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Lire le livre - Bibliothèque

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Le blond se <strong>le</strong>va et marcha jusqu’au zinc pour passer la commande. Margaret Le Cozéchangea un regard avec Bosmans, et il eut l’impression que c’était un regardcomplice. Il cherchait une phrase pour rompre <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce.- Alors, vous travail<strong>le</strong>z dans <strong>le</strong> même bureau ?À peine l’eut-il prononcée que cette phrase lui sembla stupide. Et il se promit de neplus faire aucun effort de conversation. Jamais.- Pas dans <strong>le</strong> même bureau, dit Mérovée. Monsieur a un bureau pour lui tout seul.Et il désignait <strong>le</strong> brun à tête de bou<strong>le</strong>dogue qui gardait un visage sévère. De nouveau,<strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce. Margaret Le Coz ne touchait pas à son verre. Et Bosmans non plusn’éprouvait aucune envie de boire de la bière à cette heure-là.- Et vous, qu’est-ce que vous faites dans la vie ?La question lui avait été posée par <strong>le</strong> brun à tête de bou<strong>le</strong>dogue qui lui souriait d’undrô<strong>le</strong> de sourire contrastant avec la dureté du regard.À partir de cet instant-là, <strong>le</strong>urs visages et <strong>le</strong>urs voix se perdent dans la nuit des tempssauf <strong>le</strong> visage de Margaret, <strong>le</strong> disque s’enraye avant de s’interrompre bruta<strong>le</strong>ment.D’ail<strong>le</strong>urs, c’était bientôt l’heure de fermeture du café dont Bosmans ignoreraittoujours pourquoi il s’appelait Le Firmament.Ils marchent jusqu’à la station de métro. C’est ce soir-là que Margaret Le Coz lui ditqu’el<strong>le</strong> aimerait bien changer de travail et quitter définitivement Richelieu Intérim etses collègues de tout à l’heure. El<strong>le</strong> lit chaque jour <strong>le</strong>s petites annonces et, chaquejour, el<strong>le</strong> espère une phrase qui lui ouvrira d’autres horizons. Place de l’Opéra,quelques rares personnes entrent dans la bouche du métro. Ce n’est plus l’heure depointe. Plus de cordons de CRS autour du terre-p<strong>le</strong>in et <strong>le</strong> long du bou<strong>le</strong>vard desCapucines, mais devant l’Opéra deux ou trois hommes se tiennent à côté de <strong>le</strong>ursgrosses voitures de louage, attendant un client qui ne viendra pas.Au moment de descendre l’escalier, Bosmans l’a prise par l’épau<strong>le</strong> comme s’il voulaitla protéger d’une bousculade aussi vio<strong>le</strong>nte que l’autre soir, mais ils suivent descouloirs déserts et ils sont seuls sur <strong>le</strong> quai à attendre la rame. Il se souvient d’un longtrajet en métro au bout duquel il se retrouve dans la chambre de Margaret Le Coz, àAuteuil.Il voulait savoir pour quel<strong>le</strong> raison el<strong>le</strong> avait choisi de louer une chambre dans cequartier lointain.- C’est plus sûr, avait-el<strong>le</strong> dit. Puis el<strong>le</strong> s’était tout de suite corrigée :- C’est plus tranquil<strong>le</strong>…Bosmans avait surpris dans son regard une inquiétude, comme si el<strong>le</strong> courait undanger. Et un soir qu’ils s’étaient donné rendez-vous, après son travail, dans <strong>le</strong> bar deJacques l’Algérien tout près de chez el<strong>le</strong>, il lui avait demandé si el<strong>le</strong> connaissaitd’autres gens à Paris, en dehors de ses collègues de bureau. El<strong>le</strong> avait eu un momentd’hésitation :- Non… Personne… à part toi…

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