ARTICLES DE PRESSEPour lui, c’est enfin le combat. D<strong>ans</strong> les sables, aux confins de laLibye, Rommel prépare une dernière poussée. Les Français vontjouer un rôle glorieux d<strong>ans</strong> la bataille. D<strong>ans</strong> le sillage de Kœnig,qui l’a pris avec lui, Bouvier va avoir son baptême du feu au coursd’opérations de harassement souvent périlleuses. Mais il voudraitparticiper de plus près à l’action.– Que sais-tu faire ? lui demande son chef.– Conduire une automobile, répond l’autre fièrement.– Eh bien ! tu vas conduire une automobile.C’est ainsi qu’à Bir Hakeim le caporal Bouvier de la 101 e compagnietrain-auto, pilote un des 80 camions formés en colonne pourravitailler à tout prix la position de Bir Hakeim encerclée et prisesous le feu incessant de l’ennemi. Kœnig réclame désespérémentdes obus de 75. Pendant trois jours, la colonne tourne d<strong>ans</strong> ledésert où il n’y a ni lignes, ni front, mais où les camions netrouvent nulle brèche pour passer entre les postes allemands etitaliens surgis de partout.Au cours de cette bataille fantomatique, Kœnig tient pourtant.Il faut, quoi qu’il en coûte, forcer le siège.Quinze camions foncent à travers les postes allemands d<strong>ans</strong> unnuage de sable, avec une folle audace 4 .Etd<strong>ans</strong>lapoussière,soudain, se dresse une silhouette ; celle de l’aspirant qui est sortià pied de la position assiégée pour venir à leur rencontre. Il va lesguider en marchant devant eux pour leur faire traverser leschamps de mines. Il y a des postes de l’Axe à cent mètres dechaque côté. L’inévitable se produit : le convoi est repéré.En dix minutes, les camions criblés de balles et d’obus s’abattent.Les hommes se sont plaqués d<strong>ans</strong> les moindres creux de terrain,n’espérant plus grand chose. À côté de leur camion. Bouvier etses camarades voient soudain la bâche de leur véhicule bourréde munitions prendre feu. D<strong>ans</strong> quelques instants, toute lacargaison va sauter, provoquant l’explosion des autres camions.Le jeune homme remonte alors à bord sous le feu de l’ennemi,arrache la bâche, éteint l’incendie et prend à pleins bras la caissede fusées qui risque de provoquer la catastrophe.Au même instant, un « Stuka » pique sur le camion et une balleincendiaire provoque l’explosion de la caisse. Bouvier se retrouvegisant sur le sol, le bras arraché net.La situation n’est plus tenable. L’officier décide de foncer à traverstout, pour qu’au moins deux ou trois camions parviennentjusqu’aux assiégés. Bouvier demeure sur le terrain, avec un garrotrapidement fait, qu’il est obligé de maintenir avec les dents etavec, comme viatique, une bouteille de whisky.C’est là que, miraculeusement, une demi-heure plus tard, unepatrouille écossaise d<strong>ans</strong> les lignes ennemies découvre lemoribond. Elle le ramène jusqu’à sa base. Un médecin s’y trouvepar chance. Les soldats écossais, tous s<strong>ans</strong> exception, s’offrent àdonner leur sang au jeune Français.Après deux tr<strong>ans</strong>fusions, on accorde à Bouvier la chance de s’entirer. On le couche d<strong>ans</strong> un camion. L’infirmier prend le volantavec mission de le ramener aux postes anglais. Ils ont pour septjours de vivres. Chaque matin, chaque midi et chaque soir,l’infirmier fait une piqûre de morphine au blessé qui vit d<strong>ans</strong>l’inconscience béate la plus complète, et le chauffeur pique descrises de rage en entendant le blessé, en pleine euphorie,s’esclaffer doucement tandis que les rafales des mitrailleusessaluent leur passage à proximité des postes allemands.*Telle est l'histoire du gosse des rues de Lwow, de ce soldat deBir Hakeim. Je ne l’ai pas enjolivée. Je l’ai racontée avec les motssimples qu’il a employés pour me la dire. Et c’est avec les mêmesmots qu’il faudra la raconter un jour à tous les lycéens de France.4Le 8 <strong>juin</strong> 1942 (NDLR).Un camion chargé de soldats et son trophée, un pavillon nazià croix gammée (Amicale de la 1 re DFL).48 l Juin <strong>2012</strong> • N° 44
