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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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- Il y a le patient en état d’agitation, voire <strong>de</strong>fureur, <strong>et</strong> dont l’état s’accor<strong>de</strong> mal à l’hôpitalgénéral, qui <strong>de</strong>vrait donc être admis dans unservice réputé plus fermé. Un hôpital psychiatriquepar exemple… La suspicion, pasforcément illégitime, d’être mis en présenced’un cas difficile, voire foireux, dissua<strong>de</strong> trèsgénéralement l’hôpital sollicité <strong>de</strong> donner sonaval à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, tout au moins dans ledélai rapi<strong>de</strong> qui est implicitement souhaité.Si c’est un hôpital psychiatrique qui estsollicité, il est préférable que le psychiatre<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur ait noué <strong>de</strong> longue date <strong>de</strong> bonscontacts personnels avec le psychiatre <strong>de</strong>gar<strong>de</strong> à l’hôpital psychiatrique, faute <strong>de</strong> quoi,ce <strong>de</strong>rnier risque <strong>de</strong> n’avoir qu’une médiocresollicitu<strong>de</strong> vis-à-vis <strong>de</strong> son confrère, à qui, lecas échéant, il ne se fera pas faute <strong>de</strong> rappelerqu’il est aussi « service A »…- Il y a le patient pour qui, tout bien pesé,on estime qu’une mesure <strong>de</strong> mise en observation,c’est-à-dire un placement d’office,s’imposerait. La compréhension <strong>de</strong>s situations<strong>psychiatriques</strong> par les juristes est éminemmentvariable d’un juriste à l’autre, d’unsubstitut à l’autre. Sauf notable exception,c<strong>et</strong>te compréhension est <strong>de</strong> caractère minimaliste.Un juriste peut avoir le sens <strong>de</strong>l’urgence, encore faut-il arriver à le convaincrequ’il s’agit <strong>de</strong> maladie mentale. La situationpeut <strong>de</strong>venir kafkaïenne hors <strong>de</strong>s heuresouvrables ou encore durant les week-ends.Elle l’est encore un peu plus si le mé<strong>de</strong>cindépêché sur les lieux par le Procureur du Roientreprend d’avoir, sur la situation psychiatrique,<strong>de</strong>s états d’âme peu en phase avecceux du psychiatre <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur…- Il y a bien sûr l’arrivée généralementimpromptue, toujours dans le malaise, <strong>de</strong>stoxicomanes <strong>de</strong> toutes natures. Les urgences,même réelles, posées par les toxicomanessont souvent celles qui sont lesplus mal abordées par les urgences, toutpersonnel confondu. Même aussi par lespsychiatres… Il n’est pas exceptionnel quele simple vocable <strong>de</strong> toxicomanie signifie lerefus d’hospitalisation <strong>et</strong>, force est d’adm<strong>et</strong>treque les toxicomanes, eux-mêmes, désorganisés,imprévisibles, voire manipulateurs,contribuent par leur comportement aux rej<strong>et</strong>sdont ils sont finalement victimes.- Il y a les patients à malentendus, c’està-direceux pour qui l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’hôpitalva constituer un malentendu. Un malentenduqui concernera soit le patient, soit sonentourage, soit encore le mé<strong>de</strong>cin-traitantvexé par l’attitu<strong>de</strong> hospitalière. Exemple :l’alcoolique qui n’a pas d’envie personnelle<strong>de</strong> sevrage mais qui est amené par sa familleexcédée. L’entourage ne comprend guèreque la clinique n’accepte pas illico celuiqu’il a eu tant <strong>de</strong> peine à amener jusque là.La famille fait si mal le partage entre la<strong>crise</strong> éthylique aiguë <strong>et</strong> la motivation ausevrage…Améliorer l’offre ensanté mentale ?Tout cela n’est pas propre à Tournai, àMouscron ou à