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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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Les urgences : mise en perspectiveLorsque l’on souhaite appréhen<strong>de</strong>r un phénomène comme celui <strong>de</strong>s« urgences », mises en contexte <strong>et</strong> en perspective historique paraissentindispensable à une pleine compréhension. Le court espace <strong>de</strong> c<strong>et</strong> articlene perm<strong>et</strong> pas une analyse détaillée mais quelques points <strong>de</strong> repèressont envisagés. La problématique <strong>de</strong>s urgences abordée sera, essentiellement,celle <strong>de</strong>s services <strong>de</strong>s urgences <strong>de</strong>s hôpitaux généraux qui estla mieux connue. Les urgences rencontrées en mé<strong>de</strong>cine générale, pournombreuses qu’elles soient, ont fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> peu d’étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> les généralistesles gèrent le plus souvent seuls 1 . Comparativement à ces <strong>de</strong>uxgrands récepteurs <strong>de</strong>s urgences, hôpitaux <strong>psychiatriques</strong> <strong>et</strong> services<strong>de</strong> santé mentale occupent une place numériquement beaucoup moinsimportante <strong>et</strong>, à la différence <strong>de</strong>s hôpitaux généraux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cinsgénéralistes, les urgences qu’ils reçoivent résultent d’une orientationpréalable, implicite ou explicite, vers l’univers spécialisé qu’ils représentent.L’histoire <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> Paris perm<strong>et</strong><strong>de</strong> se faire une rapi<strong>de</strong> idée <strong>de</strong>l’évolution <strong>de</strong> ce type particulier d’interactionentre <strong>de</strong>s patients nécessitant<strong>de</strong>s <strong>interventions</strong> très diversifiées <strong>et</strong> undispositif <strong>de</strong> soins.Dès 1666, un « grand règlement » médicochirurgicalorganise l’accueil <strong>de</strong> ceux –enfants, adultes, détenus, aliénés, blessés,accouchées, “scorbutaires”, victimes <strong>de</strong> lapeste ou <strong>de</strong> la “contagion” - qui, à touteheure, se présentent à la porte <strong>de</strong> l’Hôtel-Dieu 2 . Après 1801, trois mo<strong>de</strong>s d’admissionsdifférents y sont reconnus : se présenter lematin à la consultation gratuite, solliciter uneadmission en urgence en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s heures<strong>de</strong> consultation - impliquant la mise en placed’une liste <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> pour les mé<strong>de</strong>cins – ous’adresser au bureau central <strong>de</strong>s admissionsqui statuera. La notion d’urgence n’apparaîtvéritablement que dans la secon<strong>de</strong> moitiédu 19ème siècle. En 1876, un service <strong>de</strong>nuit est organisé qui d’emblée interviendraPhilippe Hoyois,Sociologue, chercheurService <strong>de</strong> Santé Mentale <strong>de</strong> l’ULB <strong>et</strong>Unité <strong>de</strong> Psychologie Médicale, UCL.près <strong>de</strong> 10 fois quotidiennement. Craintes <strong>de</strong>suffoquer, affections nerveuses, convulsions,névralgies, névroses, suici<strong>de</strong>s font partie <strong>de</strong>stroubles traités. La fin du 19 ème siècle voitla multiplication <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> secours <strong>et</strong>l’apparition <strong>de</strong>s premières ambulances urbaines.Au début du 20 ème siècle, les systèmes<strong>de</strong> gar<strong>de</strong> sont encore organisés <strong>de</strong> façondésinvolte <strong>et</strong> l’expression médicale “il n’y apas d’urgence, il n’y a que <strong>de</strong>s gens pressés”,traduisant bien c<strong>et</strong>te désinvolture, date <strong>de</strong>c<strong>et</strong>te époque 3 . A partir <strong>de</strong>s années 20, <strong>de</strong>s« services portes » s’ouvrent progressivementdans la plupart <strong>de</strong>s hôpitaux pour recevoir,traiter <strong>et</strong> opérer les mala<strong>de</strong>s amenés à touteheure <strong>de</strong> l’après-midi <strong>et</strong> <strong>de</strong> la nuit, sans perturberle fonctionnement <strong>de</strong>s autres services.Le système sera progressivement améliorépour aboutir à l’institution <strong>de</strong> véritables servicesd’urgence au début <strong>de</strong>s années 70 4 . Enfin,pour rendre compte <strong>de</strong>s évolutions récentes,il est intéressant <strong>de</strong> comparer la définition<strong>de</strong> l’urgence donnée en 1971 par Chevallier :« Cas où le mala<strong>de</strong> ou l’acci<strong>de</strong>nté qui se présentehors <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong>sconsultations ou qui arrive sans ren<strong>de</strong>z-vousà une consultation <strong>et</strong> qu’on doit examiner <strong>et</strong>traiter sans délai » 5 , à celle <strong>de</strong> Clément, en1995, qui indique que la mission <strong>de</strong>s servicesd’urgence est « l’accueil <strong>de</strong> tout patient arrivantà l’hôpital pour <strong>de</strong>s soins immédiats <strong>et</strong>dont la prise en charge n’a pas été programmée,qu’il s’agisse d’une situation d’urgencelour<strong>de</strong> ou d’une urgence ressentie » 6 .En Belgique, la première loi relative à l’ai<strong>de</strong>médicale urgente est publiée le 8 juill<strong>et</strong>1964 7 . Le service 900, <strong>de</strong>stiné d’abord àsecourir les acci<strong>de</strong>ntés <strong>et</strong> les blessés sur lavoie publique, débute son activité en juill<strong>et</strong>1965. Les normes minimales pour l’agréationd’un hôpital dans la chaîne 900, établies en1966, ne seront cependant jamais ratifiéespar les autorités. Malgré cela, 196 hôpitauxseront agréés mais, en 1977, seuls60 disposent d’une permanence médicaleorganisée à l’intérieur <strong>de</strong> l’institution. En 1977toujours, le constat est fait que le public fait<strong>de</strong> plus en plus appel aux salles d’urgence,sans recourir au 900. Un directeur d’hôpitalplai<strong>de</strong> pour l’ouverture <strong>de</strong> salles d’urgencedans tout hôpital régional, considérant que« lorsque l’accueil <strong>de</strong>s cas urgents ou <strong>de</strong>s casurgents supposés ne s’effectue pas correctement[dans l’hôpital auquel les patients ontl’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> s’adresser -NDLR], la relation<strong>de</strong> confiance hinterland-hôpital est brisée …Tout hôpital pour maladies aiguës doit assurerpar conséquent un service <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> enpermanence ». C<strong>et</strong>te même année 1977,<strong>de</strong>s normes architecturales <strong>et</strong> fonctionnellessont fixées, déterminant <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> services,organisés en ensembles spécifiquescorrespondant à une hiérarchie <strong>de</strong>s moyenshumains <strong>et</strong> techniques. L’organisation hospitalière<strong>de</strong>s urgences ne cesse ensuite<strong>de</strong> s’améliorer 8 . Les Services Mobilesd’Urgence <strong>et</strong> <strong>de</strong> Réanimation (SMUR) sontfondés en 1998. En mai 2005, on compte,dans les hôpitaux généraux, 140 services <strong>de</strong>soins urgents spécialisés (dont 100 participentà un <strong>de</strong>s 80 SMUR) <strong>et</strong> 24 services <strong>de</strong>premier accueil <strong>de</strong>s urgences 9 .DOSSIERConfluences n°11 septembre 2005 15

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