avancés sont à moinsde 400 m derrière le champ de mines.Me voici en route, protégé par le brouillard. Je n’ai pas trop dedifficultés. Je connais ce chemin que j’ai déjà plusieurs foisemprunté, même de nuit. Je remarque toutefois que de nombreuxrepères ont été détruits ou modifiés par le pilonnage intense de la veille.Arrivé depuis peu de temps au but de ma mission, le brouillardcommence à se dissiper, sous l’effet des rayons du soleil déjàardents. En quelques minutes se déclenche, prélude à l’attaque, uneviolente canonnade d’une vigueur peu habituelle. Il me faut rentrerà ma base et remonter, en pleine vue, ce fameux glacis où les seulesprotections sont les trous d’obus ou de bombes peu profonds d<strong>ans</strong>le silex. Dès que j’eus attaqué le début de la faible pente, enbondissant d’un trou à l’autre, m’écorchant coudes et genoux d<strong>ans</strong>la pierraille, je suis repéré par une mitrailleuse de la première ligneallemande qui me prend en ligne de mire. Les cailloux volent enéclats sur le bord du trou d<strong>ans</strong> lequel je reste blotti un bon moment.J’attends le passage de plusieurs rafales et, d<strong>ans</strong> la fraction deseconde suivant, celle qui m’a paru la plus longue, j’effectue unnouveau bond. Mon refuge est moins profond, mais c’était le plusproche. Aussitôt une mitraille qui me glace le sang se déclenche. Àen juger par les impacts, il doit y avoir deux armes automatiques quime visent cette fois. Je n’ose plus faire un mouvement, malgré maposition très inconfortable. De plus, j’ai récupéré, d<strong>ans</strong> l’œil droit,de la poussière de la dernière rafale qui me fait pleurer et meprovoque une douleur presque intolérable.Les camarades des postes avancés que j’ai quittés quelques instantsplus tôt ont compris mes difficultés car ils déclenchent un feud’enfer sur les positions allemandes (j’ai su plus tard qu’il s’agissaitde l’infanterie de la 90 e division légère dont les mitrailleuses étaientsituées entre 5 et 600 mètres).J’ai vite compris que mon salut était de profiter de cette couverture.J’effectue encore plusieurs bonds en zigzag pendant cette provisoirediversion. Je ne suis pas encore arrivé aux tranchées decheminement, qui partent du fortin en haut du glacis, qu’à nouveaules balles sifflent et percutent autour de moi. J’attends encorequelques minutes. Je profite alors du déclenchement du tir debarrage d’une batterie de 75 située à une centaine de mètres au nordqui arrose copieusement les retranchements allemands avancés.Cette couverture bienvenue me permet de franchir la fin du glaciset de rentrer s<strong>ans</strong> plus de problèmes, si ce ne sont les obus qui fusentmaintenant de toutes parts et m’obligent à de spectaculairesplongeons, mais cette fois moins meurtrissant que d<strong>ans</strong> les caillouxdu glacis.Je rejoins l’état-major en passant par le poste de secours pourp<strong>ans</strong>er mon genou qui saigne beaucoup, mais surtout laver mon œilqui me fait horriblement souffrir. Et me revoici d<strong>ans</strong> mon trou.Il n’est pas loin de 8 h 30.Sur un réchaud de fortune composé d’un demi-tank à essencerempli de sable imbibé de carburant, d<strong>ans</strong> ma gamelle posée surune grille en fil barbelé, je fais en vitesse un peu de thé avec madernière petite réserve d’eau et grignote quelques biscuits secs. Jen’avais rien d<strong>ans</strong> le ventre depuis la veille 18 heures et cela meréconforte. Puis, je vais porter, d<strong>ans</strong> un bidon, un quart de thé aucommandant Masson qui n’a pas fermé l’œil depuis deux nuits et luirendre compte de l’exécution de ma mission.À présent, le pilonnage d’artillerie est à son point culminant. Nousavons quatre batteries de canons de 75 autour du PC qui tirent ellesmêmess<strong>ans</strong> relâche. Le bruit infernal des éclatements et des départsest si intense qu’il faut se crier près des oreilles pour s’entendre.Depuis un quart d’heure environ, une batterie de mortiers a pris lePC de la brigade en objectif. Nous occupons pratiquement le centrede la position et, du fait de l’encerclement total, nous récupérons unmaximum de projectiles de tous calibres. Le tir plongeant desmortiers a l’air de faire beaucoup de dégâts d<strong>ans</strong> la compagniede QG.En courant, sautant, rampant, bondissant, j’arrive au trou couvertd’une tente à armature métallique où loge le commandant. Il estsitué à une soixantaine de mètres de mon abri personnel. Lecommandant déguste un quart de thé chaud qui le revigore un peu.Je lui fais le compte-rendu de ma première