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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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Les situations <strong>de</strong> <strong>crise</strong> <strong>et</strong> d’urgence <strong>psychiatriques</strong>représentent selon les auteurs <strong>et</strong> leshôpitaux, <strong>de</strong> 10 à 30 % du total <strong>de</strong>s urgences22 . Pour les plus gran<strong>de</strong>s salles d’urgencedu pays, généralement associées aux plusgrands hôpitaux, cela peut représenter entre10 <strong>et</strong> 15 situations <strong>de</strong> <strong>crise</strong> ou d’urgence psychiatriquepar jour 23 . Il n’y a rien d’étonnantalors à ce que, <strong>de</strong>puis longtemps, certains<strong>de</strong> ces hôpitaux – surtout lorsqu’ils ne disposaientpas d’un département <strong>de</strong> psychiatrieimportant – aient mis en place <strong>de</strong>s équipes<strong>psychiatriques</strong> spécialisées, intégrées à lagar<strong>de</strong> générale 24 25 . Il s’agit le plus souventd’initiatives internes spontanées qui onttrouvé ensuite, tant bien que mal, <strong>de</strong>s financements(auto-financement, financementinterne, contrats <strong>de</strong> sécurité, proj<strong>et</strong>s pilotes)assurant leur pérennité.Dans ces unités spécialisées, en général, 20à 30 % <strong>de</strong>s cas sont <strong>de</strong>s décompensations<strong>de</strong> pathologies <strong>psychiatriques</strong> avérées <strong>et</strong> 70à 80 % <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> <strong>crise</strong>, qui concernentessentiellement <strong>de</strong>s problématiques relationnelles(famille, couple, problème <strong>de</strong> l’adolescence…)ou psycho-sociales, certainess’avérant parfois particulièrement complexes.Compte tenu <strong>de</strong>s caractéristiques cliniques<strong>de</strong>s situations rencontrées dans ces services,<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prise en charge spécifiquesont été peu à peu élaborés qui trouvent, pourla plupart, leur référence initiale dans lestravaux sur les thérapies brèves. En fonction<strong>de</strong>s personnes, <strong>de</strong>s situations, <strong>de</strong> la présenceou <strong>de</strong> l’absence d’entourage soutenant… lesstratégies <strong>de</strong> soins varient, allant <strong>de</strong> la miseà jour <strong>de</strong>s mouvements inconscients qui ontconduit à la <strong>crise</strong> – ouvrant une interrogationsusceptible <strong>de</strong> soutenir une démarche thérapeutique– à la création d’un espace <strong>de</strong> négociationdu soin, impliquant patient, entourage<strong>et</strong> professionnels 26 .Ce contexte très particulier <strong>de</strong> la salle d’urgencecomme « lieu <strong>de</strong> transition » impliqueinévitablement – sous peine d’épuisementprofessionnel – la mise en place d’un travailen réseau. Il s’agit, d’une part, d’appréhen<strong>de</strong>rles différentes fac<strong>et</strong>tes d’une situation souventconfuse <strong>et</strong> complexe, que le contexte<strong>de</strong> <strong>crise</strong> rend cependant parfois plus aisé àéluci<strong>de</strong>r <strong>et</strong>, d’autre part, d’organiser, lorsquenécessaire, la poursuite <strong>de</strong>s soins en aval.Cela implique nécessairement l’intégration <strong>de</strong>l’équipe psychiatrique <strong>de</strong> <strong>crise</strong> <strong>et</strong> d’urgenceà un dispositif plus large, à même d’offrir laplupart <strong>de</strong>s ressources nécessaires tant àla résolution <strong>de</strong> la <strong>crise</strong> ou <strong>de</strong> l’urgence qu’àla mise en place d’un suivi thérapeutiqueultérieur. La plupart <strong>de</strong>s auteurs qui se sontpenchés sur les problèmes d’organisation<strong>de</strong>s soins en psychiatrie, reconnaissent queles équipes <strong>de</strong> <strong>crise</strong> <strong>et</strong> d’urgence représententun élément essentiel d’un dispositif <strong>de</strong>soins cohérent. Beaucoup dépend alors <strong>de</strong>la nature <strong>et</strong> <strong>de</strong> la gamme <strong>de</strong> services offertspar le dispositif existant 27 , <strong>de</strong> son étenduegéographique <strong>et</strong> <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong> la populationcouverte. Emergence : Apparition d’une situation problématiquepour laquelle différentes issuessont possibles.Crise : Situation problématique dans laquellela (les) personne(s) impliquée(s) est (sont)dans l’impossibilité d’arrêter un choix parmiceux possibles.Urgence : Situation problématique à laquelleune solution ne peut être apportée que parun tiers extérieur (le plus souvent spécialisémais il peut aussi être profane).1 Hoyois <strong>et</strong> al., réf. bibliographique 232 Chapelin J., Essai sur la mé<strong>de</strong>cine hospitalière avant laRévolution. Paris, 1945.3 Martineaud J.-P., Une histoire <strong>de</strong> l’hôpital Lariboisière;le Versailles <strong>de</strong> la misère. L’Harmattan, 1998. (Coll. Histoire<strong>de</strong> Paris).4 Copel D., réf. bibliographique 95 Chevallier J.