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Urgences psychiatriques et interventions de crise - Institut wallon ...

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La valse <strong>de</strong>s urgences : témoignage en trois tempsL’urgence se décline selon le contexte au sein duquel elle se manifeste.Ainsi, les conceptions <strong>de</strong> l’urgence <strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>crise</strong>, leur gestion, leurs inconvénients<strong>et</strong> bénéfices éventuels varient selon que l’on se situe en consultation<strong>de</strong> pédopsychiatrie classique, dans une unité d’hospitalisation<strong>de</strong> post-<strong>crise</strong> pour adolescents, ou dans un service <strong>de</strong> suivis d’enfants <strong>et</strong>adolescents à domicile dans le cadre <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s-pilote d’outreaching.L’urgence en unité d’hospitalisationpour adolescentsDans le cadre d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’hospitalisation,nous proposons rapi<strong>de</strong>ment un premierren<strong>de</strong>z-vous. Dans notre expérience, la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’hospitalisation d’un adolescentest plus souvent liée à une <strong>crise</strong> familiale,sociétale ou institutionnelle qu’à une véritableurgence psychiatrique. Fréquemment, lasituation se dégra<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s semainesvoire <strong>de</strong>s mois <strong>et</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’admissionsurvient lorsque l’entourage ou le jeune sontépuisés. Une rencontre endéans la semaineperm<strong>et</strong> <strong>de</strong> redonner espoir en une nouvellesolution <strong>et</strong> le réseau r<strong>et</strong>rouve l’énergienécessaire pour tenir jusqu’au moment <strong>de</strong>l’admission. Ce temps est extrêmement précieuxcar il nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en placele cadre hospitalier en collaboration avec lejeune, sa famille <strong>et</strong> d’éventuels autres intervenants.Lorsque nous sommes pris par lecaractère urgent d’une situation <strong>et</strong> que nousne prenons pas le temps <strong>de</strong> préparer la futurehospitalisation, il se peut que nous nousr<strong>et</strong>rouvions en difficulté durant le séjour.Angélique nous a été adressée en urgencepar son mé<strong>de</strong>cin traitant suite à d’importantsconflits avec sa mère. Toutes <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>mandaient une admission pour trouverun espace au sein duquel elles pourraienttravailler à l’amélioration <strong>de</strong> leurs relationsSophie MaesPédopsychiatreHôpital le Domaine à Braine l’Alleudpassionnelles. Rapi<strong>de</strong>ment, nous les avionsrencontrées en entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong> pré-admission.A l’évocation du père d’Angélique, toutes<strong>de</strong>ux nous l’avaient présenté comme étantabsent <strong>de</strong>puis plusieurs années <strong>et</strong> s’étaientopposées à ce que nous le rencontrions,le reléguant à un rôle <strong>de</strong> figurant dans leurhistoire familiale. Ce n’est qu’au cours <strong>de</strong> laréunion d’équipe que la nécessité <strong>de</strong> rencontrerle papa fut rappelé comme faisant partie<strong>de</strong> notre cadre <strong>de</strong> travail. Nous l’avons doncrencontré <strong>et</strong> <strong>de</strong> fait, alors qu’il avait été décritcomme n’étant pas mobilisable, il se montraimmédiatement disponible en nous disanttoute sa satisfaction d’être contacté pourla première fois par une équipe soignante.Sa collaboration se révéla même très fructueuse,perm<strong>et</strong>tant à la patiente d’échapperà une nouvelle situation <strong>de</strong> conflit <strong>de</strong> loyautéentre ses parents, à l’origine <strong>de</strong> l’échec <strong>de</strong><strong>de</strong>ux séjours hospitaliers précé<strong>de</strong>nts. Si nousavions tenté trop précipitamment <strong>de</strong> répondreaux attentes <strong>de</strong> la famille <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur mé<strong>de</strong>cinface à une situation effectivement explosiveà la maison, nous nous serions mis en échecsans le savoir.L’urgence d’une admission peut contribuerau caractère délétère d’une hospitalisationlorsque celle-ci se prolonge dans le temps.Par exemple, le jeune se révèle opposé àl’hospitalisation une fois dans l’unité, le proj<strong>et</strong>hospitalier s’avère irréaliste <strong>et</strong> le séjour perd<strong>de</strong> son sens, ou il apparaît que le réseau oula famille s’autorise à désinvestir le jeuneune fois celui-ci admis. Ce <strong>de</strong>rnier point estle plus problématique. En eff<strong>et</strong>, lorsqu’unjeune se r<strong>et</strong>rouve en situation d’hébergementà l’hôpital, le risque principal est notre participationbien involontaire à la création d’unesituation <strong>de</strong> désappartenance. C’est un <strong>de</strong>sdangers <strong>de</strong>s hospitalisations effectuées dansl’urgence, <strong>et</strong> qui se prolongent, sans que lesintervenants aient pris le temps <strong>de</strong> poser uncadre qui garantisse le sens du futur travailpsychothérapeutique.Ceci plai<strong>de</strong> en faveur d’une spécialisation<strong>de</strong>s services hospitaliers entre <strong>de</strong>s services<strong>de</strong> <strong>crise</strong> qui gèrent la situation surune courte durée, ce qui limite les risquesd’une perversion du cadre, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s servicesqui peuvent s’engager dans <strong>de</strong>s prises encharge plus longues si nécessaires, mais oùle travail effectué en pré-admission s’assured’un cadre pré-établi qui fixe les conditionsdu séjour avec le jeune, sa famille <strong>et</strong> sonréseau.L’urgence en consultation <strong>de</strong>pédopsychiatrieEn ambulatoire, l’attente d’une résolutionmagique du problème est moindre que dansle milieu hospitalier, bien que les attentesface au psychiatre restent importantes.La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong> est particulièrement fluctuante<strong>et</strong> fugace chez un enfant <strong>et</strong> un adolescent.L’urgence favorise souvent l’accès àune part du problème avant que les défensesne se rem<strong>et</strong>tent en place une fois le chaos <strong>et</strong>la surprise <strong>de</strong> la <strong>crise</strong> passés. Il est souventprofitable <strong>de</strong> rencontrer rapi<strong>de</strong>ment le jeune<strong>et</strong> sa famille tout en se donnant le temps <strong>de</strong>poser le cadre en fonction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong><strong>de</strong> la dynamique en action. C’est ainsi qu’uneproposition <strong>de</strong> travail dans la durée peut êtreproposée à l’issue <strong>de</strong> plusieurs séances <strong>et</strong>faire l’obj<strong>et</strong> d’un contrat tacite entre le théra-DOSSIERConfluences n°11 septembre 2005 37

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