liaison de la journée.Puis il me dit :«Minou(c’est mon nom de guerre), nous ne pourrons tenir un jourde plus d<strong>ans</strong> notre situation, sinon ce sera le massacre total de labrigade comme cela l’a été de la brigade hindoue à 4 km au nord deBir Hacheim. La 8 e armée britannique, sur la demande du généralKœnig, doit nous aider à sortir de ce guêpier. Il attend des instructionsà ce sujet. Étant donné l’état du front anglais, d<strong>ans</strong> la négative, noussommes foutus !Mettez très vite, avec Pigois et Fauvart, les machines en parfait état etsoyez prêts à diffuser un ordre général écrit d’instructions pourl’évacuation de vive force de la position, suivant un plan que nousallons mettre au point avec le général, dès que nous aurons desnouvellesdela7 e division britannique sous l’autorité de laquelle setrouve la brigade. J’espère que ce sera pour la nuit prochaine car nousmanquerons de munitions et totalement d’eau ! »La chaleur est devenue étouffante. Notre ration d’eau perçue la nuitest d’un litre pour la journée, c’est dire qu’il n’y en a pas une goutteà gaspiller. Il nous serait effectivement difficile de passer un jour deplus s<strong>ans</strong> risquer la déshydratation. Il doit faire une soixantaine de2Félix Broche (NDLR).3Le bataillon du Pacifique (NDLR).66 l Juin <strong>2012</strong> • N° 44
MÉMOIRESdegrés au soleil. La poussière, l’odeur acre de la poudre dessèchentet brûlent la gorge, les muqueuses du nez et les bronches sont enfeu. C’est une sensation très désagréable et difficile à supportermalgré l’entraînement quotidien.Je pars au trou, où nous avons installé notre bureau, passer lesconsignes à Pigois et Fauvart, mes camarades secrétaires. Nous nousmettons à nettoyer et désensabler la machine à écrire et leduplicateur. La machine, démontée, lubrifiée, remontée, est enparfait état. Fauvart s’apprêtait à l’emmailloter lorsqu’un obus degros calibre tombe très près de notre abri. La tôle ondulée, posée surdes arceaux de bâche de camion, couverte de terre, qui forme le toitprécaire de ce refuge, est soulevée comme un fétu de paille. Unocéan de sable s’engouffre d<strong>ans</strong> le trou, submergeant notre outil detravail. Il faut tout recommencer ! D<strong>ans</strong> le bouleversement, lamachine, posée sur la table faite d’une planche sur deux bidonsvides, est tombée, coincée entre un bidon et la banquette de sacs desable qui sert de siège.Le local, si l’on peut dire, où nous travaillons, mesure 1,5 m², 1,5 mde profondeur avec un étroit boyau d’accès en L, le tout soutenu pardes sacs de sable. D<strong>ans</strong> un coin du carré, un triangle de 30 cm decôté environ est ouvert pour l’aération et la lumière. Ce triangle estprotégé par un morceau de toile de tente tendu à 30 cm de haut surdes piquets. Cette cheminée nous permet tout juste de tenir d<strong>ans</strong> cefour qu’est devenu notre « bureau » dès 9 heures du matin.Le souffle nous a roulés les uns sur les autres. Nous sommes toutruisselants de sueur, couverts de poussière, prêts à suffoquer. Il nousfaut reconstruire ce « bureau » souterrain. Travail dangereux, àdécouvert pour refaire le toit, éreintant à remuer toute cette terred<strong>ans</strong> un temps record. Aussitôt terminé, la machine est redémontée,renettoyée. D<strong>ans</strong> le choc de la chute, plusieurs éléments ont étéfaussés et c’est à présent un travail de bricolage mécanique qu’ilnous faut exécuter pour lui redonner vie et efficacité. Le duplicateur,de son côté, a beaucoup souffert. Envahi de poussière impalpable,il faut démonter les rouleaux encreurs, les laver à l’essence, ce quinous asphyxie à moitié, nettoyer la mécanique bloquée par le sableet remonter toujours à toute vitesse. Notre équipe est rodée et biensoudée et nous voici prêts à fonctionner.Il est près de 10 heures et je pars au PC du général rendre compte. Àpeine sorti du trou « bureau », notre DCA 4 se déchaîne, les batteriesde canons antiaériens Bofors de 40 mm situées aux alentours du PCcrachent leurs engins de mort à une cadence affolante. J’entends àprésent, d<strong>ans</strong> le vacarme, le vrombissement des moteurs. Jecherche, d<strong>ans</strong> le halo aveuglant du soleil, à jauger l’importance dece qui arrive. L’aviation allemande savait fort bien se placer soleilarrière pour piquer sur son objectif, afin de n’être repérée que d<strong>ans</strong>les derniers instants. J’aperçois alors une première vague énorme,une quarantaine d’appareils. À ce moment, comme pour un coupde grâce, l’artillerie ennemie redouble ses