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Lire le livre - Bibliothèque

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- À cette heure vous trouverez une pharmacie encore ouverte avenue de Rumine,monsieur.Puis il ouvrit <strong>le</strong> portail et laissa <strong>le</strong> passage à Margaret. Il lui avait pris de nouveau <strong>le</strong>bras. Dans l’ascenseur, il ne lui posait aucune question, comme si rien ne s’étaitpassé et que, de toute manière, cela n’avait pas la moindre importance.Plus tard, el<strong>le</strong> était assise à côté de lui sur <strong>le</strong> canapé. El<strong>le</strong> aurait voulu lui donner desexplications, lui dire que, depuis quelque temps, ce type la poursuivait sans relâche.Mais il était détendu, souriant, on aurait cru qu’il revenait d’une soirée agréab<strong>le</strong> avecdes amis et que l’incident de tout à l’heure n’avait pas eu lieu. À Annecy, au début,el<strong>le</strong> était allée à deux reprises au commissariat pour chercher une protection et peutêtredéposer une plainte. On ne l’avait pas prise au sérieux. La première fois, <strong>le</strong>policier lui avait dit : « Vous êtes si jolie, mademoisel<strong>le</strong>… On comprend que vous ayezdes soupirants », et la seconde fois, on avait été beaucoup moins aimab<strong>le</strong> avec el<strong>le</strong> eton l’avait regardée d’un air soupçonneux. Cela n’intéressait personne.- Je suis désolée, finit-el<strong>le</strong> par bredouil<strong>le</strong>r.- Désolée pourquoi ?Il versait de l’alcool dans deux verres. Il s’approchait d’el<strong>le</strong> et lui murmurait dans <strong>le</strong>creux de l’oreil<strong>le</strong> :- À la russe. »Cette fois-ci, el<strong>le</strong> était décidée à vider <strong>le</strong> verre d’un seul trait. S’il n’avait manifestéaucune curiosité au sujet de la présence de Boyaval devant l’immeub<strong>le</strong>, c’était sansdoute que dans sa vie à lui il y avait des choses plus inquiétantes et que cet épisodelui semblait très banal. Voilà pourquoi il ne s’étonnait de rien et faisait preuve de sangfroid,et même d’insouciance. Il avait bien raison, et el<strong>le</strong> l’aimait pour ça. Il avait éteintla lampe du salon et el<strong>le</strong> sentit sa main qui déboutonnait son chemisier à l’endroit oùl’autre, il y a déjà longtemps, avait appuyé la lame du couteau. Mais maintenant,c’était différent. El<strong>le</strong> pouvait enfin se laisse flotter. Oui, avec lui tout paraissait soudaintrès simp<strong>le</strong>.Vers quatre heures du matin, el<strong>le</strong> quitta un instant la chambre de Bagherian pourranger ses vêtements restés dans <strong>le</strong> désordre sur <strong>le</strong> canapé et la moquette du salon.C’était un réf<strong>le</strong>xe qui lui venait des années de pensionnat, et aussi l’habitude de nejamais se trouver dans une chambre et un lieu qui auraient été vraiment <strong>le</strong>s siens.Toujours de passage et sur <strong>le</strong> qui vive. Chaque fois il fallait que ses vêtements soientbien rangés à côté d’el<strong>le</strong>, pour qu’el<strong>le</strong> parte à la moindre menace.La fenêtre du salon était entrouverte, et el<strong>le</strong> entendait <strong>le</strong> bruit de la pluie. El<strong>le</strong> colla sonfront à la vitre. En bas, Boyaval était toujours là. El<strong>le</strong> <strong>le</strong> voyait bien dans la lumière del’entrée dont <strong>le</strong>s appliques restaient allumées pendant la nuit. Il avait l’air d’unesentinel<strong>le</strong> qui s’obstinait à une garde inuti<strong>le</strong>. Il fumait. Des traces de sang sur <strong>le</strong> basde son visage. Il ne s’abritait même pas de la pluie sous l’auvent de l’entrée. Il setenait très raide, presque au garde-à-vous. Il aspirait de temps en temps une boufféede cigarette. Son manteau trempé lui collait au corps. El<strong>le</strong> se demandait si toute sa viecette silhouette noire lui cacherait l’horizon. El<strong>le</strong> devrait puiser en el<strong>le</strong> des réserves depatience, mais el<strong>le</strong> l’avait toujours fait depuis qu’el<strong>le</strong> était enfant. Pourquoi ? Et jusqu’àquand ?

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