-F., réf. bibliographique 66 Clément J., réf. bibliographique 77 C<strong>et</strong>te même loi instaure le service A (service neuropsychiatriqued’observation <strong>et</strong> <strong>de</strong> traitement) d’un hôpitalgénéral fonctionnant dans le cadre <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> médicaleurgente.8 Hoyois Ph., réf. bibliographique 229 Source: Service Public Fédéral Santé : Direction générale<strong>de</strong> l’Organisation <strong>de</strong>s Etablissements <strong>de</strong> Soins.10 D’après l’Enquête <strong>de</strong> Santé <strong>de</strong> 2001, 48 % <strong>de</strong> la populationrapporte avoir déjà eu un contact avec un serviced’urgence <strong>et</strong> 12 % en 2000. Ce phénomène est plus fréquentdans les gran<strong>de</strong>s villes.11 Fineberg <strong>et</strong> Stewart, 1977 ; Murat <strong>et</strong> al, 1980 ; Delvaux,1987.12 Ainsi, en France, en 1999, à côté <strong>de</strong> 12,34 millions<strong>de</strong> visites dans les services <strong>de</strong>s urgences, les mé<strong>de</strong>cinslibéraux ont posé 41 millions d’actes urgents (actes réels<strong>et</strong> non <strong>de</strong>s conseils téléphoniques) dont 15 ont été traitéssans attendre, 13 traités en temps différé, 12 reprogrammés;soit au total, pour les services d’urgences <strong>et</strong>les mé<strong>de</strong>cins libéraux, 53 millions d’actes <strong>de</strong>mandés enurgence dont 80 % ont été réalisés sans programmationINPH : Rapport <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail sur les urgences.Paris , 2002.13 Ces <strong>de</strong>ux motifs figurent en tête <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> recoursaux urgences. Enquête <strong>de</strong> Santé, Belgique, 2001.14 Remise un moment en cause par la création d’honorairessupplémentaires pour les urgences non justifiées.15 Rieffe C. <strong>et</strong> al., Reasons why patients bypass their GPto visit a hospital emergency <strong>de</strong>partment. Accid. Emerg.Nurs., 7 (4), 1999, 217-25 ; Bertolotto F., Congrès <strong>de</strong> laSociété Française <strong>de</strong> Pédiatrie, Tours, 1999.16 Il faut cependant nuancer : à Bruxelles, les plaintes,les maladies ou d’autres motifs représentent, aux dires<strong>de</strong>s personnes interrogées, 61 % <strong>de</strong>s recours aux urgencespour 38 % en Flandre <strong>et</strong> 46 % en Wallonie. Dansles autres cas, il s’agit d’acci<strong>de</strong>nts. Enquête <strong>de</strong> Santé,Belgique, 2001.17 Selon la Classification Internationale <strong>de</strong>s Maladies.18 OMS, 2000.19 Ansseau <strong>et</strong> al., Epidémiologie <strong>de</strong>s troubles <strong>psychiatriques</strong>dans la province <strong>de</strong> Luxembourg. Plate-forme<strong>de</strong> concertation psychiatrique <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Luxembourg,Bertrix, 1999.20 Samitca D., L’influence <strong>de</strong>s facteurs socio-culturels surla <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en soins <strong>psychiatriques</strong>. Arch. Suisses Neurol.,Neurochir. Psychiat., 130 (2), 1982, 159-77.21 Donn<strong>et</strong> J.L., A propos <strong>de</strong> « l’indication d’analyste». L’Evolution Psychiatrique, 59 (3), 1994, 443-53.22 A notre connaissance, c<strong>et</strong>te proportion ne semble pasavoir été sérieusement documentée pour la mé<strong>de</strong>cinegénérale.23 Dans les hôpitaux plus p<strong>et</strong>its, à vocation essentiellementlocale, le nombre quotidien <strong>de</strong> ces urgences seraitaux alentours <strong>de</strong> 3 par jour. Il faut toutefois tenir compte<strong>de</strong> la richesse du dispositif hospitalier dans une région <strong>et</strong><strong>de</strong> l’extension plus ou moins importante <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>mé<strong>de</strong>cine générale.24 L’organisation <strong>de</strong>s services <strong>psychiatriques</strong> <strong>de</strong> <strong>crise</strong> <strong>et</strong>d’urgence commence à être envisagée dès les années65-70 aux Etats-Unis, dans le courant <strong>de</strong>s années 70 enEurope.25 Lorsqu’un grand département <strong>de</strong> psychiatrie existedans l’hôpital général ou lorsqu’un hôpital psychiatriqueest associé à plusieurs hôpitaux généraux, la tendanceest à la création d’un centre <strong>de</strong> <strong>crise</strong> <strong>et</strong> d’urgence extérieurau service <strong>de</strong>s urgences générales.26 Par ailleurs, il est utile <strong>de</strong> s’arrêter sur les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<strong>de</strong> mises en observation. On sait, <strong>de</strong>puis longtemps, quela procédure d’exception en matière <strong>de</strong> mise en observationest la règle <strong>et</strong> que près <strong>de</strong> 80% ont lieu en urgence.Les seules données récentes disponibles concernent larégion flaman<strong>de</strong> : en 2003 : 2.234 mises en observationy ont eu lieu, ce qui représente une augmentation <strong>de</strong> 21% par rapport à 2001. Il n’existe pas <strong>de</strong> données pour laRégion <strong>wallon</strong>ne ni pour Bruxelles, mais une croissance<strong>de</strong>s mises en observation y est aussi constatée par plusieursobservateurs.27 Et <strong>de</strong>s tensions qui peuvent le traverser.DOSSIERConfluences n°11 septembre 200517

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