Ath. Les mêmes problèmesse r<strong>et</strong>rouvent sans doute en bien d’autreslieux, avec <strong>de</strong> simples nuances <strong>de</strong> déclinaison.Est-il logique aujourd’hui que trois cliniquesà Tournai, sans même compter l’hôpital psychiatrique,accueillent <strong>de</strong>s urgences <strong>psychiatriques</strong>en agissant chacune pour son proprecompte, avec ses moyens <strong>et</strong> ses lacunespropres, sans la possibilité d’une gar<strong>de</strong> psychiatriqueintégrée ? Une telle gar<strong>de</strong> est sansdoute difficile à m<strong>et</strong>tre sur pied comme il estutopique d’avoir en permanence un psychiatresur place dans chacune <strong>de</strong>s cliniques.Mais est-il logique que, sur le même espacecarré, chacun tire sa p<strong>et</strong>ite couverture à soi,avec si peu d’interconnexion avec ceux d’àcôté parce que précisément ils sont d’à côté ?Est-il logique que les liens <strong>de</strong> l’hospitalier <strong>et</strong><strong>de</strong> l’extra-hospitalier soient si lâches qu’il faut<strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> colloque pour leur rendrevie avant d’être remis en veilleuse jusqu’àl’occasion suivante ? La notion <strong>de</strong> réseau,qui évoque si fortement la maille <strong>et</strong> la trame,a-t-elle un sens autrement qu’à travers unconcept <strong>de</strong> philosophie psychiatrique ?Il est clair que l’hospitalocentrisme existe.Mais certaines structures extra-hospitalières,si promptes à dénoncer c<strong>et</strong> hospitalocentrisme<strong>et</strong> les démesures qu’il suscite,ne doivent-elles pas aussi s’interroger sanscomplaisance sur leur lenteur <strong>et</strong> parfois leurinconséquence ? L’assistance sociale quirefait parfois son unité lézardée dans unedénonciation anecdotique <strong>de</strong>s errementsmédicaux, donne-t-elle toujours la pleinemesure <strong>de</strong> son temps <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> sonefficacité ?Utopie ou absence<strong>de</strong> volonté ?Nous n’arriverons à rien <strong>de</strong> mieux que ce quiest aujourd’hui si nous persistons à resterchacun dans notre coin <strong>et</strong> à fonctionner envase clos, n’ouvrant le vase qu’en cas <strong>de</strong>débor<strong>de</strong>ment aigu… Si nous pensons vraimentque les situations <strong>de</strong> <strong>crise</strong> psychiatriquepeuvent <strong>et</strong> doivent être mieux gérées, il fautchanger les choses. Ces urgences <strong>psychiatriques</strong>un peu bâclées, un peu trop viteconclues en hospitalisation, c<strong>et</strong>te dimensionpolymorphe <strong>de</strong> la <strong>crise</strong> qui nous échappedès l’entrée parce que nous n’avons passimplement le temps <strong>de</strong> l’entr<strong>et</strong>ien, ces renvoisà un aléatoire suivi ambulatoire, c<strong>et</strong>emps « social » <strong>de</strong> la <strong>crise</strong> qui ne sera prisen compte qu’avec une latence souvent bientrop gran<strong>de</strong>, tout cela fait un travail dont nousmesurons bien, profondément, l’insuffisance.Il y a pourtant une faisabilité à l’urgencepsychiatrique si l’hôpital consent à luidonner plus <strong>de</strong> sens <strong>et</strong> si le dialogues’étoffe entre psychiatres <strong>et</strong> urgentistes.Bien sûr, cela a un coût <strong>et</strong> ne sera peutêtrepas toujours facile. Est-ce pour autantpure utopie que <strong>de</strong> concevoir une gar<strong>de</strong>psychiatrique intégrée au départ <strong>de</strong>s compétences<strong>et</strong> <strong>de</strong>s bonnes volontés <strong>de</strong> chacun? 1 Ces chiffres sont extraits <strong>de</strong> la littérature : réf. bibliographiques3, 10, 11, 33DOSSIERConfluences n°11 septembre 200527

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