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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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L’urgence psycho-socialedans le champ hospitalier <strong>et</strong> psychiatriqueCela fait à peine 33 ans que la Belgique, passablement à la traîne,a décidé <strong>de</strong> rattacher les asiles à la Loi sur les Hôpitaux. Jusque là,l’hospitalisation psychiatrique s’effectuait essentiellement dans les asilesd’aliénés <strong>de</strong>venus hôpitaux <strong>psychiatriques</strong>, ainsi que dans quelques cliniques<strong>psychiatriques</strong> privées.Les choses ont bien changé <strong>de</strong>puis. Les urgences <strong>psychiatriques</strong> ontsuivi la montée générale <strong>de</strong>s urgences médicales.Aujourd’hui, près <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong>s urgences <strong>psychiatriques</strong> arrivent dans leshôpitaux généraux, qu’ils soient ou non pourvus d’un service <strong>de</strong> psychiatriespécifique.Concrètement, comment cela se traduit-il sur le terrain ? Pour l’usager ?Le soignant ? Et quelles réflexions peut-on en tirer en terme d’accessibilitésaux soins en santé mentale ?Tentative <strong>de</strong> réponse au départ d’une infrastructure <strong>de</strong> « p<strong>et</strong>ite » tailledans la cité <strong>de</strong>s 5 clochers.Les services d’urgence <strong>de</strong>s hôpitauxsont confrontés quotidiennementaux urgences <strong>psychiatriques</strong><strong>et</strong> ce n’est pas seulement le fait <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s métropoles, qui sont cependant aupremier chef concernées : les villes <strong>de</strong> toutestailles n’y échappent pas ou n’y échappentplus. De ces urgences <strong>psychiatriques</strong>, 30 %environ représentent <strong>de</strong>s décompensations<strong>de</strong> pathologies <strong>psychiatriques</strong> évoluant aulong cours : états maniaques, dépressionsmélancoliques, épiso<strong>de</strong>s délirants aigus chezles psychotiques, acting-out <strong>de</strong> personnalitésbor<strong>de</strong>r-line… Cela, c’est le domaine<strong>de</strong> la psychiatrie en urgence. Les 70 autres%, sont l’expression clinique <strong>de</strong> situations<strong>de</strong> <strong>crise</strong> individuelles liées à <strong>de</strong>s réalitéspsycho-sociales ou <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> <strong>crise</strong> ausein <strong>de</strong>s couples ou au sein <strong>de</strong>s familles 1 .On se trouve ici dans le champ très vaste <strong>de</strong>la psychiatrie sociale ou encore dans ce quecertains appellent la détresse psycho-sociale.Henry DUPONTPsychiatre au CHR <strong>de</strong> TournaiBeaucoup <strong>de</strong> ces situations, en particulier les<strong>crise</strong>s <strong>de</strong> couple ou les <strong>crise</strong>s <strong>de</strong> famille, correspon<strong>de</strong>ntà <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> la communicationà l’intérieur d’un système <strong>et</strong> c’est le systèmequi, à un moment déterminé, ne trouveplus le moyen ou l’énergie pour s’adapter àun conflit <strong>et</strong> « éjecte » en quelque sorte leplus faible, c’est-à-dire celui qui supporte leplus mal la situation <strong>de</strong> <strong>crise</strong> <strong>et</strong> qui ne trouveplus l’ai<strong>de</strong> dans la cellule familiale ou dans lafamille élargie (celle-ci, souvent, n’existe plusqu’en simple faça<strong>de</strong>). Le patient-entrant estalors celui qui est passé à l’acte (tentative<strong>de</strong> suici<strong>de</strong>, acte <strong>de</strong> violence, <strong>crise</strong> éthyliqueaiguë, consommation <strong>de</strong> drogues) parce qu’ilne peut plus croire ou faire confiance auxpossibilités <strong>de</strong> la parole dans le cercle familial.En filigrane, c’est la problématique <strong>de</strong>nombreuses familles fonctionnant en cellulemonoparentale ou sous forme <strong>de</strong> famillerecomposée <strong>et</strong> fragilisée.Il est souvent très malaisé, lorsque l’onabor<strong>de</strong> une urgence psychiatrique, <strong>de</strong> poserun diagnostic nosologique précis. C’est qu’ily a en eff<strong>et</strong> une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> motifs indirectsqui ont précipité la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : on doit mêmesouvent constater que ce n’est pas en soi lapathologie du suj<strong>et</strong>–entrant qui a dépasséun seuil mais plutôt que le seuil <strong>de</strong> tolérance<strong>de</strong> l’entourage, y compris parfois l’entouragemédical, a été franchi face au mal-être dupatient, du couple ou <strong>de</strong> la famille. Il n’estdonc pas inexact <strong>de</strong> dire que, dans un certainnombre <strong>de</strong> cas, la <strong>crise</strong> du patient-entrant esten fait la <strong>crise</strong> du contexte.Solutionner, tout,tout <strong>de</strong> suite ?Les <strong>crise</strong>s psycho-sociales renvoient à unemultitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> facteurs On peut, à ce suj<strong>et</strong>,s’interroger sur le rôle, aujourd’hui moinsdéterminant, du mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> famille. Cen’est pas par pur hasard si quelqu’un, ou uncouple, ou une famille, choisit d’aller auxurgences d’un hôpital plutôt que chez legénéraliste <strong>et</strong>, a fortiori, plutôt que chezle psychothérapeute ou le thérapeute <strong>de</strong>couple.Le développement <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>hospitaliers ouverts 24h/24, prolongeant enquelque sorte les services d’ai<strong>de</strong> médicaleurgente, <strong>et</strong> leur médiatisation spectaculaireont contribué à imposer dans le grand publicl’idée <strong>de</strong> l’hôpital comme lieu susceptibled’une prise en charge immédiate du problème,sans délai d’attente, avec l’appointobligé d’une technicité sans faille. Tout celacorrespond bien à nos schémas <strong>de</strong> pensée,volontiers réducteurs, <strong>et</strong> à l’incapacité <strong>de</strong>notre temps à pouvoir différer la frustration.Dans les gran<strong>de</strong>s villes, l’orientation <strong>de</strong> personnesimmigrées vers <strong>de</strong>s zones systématiquesou vers <strong>de</strong>s quartiers repoussoirs, avecla conséquence <strong>de</strong> véritables gh<strong>et</strong>tos urbains,DOSSIERConfluences n°11 septembre 200525

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