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juin 2012 - BIR HAKEIM – 70 ans

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ARTICLES DE PRESSEL’enfer de Bir Hakeim, par Edward KennedyEdward Kennedy (1905-1963) est un correspondant de guerre au service de l’agence de presse américaine Associated Press.Il est particulièrement connu pour avoir été le premier à annoncer la capitulation allemande à Reims, d<strong>ans</strong> la nuit du7 au 8 mai 1945. Comme celui d’Émile Bigio, son article a été publié d<strong>ans</strong> sa version française d<strong>ans</strong> le n° 20 de la revueFrance-Orient en décembre 1942, précédé du chapeau introductif suivant :« Quelque part d<strong>ans</strong> le désert libyen, Edward Kennedy, correspondant de guerre de l’Associated Press, a assisté à l’arrivéede la colonne des Français libres, qui pendant seize jours ont héroïquement tenu la place forte de Bir Hakeim, résistantà toutes les attaques d’un ennemi puissamment armé. Edward Kennedy a pu s’entretenir avec un des soldats de laFrance Libre, qui lui a confié ses impressions. »Un caporal de la Légion étrangère de la France Libre m’a fait del’épopée de Bir Hakeim le récit suivant :« D<strong>ans</strong> la matinée du 22 mai, de forts contingents d’infanterieitalienne, appuyés par un certain nombre de tanks, déclenchèrentune puissante attaque contre notre position de Bir Hakeim. Dèsque l’ennemi fut en vue, nous ouvrîmes le feu avec nos soixantequinze,causant de grands ravages d<strong>ans</strong> ses rangs. Un certain nombrede tanks furent mis hors de combat, et les troupes italiennes, voyantqu’elles ne pouvaient pas compter sur un concours efficace deséléments blindés, se retirèrent et installèrent leurs positionsplus loin.Ensuite, ce fut au tour des Allemands d’intervenir. Continuellementune pluie d’obus s’abattait sur nous, pilonnant tous les recoins denotre position. À travers les nuages de poussière et de fuméesoulevés par les explosions continues, nous apercevions lessilhouettes des soldats de l’Axe, qui essayaient de tirer profit dupuissant feu de barrage de leur artillerie pour emporter la placed’assaut. Mais nos soixante-quinze ripostaient fermement et avecefficacité au feu de l’ennemi.Le 2 <strong>juin</strong>, à 4 heures de l’après-midi, deux officiers italienss’approchèrent de nos lignes, en auto. Ils faisaient flotter un drapeaublanc. Ils furent admis à l’intérieur de notre place forte, aprèsqu’on leur eût bandé les yeux. Ils apportaient une demande dereddition de la part de Rommel. Le message disait : « Nousdemandons votre capitulation, sinon vous serez tous exterminés. »Naturellement, notre commandant ne prit pas en considération lademande de l’ennemi. Alors se déclencha contre notre position unesérie infernale d’attaques et de bombardements ininterrompus.Les coups se succédaient à une cadence effrayante, et on aurait ditqu’un ouragan surnaturel se fût soudain abattu sur nos têtes. Nousavions parmi nous le bataillon du Pacifique, formé en majeurepartie de volontaires de Tahiti et de la Nouvelle-Calédonie quiaffrontaient le feu pour la première fois. Ils se comportèrent defaçon magnifique.Ensuite vint une autre demande de reddition. Les Italiens nousfirent dire que nous ne devions nourrir aucun espoir de nous entirer, et que nous étions condamnés à périr si nous ne nous rendionspas. Pendant la nuit, l’ennemi envoya des patrouilles, d<strong>ans</strong> le butd’enlever les mines que nous avions posées autour de notre placeforte. Les détachements ennemis s’approchèrent tellement d<strong>ans</strong>l’obscurité, que nous entendions leur voix. À coups de mitrailleuses,nous couvrîmes toute la surface occupée par ces patrouilles quidurent battre en retraite s<strong>ans</strong> avoir pu mener leur tâche à bien.Le mercredi nous fûmes attaqués par les avions. Plus de soixantedixavions ennemis se ruèrent sur Bir Hakeim, toute la journéedurant, faisant pleuvoir leurs projectiles sur nous. À la tombée dela nuit, de nouvelles escadrilles vinrent nous bombarder. Si l’onpense que Bir Hakeim a une longueur de huit kilomètres et unelargeur de six kilomètres, on se rendra compte du nombre debombes qui vinrent percuter d<strong>ans</strong> une surface aussi petite.Mais la RAF ne demeura pas un seul instant inactive.Constamment elle abattit les ouvrages que l’ennemi avait édifiésautour de la place, gênant sérieusement toutes les tentativesd’attaque ébauchées par l’Axe.Les troupes britanniques firent de sérieux efforts pour venir noussoulager de la pression terrible dont nous étions l’objet. Mais leseffectifs de nos alliés avaient d’autres chats à fouetter à cemoment-là.Pendant les rares instants d’accalmie, lorsque nos pièces netiraient pas continuellement, et que les canons de l’ennemi setaisaient, nous pouvions entendre au loin le grondement del’artillerie britannique. Ces détonations lointaines nous apportaientl’espoir et nous incitaient à résister de toutes nos forces. Mais àaucun moment, nous n’eûmes l’impression que nos camaradesavaient pu s’approcher de nous. Toutefois, nous entretenions uneconfiance aveugle en nos chefs, le général Kœnig et le colonelAmilakvari, un Russe, commandant de la Légion étrangère 1 ,lequel comme tous les légionnaires commença sa carrière militairecomme simple soldat.À aucun moment nous n'avons réellement manqué de nourriture.Mais les attaques toujours plus puissantes, se succédaient à unecadence croissante. Aucune aide n’était en vue. La nuit dernière,nous reçûmes l’ordre de nous tenir prêts. Chacun de nous s’armade son fusil et s’équipa d’une ration de nourriture et d’eau. À21 heures 30 nous chargeâmes nos camions et nous prîmes laformation en colonne.À minuit, nous établîmes un premier contact avec l’ennemi. Nousle rencontrâmes d<strong>ans</strong> une obscurité très dense, coupée par endroitspar les lueurs des mitrailleuses qui tiraient s<strong>ans</strong> arrêt d<strong>ans</strong> la nuit.Nous étions en formation de combat, baïonnette au canon, et nosgrenades à main parées. Sur l’ordre du capitaine Morel, nouschargeâmes. Avant d’avoir pu nous en rendre compte, nous étionsd<strong>ans</strong> une tranchée. Trois Allemands se dressèrent devant nous. J’entuai un, le capitaine mit le second hors de combat, et le troisièmes’enfuit. Pendant que d’autres Allemands accouraient pour nousbarrer le passage, les mitrailleuses, guidées par le bruit du combat,1Le colonel Amilakvari, qui avait été décoré de la croix de la Libération par le général de Gaulle, et du Distinguished Service Order (DSO) après BirHakeim, a été tué à la tête de ses troupes lors des premiers assauts sur El Alamein, au début de l’offensive actuelle.Juin <strong>2012</strong> • N° 44 l 45

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