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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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peute, le patient <strong>et</strong> son entourage éventuel.Mais nous ne pouvons ici que regr<strong>et</strong>ter lenombre insuffisant <strong>de</strong> pédopsychiatres pourrépondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, <strong>et</strong> les listes d’attentefort longues auquel tout psychiatre infantojuvénilese trouve confronté. Il est égalementregr<strong>et</strong>table <strong>de</strong> limiter l’accès aux psychothérapeutespar l’absence <strong>de</strong> remboursement <strong>de</strong>ces soins <strong>et</strong> le nombre insuffisant <strong>de</strong> Services<strong>de</strong> Santé mentale.Enfin, la création <strong>de</strong> services <strong>de</strong> consultation<strong>de</strong> <strong>crise</strong>, sans possibilité <strong>de</strong> suivre lepatient dans la continuité du travail amorcéau moment <strong>de</strong> l’urgence, ne fait que déplacerle problème vers une autre liste d’attente<strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong> pas un travail <strong>de</strong> qualité. Cecipose une vraie question <strong>de</strong> politique <strong>de</strong> santémentale <strong>et</strong> un choix entre le financement<strong>de</strong> services <strong>de</strong> qualité pouvant répondredans l’urgence <strong>et</strong> la continuité en renforçantle secteur <strong>de</strong> l’ambulatoire, ou la mise enplace <strong>de</strong> services d’urgence très coûteux <strong>et</strong>peu rentables s’ils ne servent qu’à dépasserune <strong>crise</strong> en attendant la suivante. La santémentale est une question <strong>de</strong> continuité, <strong>de</strong>processus <strong>et</strong> <strong>de</strong> temps. Une réponse dansl’urgence n’a <strong>de</strong> sens que si elle s’inscritdans ce processus. Elle ne peut être unbut en soi.L’urgence pédopsychiatriqueà domicileLe proj<strong>et</strong>-pilote <strong>de</strong> suivi à domicile via l’outreachinga été initialisé par le Ministère fédéral<strong>de</strong> la Santé publique en décembre 2002 afin<strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s soins aux jeunes sur leur lieu<strong>de</strong> vie lorsque ces soins ne peuvent êtreréalisés au sein <strong>de</strong>s structures traditionnelles.Nous sommes ainsi amenés à suivre <strong>de</strong>sfamilles précarisées qui ne consultent qu’enurgence <strong>et</strong> ne poursuivent pas les soins unefois la <strong>crise</strong> passée, jusqu’à la suivante. Nosprincipaux envoyeurs sont <strong>de</strong>s intervenantsdu secteur <strong>de</strong> l’Ai<strong>de</strong> à la jeunesse ou <strong>de</strong>sPMS qui rencontrent <strong>de</strong>s jeunes en souffrancepour lesquels l’indication d’une priseen charge psychothérapeutique ou psychiatriquene débouche pas sur l’instauration d’unsuivi, pour <strong>de</strong> multiples raisons : méfiance<strong>de</strong> la famille à l’encontre <strong>de</strong>s intervenantspsycho-sociaux, familles chaotiques qui seper<strong>de</strong>nt dans le dédale <strong>de</strong>s structures d’ai<strong>de</strong>,parents souffrant eux-mêmes <strong>de</strong> pathologiespsychologiques ou <strong>psychiatriques</strong>. La plupartdu temps, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> émane donc du réseau,qui précise également le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> l’urgence.Une fois <strong>de</strong> plus, ceci pose la question <strong>de</strong>la définition <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te urgence, subjective <strong>et</strong>multiple. Le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> saturation d’une équipeou d’un intervenant, l’inquiétu<strong>de</strong> que susciteune situation, le sentiment d’impuissancesont bien plus souvent