à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la police, d’un mé<strong>de</strong>cin, d’unproche, d’un voisin, quasiment jamais d’unhôpital général), soit d’un ren<strong>de</strong>z-vous urgentpour un patient déjà suivi, qui présente unétat aigu d’anxiété. Il va <strong>de</strong> soi que pour <strong>de</strong>surgences sérieuses, la nuit ou le week-end,avec problèmes somatiques, <strong>de</strong> violence, <strong>de</strong><strong>crise</strong> d’alcool ou <strong>de</strong> bouffée délirante, l’hôpitalpublic <strong>de</strong> Namur reste le lieu privilégié dutraitement <strong>de</strong> l’urgence.Dans un SSM tel que celui <strong>de</strong> Gembloux, lesactivités cliniques se répartissent en quatrecatégories, dans <strong>de</strong>s proportions variables :- les thérapies « classiques », au long cours,avec <strong>de</strong>s personnes insérées socialement<strong>et</strong> professionnellement, présentant unestructure névrotique, avec une symptomatologieanxieuse, dépressive ou psychosomatique.Ce sont <strong>de</strong>s personnes motivées,régulières, qui payent, progressent dans uncheminement personnel qu’elles ont choisi.Patient idéal pour le psy ?- les suivis au long cours <strong>de</strong> patients dits« <strong>psychiatriques</strong> », qu’ils soient inséréssocio-profesionnellement ou non.- les <strong>interventions</strong> <strong>de</strong> soutien, <strong>de</strong> courtedurée (trois ou quatre entr<strong>et</strong>iens) avec <strong>de</strong>spersonnes, <strong>de</strong>s couples ou <strong>de</strong>s familles,visant à dénouer <strong>de</strong>s <strong>crise</strong>s, à dédramatiserun vécu lié à un événement, à leurperm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> comprendre ce qui leur arrivedans un contexte où ils se sentent dépassés,sans pathologie avérée.- <strong>de</strong>s premiers entr<strong>et</strong>iens, d’avis, d’orientation,en urgence ou non, qui ne débouchentpas sur une prise en charge. Le serviceétant situé en face <strong>de</strong> l’athénée, il arriveque <strong>de</strong>s adolescents s’adressent à noussans ren<strong>de</strong>z-vous ; comme par exemple,une jeune fille pour une question urgente<strong>de</strong> contraception, étant donné l’absence <strong>de</strong>planning familial à Gembloux.On voit que selon le type <strong>de</strong> problématique,un SSM se situe, soit en première, soit en<strong>de</strong>uxième, soit en troisième ligne. Notre <strong>interventions</strong>e situe le plus souvent en amont<strong>de</strong> l’hôpital. Le fait d’avoir pu dénouer une<strong>crise</strong> majeure, par exemple, pour un coupleou un adolescent en rupture, va alors éviterune dégradation <strong>de</strong> la situation <strong>et</strong> prévenirune éventuelle hospitalisation en urgence.Au cours d’un suivi, il nous arrive d’organisernous-même une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’admissionurgente en service psychiatrique d’un hôpitalgénéral ou d’un hôpital psychiatrique.Il est parfois difficile <strong>de</strong> trouver une placerapi<strong>de</strong>ment. Le SSM se situe aussi en avaldu service d’urgence <strong>de</strong> l’hôpital. Dans lessituations « post-urgences », le SSM peutêtre un relais rapi<strong>de</strong> à la sortie <strong>de</strong> l’hôpital, àcondition qu’il y ait une bonne collaborationentre le service d’urgence <strong>et</strong> le SSM. Unebonne collaboration suppose que ce relaissoit effectif, basé sur une convention, mêmeinformelle, parce qu’il ne suffit pas que lemé<strong>de</strong>cin dise au patient ou à la famille quiquitte le service d’urgence : « je vous donneune adresse, prenez ren<strong>de</strong>z-vous quand vousvoulez ». Encore trop souvent, il n’y a pas <strong>de</strong>relais après la sortie du service. Pourquoi ?En raison, parfois d’une réponse inappropriée,lorsqu’un SSM ne prend en compte quela dimension psychique, là où le problème àla base <strong>de</strong> l’urgence est à la fois psychologique,social, familial <strong>et</strong> donc, nécessiterait uneapproche intégrée <strong>et</strong> contextuelle ; en raison,aussi, du fonctionnement hospitalo-centrédu service d’urgence, selon une approcheexclusivement somatique ou biomédicale.Deux remarques concernant les obstacles àune « bonne » collaboration. La première estpratique. Il est, en eff<strong>et</strong>, difficile pour le mé<strong>de</strong>cinou l’infirmière qui a reçu un patient la nuitou le week-end, <strong>de</strong> téléphoner lui-même auSSM, le len<strong>de</strong>main ; d’autant que s’il arrivaità le faire, il tomberait sur la secrétaire