MÉMOIRESLa 1 re BFL à Bir Hakeimpar Jacques RoumeguèreCe texte de Jacques Roumeguère (1917-2006), aspirant au 1 er régiment d’artillerie à Bir Hakeim, compagnon de laLibération, est paru en août 2005 d<strong>ans</strong> le n° 113 de l’Objectif, organe trimestriel de la Fédération nationale de l’Artillerie.Jacques Roumeguère(coll. particulière).Le 15 février 1942, après l’arrivée laveille, en pleine tempête de sable,d’un détachement précurseurvenu en reconnaissance, l’étatmajorde la BFL 1 prend possessionà Bir Hakeim d’un périmètredélimité par un champ de minesde 12 km de pourtour ébauché parla 150 e brigade qu’elle vient relever.Les unités de la BFL, arrivées à BirHakeim le 15 et le 18 sous unepluie battante après que leursvéhicules aient patiné d<strong>ans</strong> laboue pendant trois heures, sesont aussitôt déployées sur lepérimètre en question.Sa mission initiale consiste àaménager un camp fortifié devantservir de pôle d’ancrage au barrage de mines en son extrémité sud,où elle tiendra ensuite garnison, pour veiller à son intégrité etprotéger les arrières sud du corps de bataille allié, réparti d<strong>ans</strong> unepoche délimitée par la mer de Gazala à Tobrouk, et le champ demines.Sa seconde mission consistera donc à contenir les assauts des unitésblindées ennemies qui l’isoleront totalement par un siège visantà l’anéantir, ceci pendant les trois à sept jours, au plus, nécessairesàla8 e armée pour neutraliser d<strong>ans</strong> le nord le corps de bataille deRommel.Elle ne devrait donc participer que marginalement à la premièrephase de la bataille qui s’annonce, d<strong>ans</strong> l’attente de la défaite deRommel, dont la retraite sera précédée par la ruée des alliés sur laTripolitaine, seconde phase où la BFL devra la prendre de vitesseet se rendre maîtresse du verrou d’El Agheila.Une défense de la position exclusivement antichar lui est doncprescrite à cet effet par l’état-major de la 8 e armée qui, ayant jugéhautement improbable l’éventualité d’une attaque frontale parune infanterie d’une certaine importance, affirmait qu’elle nesubirait que des assauts de blindés.Il n’est prévu en conséquence aucune protection par réseau densede barbelés et de mines antipersonnel, les ratissages et la concentrationdes tirs de l’artillerie devant suffire, selon l’état-major, pourarrêter les dits assauts de l’infanterie.Dégagé des réglementations pointilleuses et des conceptionsobsolètes par son entrée en dissidence, il définit un dispositifdéfensif spécifique, s<strong>ans</strong> précédent d<strong>ans</strong> les normes de l’arméefrançaise, dont la structure s’appuie sur quatre éléments fondamentauxdont la parfaite coordination sera essentielle durant lescombats :• une protection contre les bombardements terrestres et aérienspar enterrement des postes de tir, des abris du personnel, des PCet du matériel ;• un complexe de mines hermétique susceptible de bloquerl’assaillant pour le maintenir sous les tirs des armes lourdes et del’artillerie ;• les 75 modifiés en antichars de l’infanterie situés à « l’affût » surdeux lignes de défense antichar parallèles le long du champ demines qui ceinture la position, afin de s’opposer aux tentatives depénétration ennemies ;• une artillerie dont les batteries sont capables de tirer «tousazimuts » afin de couvrir l’intégralité du champ de bataille etcompenser la faiblesse d’un effectif de seulement 26 canons dontla portée est limitée à 12 km.Bir Hakeim « Fort Vauban » du désertLe général Kœnig, commandant la BFL étant retenu à l’état-majordu Caire, le général de Larminat, commandant la division françaiselibre, exerce, en attendant son retour et l’arrivée de la seconde brigade,une autorité directe sur la 1 re BFL.Jacques Roumeguère à Bir Hakeim (coll. particulière).1La 1 re brigade française libre (NDLR).Juin <strong>2012</strong> • N° 44 l 49
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