à l’œuvre qu’un faitrécent. Interpellés dans l’urgence, ce contexteparticulier participe alors au symptôme,son sens <strong>et</strong> sa fonction en font <strong>de</strong>s éléments<strong>de</strong> compréhension majeurs dans l’abord <strong>de</strong> lasituation clinique. Ici encore, l’urgence n’estpas à négliger, mais elle doit pouvoir êtredécodée pour livrer toute sa richesse.Martine nous a été adressée par le Serviced’ai<strong>de</strong> à la jeunesse suite à la décision <strong>de</strong> sonécole <strong>de</strong> la renvoyer pour problèmes <strong>de</strong> comportement.Une rencontre avec la direction <strong>de</strong>l’école, responsable aussi <strong>de</strong> l’internat, laisseapparaître que Martine ne présente <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>sprovocatrices <strong>et</strong> oppositionnelles qu’ausein <strong>de</strong> l’internat <strong>et</strong> se révèle bonne élève.Or, c’est <strong>de</strong> l’école qu’elle risque d’être renvoyéeau prix <strong>de</strong> son année. Martine aintégré l’internat suite à <strong>de</strong>s conflits parentaux.Lors <strong>de</strong> notre prise en charge, ellepourra progressivement réinstaurer undialogue avec sa mère <strong>et</strong> lui faire part <strong>de</strong> sonbesoin d’affection ; besoin carencé qui s’estexprimé au travers d’enjeux éducatifs. C<strong>et</strong>tedynamique s’était rejouée avec la directrice,les problèmes <strong>de</strong> comportement au sein <strong>de</strong>l’institution d’hébergement glissant vers <strong>de</strong>senjeux éducatifs <strong>et</strong> scolaires. Martine serarenvoyée <strong>de</strong> l’internat mais pourra terminerson année scolaire pendant que nousencadrons son r<strong>et</strong>our à domicile <strong>et</strong> la rapi<strong>de</strong>reprise <strong>de</strong>s conflits familiaux.C<strong>et</strong> exemple montre tout l’intérêt à collaboreravec le réseau pré-existant, car rien n’auraitpu être relancé sans une collaboration avecla direction d’école. Le caractère « urgent »<strong>de</strong> la situation nous a révélé une partie <strong>de</strong> ladynamique familiale en action. Dans le cadre<strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> l’Equipe pédopsychiatriquemobile, l’urgence se révèle souvent commeune <strong>de</strong>s données du symptôme qui méritenotre intérêt lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> la déco<strong>de</strong>r, <strong>et</strong>notre méfiance pour prévenir ses éventuelseff<strong>et</strong>s pervers sur le cadre <strong>de</strong> notre travailultérieur.ConclusionsLa mise en place d’un cadre à l’instaurationd’un travail psychothérapeutique ou à<strong>de</strong>s entr<strong>et</strong>iens <strong>de</strong> soutien est d’autant plusimportant que la rencontre avec le thérapeut<strong>et</strong>ouche à l’intime. L’instauration <strong>de</strong> ce cadrenécessite du temps car il s’inscrit lui-mêmedans le processus <strong>de</strong> la rencontre. Quel quesoit le contexte dans lequel nous travaillons,l’urgence vient, si nous n’y prenons gar<strong>de</strong>,perturber voire empêcher la création <strong>de</strong> cecadre. Hormis dans certaines situationsd’urgences <strong>psychiatriques</strong> véritables <strong>et</strong> plutôtrares, une réponse précipitée comporte lerisque <strong>de</strong> ne pouvoir conduire à un véritabl<strong>et</strong>ravail <strong>de</strong> fond pouvant déboucher sur unchangement durable dans le fonctionnementintrapsychique <strong>et</strong> relationnel du jeune <strong>et</strong> <strong>de</strong>sa famille. Pris dans la passion du moment,l’intervenant ne se rendra compte qu<strong>et</strong>rop tard qu’il n’a participé qu’au tempo <strong>de</strong>l’histoire familiale, valsant d’une <strong>crise</strong> àl’autre. 38 Confluences n°11 septembre 2005

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