qui lui<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait <strong>de</strong> rappeler une autre fois, parceque le psychologue mi-temps n’est pas là cejour là, ou parce que l’assistant social est enentr<strong>et</strong>ien, … ! L’autre remarque, d’ordre clinique,est qu’il y a une série <strong>de</strong> problématiquesqui s’inscrivent dans ce que les cliniciensappellent le registre <strong>de</strong> l’agir, <strong>de</strong> la rupture, <strong>de</strong>l’impensé. Une fois la <strong>crise</strong> passée, reprendreun ren<strong>de</strong>z-vous, ailleurs <strong>de</strong> surcroît, n’a plus<strong>de</strong> sens. Au SSM <strong>de</strong> Gembloux, il nous arrive<strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous en urgence,<strong>et</strong> la personne ne vient pas, sans annulerson ren<strong>de</strong>z-vous. Quelle que soit la bonnevolonté <strong>de</strong>s professionnels, il y a <strong>de</strong>s situationsqui échappent à toute technicité.Il convient néanmoins <strong>de</strong> développer davantage<strong>de</strong>s partenariats <strong>de</strong> collaborations entrele service d’urgence, les équipes ambulatoires,les services sociaux, les lieux d’accueil<strong>et</strong> <strong>de</strong> vie pour personnes en rupture<strong>de</strong> liens sociaux. L’organisation d’un relaisperm<strong>et</strong> d’assurer la continuité <strong>de</strong>s soinsentre l’hôpital, l’ambulatoire, la famille <strong>et</strong>l’ai<strong>de</strong> sociale dans les situations où c’estnécessaire, utile <strong>et</strong> possible. Elle perm<strong>et</strong>aussi d’éviter la concurrence inutile entre<strong>de</strong>ux réseaux sur le même territoire, chacunavec sa « clientèle ». Une bonne collaborationen réseau local perm<strong>et</strong> à la fois d’éviter leshopping thérapeutique lié à une sur-offre <strong>de</strong>soins, <strong>et</strong> d’éviter qu’une personne présentantune problématique complexe ne trouve pasl’ai<strong>de</strong> adéquate. La polyvalence <strong>de</strong>s SSMest à la fois un avantage <strong>et</strong> un inconvénient.On est ouvert à tout, mais on ne sait pas êtrespécialisé en tout. Pour pouvoir répondre auxdifférentes sortes <strong>de</strong> situations, il faudrait êtresuper équipé, ce qui n’est pas le cas dans lesSSM en Région Wallonne. 1 Le SSM <strong>de</strong> Gembloux est une antenne <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>Tamines, au sein <strong>de</strong> l’<strong>Institut</strong> Provincial d’Orientation <strong>et</strong> <strong>de</strong>Guidance, qui est le Pouvoir Organisateur <strong>de</strong>s six centresPMS <strong>et</strong> <strong>de</strong>s six SSM <strong>de</strong> la Province <strong>de</strong> Namur. Il s’agitd’une p<strong>et</strong>ite équipe, composée <strong>de</strong> 5 personnes.2 En Flandre, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> type généraliste arriventaux « CAW », Centrum algemeen welzijn (centre <strong>de</strong> bienêtregénéral), tandis que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s adressées auxCGGZ (les SSM) sont spécifiquement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>soins psychiques. En outre, certains SSM en Flandre ontpour PO un hôpital <strong>et</strong> sont, <strong>de</strong> facto, un prolongement <strong>de</strong>celui-ci.42 Confluences n°11 septembre 2005
Crises, situations d’urgence <strong>et</strong> services d’urgenceQuelques pistes <strong>de</strong> réflexionsJacques MoriauSociologueChercheur au Centre <strong>de</strong> sociologie <strong>de</strong> lasanté <strong>de</strong> l’Université Libre <strong>de</strong> Bruxelles 1Dans notre système <strong>de</strong> soins,la notion d’urgence a ceci <strong>de</strong>problématique qu’elle recouvre<strong>de</strong>ux exigences opposées. Ellesuggère d’une part la capacité <strong>de</strong> répondreà toute <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins à n’importequel moment <strong>et</strong> en faveur <strong>de</strong> n’importe qui.D’autre part, elle évoque une possibilité d’interventionrapi<strong>de</strong> <strong>et</strong> spécialisée en cas d’affectionsgraves. C<strong>et</strong>te ambivalence trouve sonorigine dans l’histoire <strong>de</strong>s hôpitaux, d’abordlieux <strong>de</strong> refuge pour les indigents puis,progressivement, lieux <strong>de</strong> développement<strong>de</strong>s sciences <strong>et</strong> <strong>de</strong>s techniques médicales.Les services d’urgence hospitaliers, dansleur structure, leur organisation comme dansl’esprit qui les anime sont encore