S O M M A IR E - Génériques

MIGRANCE 33, premier semestre 2009autres institutions patrimoniales, s’est en effet montréesuffisamment abondante pour alimenter plusieursvolumes du guide et une mise à jour révéleraitl’importance des nouveaux accroissements dans cedomaine, riches de promesses naturellement pour larecherche en histoire contemporaine.Une rapide consultation du guide montre en effetla diversité des fonds recensés, fonds administratifsmais également fonds d’origine privée, qu’ils portentsur des périodes déjà éloignées ou qu’ils soientcontemporains. La France, tout au long de son histoire,a représenté une terre d’accueil et les activitésde ces étrangers qui se sont fixés sur son territoire etqui ont puissamment contribué à façonner son destin,se traduisent par de nombreux témoignages.Qu’il s’agisse des fonds administratifs représentatifsdes missions de contrôle, d’enregistrement et de surveillancedes immigrés, ou des fonds économiquesavec les archives des grandes entreprises publiquesou privées, les informations relatives aux étrangersconservées dans les archives sont innombrables. Àtitre d’exemple, pourraient être évoquées lesarchives de Charbonnages de France qui viennent deregagner les collections publiques avec tout particulièrementles dossiers des mineurs qui évoquent lescolonies étrangères dont les représentants sontvenus chercher du travail dans nos mines. Et quedire des archives des structures associatives,sociales ou religieuses dont l’exploitation permetsouvent de préciser le destin de ces étrangers audelàde la vision administrative livrée par les sourcespubliques ?Les chercheurs pourront sans doute regretter leslacunes et les destructions qui ont affecté ces fonds,et de fait elles sont nombreuses, mais sans doute niplus ni moins que dans les autres domaines del’action administrative ou privée. En dépit toutefoisde ces pertes, les archives publiques relatives auxétrangers constituent un ensemble documentaireextraordinaire dont on mesure l’étendue et lespotentialités pour la recherche. Un autre exempleillustrant l’ampleur de ces sources a été livré lorsqu’àLES ARCHIVES DE L’IMMIGRATION : COLLECTE, USAGES, VALORISATION8la demande de la Cité nationale de l’histoire del’immigration (CNHI), la direction des Archives deFrance a procédé à une évaluation plus précise desdossiers des naturalisations conservés aux Archivesnationales. Les résultats de cette enquête ont livrédes chiffres astronomiques avec les millions depages et les centaines de milliers de dossiers conservésdepuis la période révolutionnaire dans une sériecomplète et ininterrompue. Encore les dossiers denaturalisation ne constituent-ils que l’une des typologies,la plus volumineuse il est vrai, dans l’éventaildes documents relatifs aux étrangers. Et si larichesse des dépôts nationaux est aussi impressionnante,elle ne l’est pas moins dans les services territoriauxd’archives ; les Archives départementalesdes Hautes-Pyrénées conservent, pour des raisonshistoriques évidentes, des archives particulièrementriches dans ce domaine au point qu’elles peuventapparaître comme un conservatoire des archives del’immigration 1 .À côté de la mise en valeur de la mémoire desétrangers dans notre pays par l’évaluation dessources disponibles sur le sujet réalisée par Génériques,une autre raison a milité pour faire du thèmede l’histoire des étrangers l’une des priorités del’action de la direction des Archives de France. C’estévidemment la création de la Cité nationale del’histoire de l’immigration (CNHI) et la naissanced’un partenariat scientifique et archivistique de qualitédéveloppé depuis cette date à l’initiative de celuiqui est devenu son président après avoir animé lamission de préfiguration qui a conduit à l’ouverturede la cité, Jacques Toubon. Certes, Jacques Toubon,dans l’exercice des responsabilités qui avaient étéles siennes à la tête du ministère de la Cultureconnaissait déjà les archives et les ressourcesqu’elles peuvent apporter à la connaissance historique,qu’elles offrent aux chercheurs scientifiquesmais également aux particuliers, aux généalogistes,1. Voir l’article de François Giustiniani, « Étrangers : histoirede dossiers, histoire(s) en dossiers dans les Hautes-Pyrénées »,p. 15.