12.07.2015 Views

Lire le livre - Bibliothèque

Lire le livre - Bibliothèque

Lire le livre - Bibliothèque

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

travers <strong>le</strong>s immeub<strong>le</strong>s, des rues qui semblaient à première vue des impasses et quin’étaient pas mentionnées sur <strong>le</strong> plan. En rêve, il savait comment y accéder à partir detel<strong>le</strong> station de métro précise. Mais, au réveil, il n’éprouvait pas <strong>le</strong> besoin de vérifierdans <strong>le</strong> Paris réel. Ou, plutôt, il n’osait pas.Un soir, il attendait Margaret sur <strong>le</strong> trottoir de l’avenue de l’Observatoire, appuyécontre la gril<strong>le</strong> du jardin, et ce moment était détaché des autres, figé dans l’éternité.Pourquoi ce soir-là, avenue de l’Observatoire ? Mais, bientôt, l’image bougeait denouveau, <strong>le</strong> film continuait son cours et tout était simp<strong>le</strong> et logique. C’était <strong>le</strong> premiersoir où el<strong>le</strong> était allée chez <strong>le</strong> professeur Ferne. D’Auteuil, ils avaient pris <strong>le</strong> métrojusqu’à Montparnasse-Bienvenüe. De nouveau, l’heure de pointe. Alors ils avaientpréféré marcher, <strong>le</strong> reste du chemin. El<strong>le</strong> était très en avance sur l’heure du rendezvous.Les saisons se confondaient. Ce devait être encore en hiver, peu de tempsaprès <strong>le</strong> bref passage de Margaret dans <strong>le</strong>s bureaux de la rue Radziwill. Et pourtant,lorsqu’ils furent arrivés au seuil des jardins de l’Observatoire, il semblait à Bosmans,avec quarante ans de distance, que c’était un soir de printemps ou d’été. Lesfeuillages des arbres formaient une voûte au-dessus du trottoir qu’ils suivaient,Margaret et lui. El<strong>le</strong> lui avait dit :- Tu peux m’accompagner.Mais il jugeait que cela ne faisait pas très sérieux. Non, il l’attendrait en face del’immeub<strong>le</strong> où habitait ce professeur Ferne. Il regardait la façade. Quel était l’étage duprofesseur Ferne ? Certainement là où une rangée de portes-fenêtres étaientéclairées. Le dos contre la gril<strong>le</strong> du square, il pensait que peut-être, à partir de ce soirlà,<strong>le</strong>ur vie prendrait un cours nouveau. Tout était paisib<strong>le</strong> et rassurant par ici, <strong>le</strong>sfeuillages des arbres, <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce, la façade de l’immeub<strong>le</strong> où étaient sculptées, audessusde la porte cochère, des têtes de lions. Et ces lions semblaient monter lagarde et considérer Bosmans d’un air rêveur. L’une des portes-fenêtres s’ouvrirait etl’on entendrait quelqu’un jouer du piano.Quand el<strong>le</strong> était sortie de l’immeub<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> lui avait dit que tout était d’accord. El<strong>le</strong> avaitvu la femme du professeur. El<strong>le</strong> ne s’occuperait pas des enfants à temps comp<strong>le</strong>tmais trois jours par semaine. La femme du professeur lui avait expliqué qu’il nes’agissait pas vraiment d’un emploi de gouvernante. Non. Ce serait plutôt comme unejeune fil<strong>le</strong> au pair, à cette différence près qu’el<strong>le</strong> n’était pas obligée de dormir surplace.Ce soir-là, il lui avait proposé de lui montrer sa chambre, au fond du quatorzième, ruede l’Aude. Ils n’avaient pas pris <strong>le</strong> métro. Ils marchaient <strong>le</strong> long d’une avenue bordéed’hospices et de couvents, à proximité de l’Observatoire où Bosmans imaginaitquelques savants, dans <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce et la pénombre, qui observaient au té<strong>le</strong>scope <strong>le</strong>sétoi<strong>le</strong>s. Peut-être ce professeur Ferne se trouvait-il parmi eux. De quoi pouvait-il êtreprofesseur ? Margaret l’ignorait. El<strong>le</strong> avait remarqué une grande bibliothèque dansl’appartement avec une échel<strong>le</strong> de bois clair pour accéder aux derniers rayonnages.Tous <strong>le</strong>s <strong>livre</strong>s étaient reliés et paraissaient très anciens.Le jour où el<strong>le</strong> avait appris qu’el<strong>le</strong> devait se présenter chez <strong>le</strong> professeur Ferne,Bosmans était venu la chercher à son bureau plus tôt que d’habitude. Il fallait qu’el<strong>le</strong>passe à l’agence de placement Stewart, faubourg Saint-honoré, pour qu’on lui donnel’adresse du professeur Ferne et qu’on lui précise <strong>le</strong> jour et l’heure du rendez-vous.Ils avaient été reçus par un homme blond aux petits yeux b<strong>le</strong>us dont Bosmans s’étaitdemandé s’il s’agissait de M. Stewart lui-même. Celui-ci n’avait pas semblé étonné dela présence de Bosmans et <strong>le</strong>s avait invités à s’asseoir tous <strong>le</strong>s deux sur des fauteuilsde cuir, en face de son bureau.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!