aujourd’huiles héritiers <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux traditions.Les professionnels qui y travaillent sont enpermanence confrontés à c<strong>et</strong>te tension entreune logique d’accueil indifférencié <strong>et</strong> unelogique <strong>de</strong> sélection qui perm<strong>et</strong>te <strong>de</strong> réserveraux cas les plus sérieux les moyens les plusperformants 2 . Se côtoient, au sein <strong>de</strong> cesservices, les situations médicalement les plusdésespérées <strong>et</strong> une foule <strong>de</strong> patients pourqui les urgences constituent la porte d’accès« naturelle » aux soins, faute <strong>de</strong> pouvoir solliciteraisément la mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> ville.De récentes décisions <strong>de</strong>s pouvoirs publicsvisent à réduire l’usage <strong>de</strong>s urgences 3 à unemé<strong>de</strong>cine « d’intervention rapi<strong>de</strong> ». Baséessur <strong>de</strong>s critères médicaux <strong>de</strong> danger, <strong>de</strong>nécessité <strong>et</strong> d’irréversibilité, ces mesures tentent<strong>de</strong> décourager les usagers considéréscomme « abusifs » <strong>de</strong> recourir aux servicesd’urgence. Elles ne vont pas sans poserquestions, tant en termes d’accessibilité auxsoins que par rapport à la construction <strong>et</strong> àl’application <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> sélection au sein<strong>de</strong>s services.En eff<strong>et</strong>, comme l’ont montré <strong>de</strong> récentes étu<strong>de</strong>ssociologiques, renforcer une logique d<strong>et</strong>ri sans l’accompagner d’une définition stricte<strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> sélection <strong>et</strong> <strong>de</strong> hiérarchisation<strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong>s situations revient à reportertoute la responsabilité <strong>de</strong> la décision <strong>de</strong>prise en charge sur le personnel hospitalier 4 .Ce <strong>de</strong>rnier se voit alors systématiquementmis en <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> juger s’il s’agit d’une« vraie » ou d’une « fausse » urgence, <strong>de</strong>distinguer urgences médicales <strong>et</strong> urgencessociales. Outre que l’on m<strong>et</strong>te entre parenthèsestoute une conception <strong>de</strong> l’urgencedéveloppée autour <strong>de</strong> l’idée <strong>de</strong> disponibilité,on place ainsi les professionnels <strong>de</strong> la santédans une délicate position <strong>de</strong> juge.En pratique, il apparaît que certains critèresmobilisés par ceux-ci ressortent parfois plusdu jugement moral (compliance 5 ou attitu<strong>de</strong>« revendicatrice », honnêt<strong>et</strong>é ou dissimulationdans le chef du patient) que <strong>de</strong> l’évaluation clinique6. Le refus <strong>de</strong> prise en charge, l’attenteou la réorientation peuvent ainsi sanctionnerune <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins qui ne correspond pasà une conception stricte <strong>de</strong> l’urgence.Le problème <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> l’urgenceest encore plus perceptible quand il s’agit<strong>de</strong> considérer les recours pour <strong>de</strong>s troublesd’ordre « psychique ». En eff<strong>et</strong>, il s’avère alorstrès ardu d’utiliser <strong>de</strong>s critères raisonnés<strong>de</strong> sélection entre « vraies » <strong>et</strong> « fausses »urgences. Hormis certains cas <strong>de</strong> décompensationssévères, menant par exemple à <strong>de</strong>stentatives <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>, le critère <strong>de</strong> danger ou<strong>de</strong> mise en danger est <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> secours.La plupart <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s entrant dans lacatégorie <strong>de</strong> la santé mentale concernenten fait <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> « mal être », peulisibles en termes strictement médicaux <strong>et</strong>peu hiérarchisables en termes d’importance àleur consacrer. Le tri est d’autant plus difficileque, à l’inverse <strong>de</strong>s savoirs médicaux propresau corps, les savoirs liés au « mental » nefont preuve ni <strong>de</strong> stabilité, ni d’autorité. Lesquestions posées par la santé mentale sont<strong>de</strong>s questions qui restent irrémédiablementouvertes tant en ce qui concerne ce quiFan<strong>et</strong>te BruelDOSSIERConfluences n°11 septembre 2005 43
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