coups. Je me plaque au solpour me protéger. Je me retourne sur le dos, pour mieux observerles Stukas qui arrivent, et les vois piquer juste d<strong>ans</strong> ma direction. Jedistingue nettement les bombes qui se dégagent des soutes etviennent vers moi d<strong>ans</strong> un sinistre hurlement de sirènes. À peine letemps de me remettre sur le ventre et d’ajuster mon casque sur manuque que les premières explosions se produisent à quelquesdizaines de mètres. Elles se multiplient avec une cadence effrayanteen se rapprochant à une vitesse vertigineuse. Le PC est particulièrementvisé, cela ne fait aucun doute.D<strong>ans</strong> un rayon de guère plus de 100 mètres autour de moi, desgeysers de sable et de cailloux sont projetés en l’air. Le bruit est siassourdissant que mes tymp<strong>ans</strong> me font mal et je suis obligé de meboucher les oreilles. Le soleil a complètement disparu. Il fait presquenuit tant le nuage de poussière et de fumée est épais. Les oreilles meLe général Kœnig et le général Willoughby Norrie (musée de l’ordrede la Libération).font de plus en plus mal, ma gorge est en feu, je respire avec peineet j’ai du mal à avaler ma salive. Les pierres retombent en pluiedense certaines me labourent le dos et les jambes et j’apprécie laprotection de mon casque. Le ciel a l’air de s’éclaircir un peu, maisce n’est que pour un très court instant car la deuxième vague est àpied d’œuvre et l’enfer recommence. La terre tremble sous mon ventre.Je ferme les yeux et attends, tous muscles bandés, l’impact qui mesera peut-être fatal. Les méninges travaillent à 100 à l’heure. Malgréla chaleur, je sens comme un froid d<strong>ans</strong> le dos. Une légère accalmiede quelques secondes et le vacarme reprend plus fort. Cette fois, lecalibre des bombes a augmenté, à en juger par la puissance deséclatements. J’en déduis que les Junkers suivaient les Stukas entroisième vague. Les explosions, autour de moi, redoublent deviolence. Soudain, je me sens soulevé comme une plume et projetéen l’air d<strong>ans</strong> un déluge de terre et de feu. Je me retrouve sur le dos,à plus de deux mètres, abasourdi, d<strong>ans</strong> un état second où on ne saitplus si l’on vit, si l’on rêve ou si l’on est déjà en enfer.Je reprends doucement mes esprits, me palpe et, malgré le sang demes nombreuses égratignures, constate que je suis entier, soulagéd’êtretoujoursenvie.Cet enfer a duré une bonne quinzaine de minutes qui m’ont paruune éternité. Le soleil se dégage lentement, les obus continuent detomber dru. Je me relève et, d’un rapide coup d’œil, me rendscompte qu’il y a beaucoup de dégâts d<strong>ans</strong> la compagnie de QG. Lecamion popote flambe. Un camion des tr<strong>ans</strong>missions a été éjecté deson trou de protection, les quatre roues en l’air, et flambe également.Je vois des soldats courir d<strong>ans</strong> tous les sens. Certains se rassemblentauprès de corps allongés. Des brancardiers accourent déjà pour lessecourir et dégager ceux que leur chance a abandonnés. Je meremets assez vite de mes émotions. L’aspect du terrain estcomplètement tr<strong>ans</strong>formé et il me faut quelques secondes pour merepérer. Un regard rapide du côté de l’abri que je venais de quitter,où se trouvaient mes copains, et je constate avec joie qu’ils ont euxaussi échappé à la mort cette fois encore.Je repars, rasséréné, vers le PC du chef d’état-major tout enexécutant plusieurs plongeons forcés d<strong>ans</strong> les trous de bombes. Àquelques mètres, j’aperçois la carcasse métallique soutenant la tentequi protège l’abri du commandant, toute tordue, pointant vers leciel quelques longerons dénudés. En m’approchant, je vois leparapet de sacs de sable effondré et un immense cratère d<strong>ans</strong>lequel, pêle-mêle, je reconnais ses objets familiers. J’appréhende dele retrouver d<strong>ans</strong> les décombres. Après une rapide inspection, jeconstate qu’il n’est pas là, ou alors volatilisé, car l’impact était justesur le trou. Je fonce au PC du général où j’arrive le souffle court,couvert de poussière.4Défense contre avions (NDLR).Juin <strong>2012</strong> • N° 44 l 67
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SommaireIntroductionLe mot du prés
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HISTOIRETémoigner de Bir HakeimLab
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HISTOIREsuccessifs de Rommel, les b
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HISTOIRENote sur les prisonniers de
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