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juin 2012 - BIR HAKEIM – 70 ans

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MÉMOIRESLe témoignage de René Duval sur Bir HakeimEn octobre 2004, le Mémorial de Caen a recueilli le témoignage oral de René Duval, ancien de la 1 re DFLetdela101 e compagnie auto. Au cours de deux entretiens, il a livré l’ensemble de son expérience de guerre en tant que Français Libre,du 1 er juillet 1940 au 30 <strong>juin</strong> 1945. Retour sur l’épisode de la bataille de Bir Hakeim.René Duval est né le 9 <strong>juin</strong> 1920 au Mesnil-Eury. Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, il est employé d<strong>ans</strong> uneboulangerie de Pirou d<strong>ans</strong> la Manche comme pâtissier. Pas encore mobilisable, il poursuit son métier à Coutances jusqu’àl’arrivée des Allemands le 16 <strong>juin</strong> au matin. Sa décision est aussitôt prise après avoir entendu le discours du maréchal Pétain :rejoindre l’Angleterre coûte que coûte.L’embarquement clandestin a lieu le 27 <strong>juin</strong> 1940 sur un bateau de pêche au départ d’Agon-Coutainville en compagnie decinq autres camarades d’évasion. Jersey, Guernesey puis l’Angleterre où les volontaires débarquent d<strong>ans</strong> le port deSouthampton le 29 <strong>juin</strong> 1940. René Duval signe son engagement d<strong>ans</strong> les Forces françaises libres le 1 er juillet 1940. Intégréfin août comme conducteur à la 101 e compagnie auto du lieutenant Dulau, il embarque pour l’Afrique équatoriale française(AEF) avec la 13 e demi-brigade de Légion étrangère. Il participe à l’expédition de Dakar, à la campagne d’Érythrée avec labrigade française d’Orient du général Monclar puis à la campagne de Syrie. Le 28 décembre 1941, avec sa compagnie, il faitmouvement vers la Libye.Stéphane Simonnet : Aprèscette période de «repos»enÉgypte, vous allez être engagéd<strong>ans</strong> la bataille de Libye, ce queles Anglais appellent le WesternDesert 1 . Quel est le rôle de la101 e compagnie auto d<strong>ans</strong>cette bataille sur une lignede front instable ? Commentla 101 e compagnie est-elleemployée ?René Duval : La 101 e compagnieauto était polyvalente tellementelle était sollicitée par leslongues distances de cetteguerre de mouvement. Lespremiers engagements ont eulieu quand on est monté sur leRené Duval (coll. particulière).front pour la Libye à Sollum, enÉgypte. Il y a ensuite eu TrighCapuzzo, Bardia et la passe d’Halfaya. La 101 e compagnie autodevait non seulement tr<strong>ans</strong>porter vers la ligne de front desbataillons qui n’avaient pas les véhicules nécessaires, les déposer,mais aussi opérer leur ravitaillement en essence, en eau, en vivres,en munitions... On était constamment sur la brèche, allant d’unbataillon à l’autre, d’une compagnie à l’autre.StS : Vous vous installez à El Adem au sud de Tobrouk, et vous allezfaire beaucoup de convois de nuit. Est-il facile de s’orienter d<strong>ans</strong> cedésert la nuit en convoi tout feu éteint ?RD : Non ce n’est pas facile du tout. On avait des chefs de convoi,des sous-officiers ou des officiers très formés et qui naviguaient aucompas. Sauf évidemment d<strong>ans</strong> certains cas où les coins étaientbien connus, comme par exemple sur Bir Hakeim. Au bout d’unmoment quand les pistes étaient devenues familières et trèsconnues, on naviguait à vue, même de nuit. Il fallait néanmoinsfaire attention de suivre le commandant du convoi de façon à nepas se perdre. Nous n’avions pas de boussole ou de compaspersonnels, il n’y avait que les chefs, les responsables de convoi quien avaient. On roulait jour et nuit, nous étions extrêmementfatigués, les convois de nuit étaient souvent difficiles. Par contre,quand on bénéficiait d’une nuit éclairée par la lune, cela allait trèsbien. La nuit, les dangers ennemis étaient à peu près nuls.StS : Connaissiez-vous l’ennemi qui vous faisait face et que vousdeviez combattre ? Saviez-vous à cette époque ce qu’étaitl’Afrikakorps ?RD : Oui la légende était faite d’avance parce que nous avionsquand même des renseignements avant d’arriver, nous avionsquand même la radio, quelques journaux, et les renseignementsdonnés par les officiers. On savait que l’Afrikakorps de Rommelétait arrivé en Libye et que c’était des unités d’élite. Mais nousétions heureux parce que nous allions enfin, après notre départ deFrance, après la formation de la France Libre, nous trouver face auxAllemands. Toute la brigade était heureuse de pouvoir reprendre lecombat devant ceux qui avaient envahi la France.En ce qui concerne les Italiens, on ne les craignait pas parce qu’ilsn’étaient pas de grands combattants. Est-ce qu’ils n’étaient pas desgrands combattants parce qu’ils n’avaient pas la foi du régimefasciste ou tout simplement parce qu’ils n’étaient pas de bonssoldats? On avait pu les juger en Érythrée, on n’était donc pas dutout impressionnés par les Italiens. Par contre on savait qu’on allaitavoir du fil à retordre avec l’Afrikakorps, c’est ce qui n’a pas manquéd’arriver d’ailleurs.StS : Allez-vous faire partie de ces patrouilles qu’on appelle des Jockcolumns ?RD : Avant la mise en place des Jock columns 2 , il a d’abord falluinstaller la première brigade française libre à Bir Hakeim. Il a falluemmener toutes les troupes nécessaires sur cette position, leravitaillement, les dépôts de munitions, l’eau, le dépôt d’essence,tout ce qui était indispensable. Sous les ordres du général Kœnig, labrigade s’est enterrée pendant deux ou trois mois. Il y a eu untravail extraordinaire, tout était enterré : l’artillerie, l’hôpital decampagne, les dépôts d’essence, les vivres. Et il y a eu l’activité etles sorties de Jock columns. Effectivement la 101 e y a beaucoupparticipé parce qu’il s’agissait de colonnes armées d’infanterieportée que nous tr<strong>ans</strong>portions : l’infanterie, mais aussi quelques1En français, « désert occidental ». Cette expression désigne le désert à l’ouest du Nil (NDLR).2En français, « colonne Jock », du nom du général britannique « Jock » Campbell.Juin <strong>2012</strong> • N° 44 l 61

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