La mise en expositiondes documents d’archivesà la Cité nationalede l’histoire de l’immigrationUn des aspects de la valorisation desdocuments d’archives est leur miseen exposition. Trois expériencesrécentes menées au sein de la Citénationale de l’histoire de l’immi -gration ont proposé différentes solutionsrépondant aux exigences de chacune desexpositions.Les documents d’archives ne comprennent passeulement les documents papiers qu’il s’agisse demanuscrits ou d’imprimés, mais également les photographies,cartes postales, affiches et gravures, etles enregistrements sonores et audiovisuelles, ainsique les objets témoins de ces parcours de vie appartenantou ayant appartenu à des migrants.Les documents d’archives au sens large duterme sont moins spectaculaires que les œuvresd’art et se prêtent moins facilement à l’exercice dela mise en exposition. Ces instruments, non seulementnécessaires mais indispensables aux proposdu musée national de l’histoire et des cultures del’immigration, présentent plusieurs difficultés dansla mise en exposition. Ils sont de nature souventdisparates. Ils ne s’offrent pas d’emblée au regarddu visiteur et leur présentation ne peut excédertrois mois pour des raisons de conservation.L’un des principaux enjeux des expositions queprésente la Cité est de veiller à leur lisibilité et àleur lecture. En effet, comment restituer dans uneexposition le caractère répétitif ou l’accumulationde documents administratifs ? Comment rendrecompte de leur teneur ? Comment inciter le visiteurà se plonger dans leur lecture ?La présentation ou restitution des documentsd’archives au public dans les expositions – permanenteou temporaires- de la Cité nationale del’histoire de l’immigration interroge avant toutechose la nature même des collections dudit musée.En préambule, il faut donc rappeler les grandsaxes de constitution des collections du musée97
national de la Cité nationale de l’histoire del’immigration, collections qui sont récentespuisque lors de sa création, le musée ne possèdeaucune collection préexistante. Le musée nationalde l’histoire de l’immigration est, en effet, le premiermusée national- et le seul- qui se soit trouvéconfronté au « vertige de la page blanche » 1 , et cesur un sujet complexe et sensible, pour lequel lesavis différaient.Les collections sont aujourd’hui structurées endeux grands pôles :• Pôle Art (art moderne et art contemporain)L’art contemporain constitue en effet un desaxes majeurs des collections du musée. Mais lemusée n’est pas un musée d’art contemporain, et iln’est pas question qu’il puisse le devenir. Aborder lefait migratoire par le biais de l’art contemporain,c’est envisager un autre type de langage. Mais il n’ya pas lieu de penser que l’œuvre d’un artistecontemporain offre une vérité ou un message plusimportant que celui de l’historien, du sociologue oude l’ethnologue. Il s’agit d’un regard particulier etsubjectif sur ce phénomène. 2effet, le destin des objets et des documents – alorssouvenirs de familles- se trouve transformé. « Inscrità l’inventaire du musée, ce regroupementd’objets personnels et familiaux, de nature et provenancediverses, trouve alors une unité, une cohérenceen devenant collection nationale. La transformationdu document ou de l’objet en pièce demusée ne va pas de soi, comme il n’est pas toujoursévident, ni facile de montrer des photographiesfamiliales dans un lieu public. Avec la “vitrinification”,ce qui relevait jusque-là du privé et de l’intimedevient public 3 .»Il est essentiel que ce moded’enrichissement continue, ainsi chaque objet oudocument « confié » à l’institution permet d’inciterle visiteur à la découverte d’un pan entier del’histoire de France, et trop longtemps méconnue.L’exemple du musée national de l’histoire et des culturesde l’immigration doit ainsi montrer l’apportd’une politique nécessaire à l’évolution du discoursmuséal et patrimonial.L’exposition permanente« Repères »MIGRANCE 33, premier semestre 2009• Pôle Parcours et lieux de vieAu moment de la définition du parcours permanent– et de la rédaction du projet scientifique etculturel, le parti pris a été de privilégier l’acqui -sition d’objets et documents personnels témoins deparcours de vie. Définir la politique patrimoniale del’immigration n’est pas facile, et sans doute sansréponse définitive à ce jour. La participation de lasociété civile à la constitution même du patrimoinenational de l’immigration qu’il s’agisse des famillesou des associations n’est pas sans conséquence. En1. Expression utilisée par Marie-Hélène Joly, «La place de laCité nationale dans le paysage muséal français », in « Une collectionen devenir », Hommes et migrations, n° 1267- maijuin2007.2. Se reporter à l’article d’Isabelle Renard « Lorsque l’artcontemporain réinterroge l’histoire », in « Une collection endevenir », ibid.LES ARCHIVES DE L’IMMIGRATION : COLLECTE, USAGES, VALORISATION98L’exposition permanente baptisée « Repères »apour objectif de faire connaître et reconnaîtrel’histoire de l’immigration en France depuis ledébut du XIX e siècle. Sur plus de 1100m 2 ,l’exposition permanente propose un parcours thématiquequi relie l’histoire singulière à l’histoirecollective. Afin de mettre en exposition ce discours,nous avons opté pour des collections pluridisciplinairesqui permettent d’offrir différents regards.Les tables des repèresLe choix d’un parcours thématique pose en effetla question de l’épaisseur chronologique et de sarestitution. Comment en effet rendre compte de3. Fabrice Grognet « Les galeries participatives de la Citénationale de l’histoire de l’immigration », in La Lettre del’OCIM, n°120, novembre- décembre 2008.
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